Presque un an jour pour jour après un succès à l'open d'Espagne qui l'avait propulsé dans les hautes sphères du golf mondial, Matthieu Pavon est de retour à Madrid pour défendre son titre, et viser encore plus haut.

Pour la première fois, Matthieu Pavon va défendre un titre sur le circuit européen. © Ross Kinnaird / Getty Images - AFP

Deux semaines après la conclusion réussie d'une première saison américaine, Matthieu Pavon a retrouvé ses habitudes de joueur du circuit européen. Ces derniers jours, il a participé au BMW PGA Championship, flagship event du DP World Tour, avec à la clé une discrète 40e place dont il dresse un rapide bilan : « Ce n'était pas la meilleure semaine de jeu de ma vie, mais c'est toujours un cut passé, avec quatre tours où je n'ai pas fait au-dessus du par, donc ça reste convenable dans l'ensemble », nous indiquait-il ce lundi par téléphone.

Après huit mois passés à évoluer principalement de l'autre côté de l'Atlantique, et deux premières semaines de septembre propices à un rapide passage dans sa Gironde d'origine pour un peu de repos et d'entraînement, une petite phase de réadaptation s'avère nécessaire à l'heure de retrouver les parcours du Vieux continent : « C'est sûr qu'en Europe, les parcours sont préparés différemment : ils sont moins fermes, les greens sont moins rapides, et il y a aussi moins de rough autour des greens », analyse-t-il.

Bonne nouvelle pour ses fans européens : ces prochains mois, le 26e joueur mondial va consacrer son temps à son circuit d'origine, avec des apparitions prévues cette semaine à l'acciona Open de España, les deux prochaines au Alfred Dunhill Links Championship et au FedEx Open de France, et début novembre aux deux tournois finaux du DP World Tour à Abou Dhabi et Dubaï, sous réserve de qualification (actuellement 43e de la Race to Dubai, il doit rester dans le top 70 pour intégrer le champ du premier, et dans le top 50 pour jouer le second). « Il n'y a pas d'objectif particulier sur cette fin de saison, si ce n'est, comme chaque semaine, de gagner le tournoi que je joue », assure-t-il.

Première défense de titre

Pourtant, le rendez-vous de la semaine dans la capitale espagnole présente une saveur différente, car nouvelle, pour le Bordelais. C'est là, sur le parcours du Club de Campo Villa de Madrid, qu'il avait remporté l'an dernier son premier trophée sur le Tour européen. C'est donc là que, pour la première fois, il va tenter de défendre un titre : « Je vais gérer tout simplement ce tournoi de la même façon que je gère les autres. Je ne vois pas vraiment de différence dans le fait d'être tenant du titre », relativise-t-il.

Sur un tracé où il avait envoyé -19 en quatre tours il y a deux ans lorsqu'il avait terminé deuxième derrière Jon Rahm, et -23 l'an dernier, ce petit-fils d'Espagnol (son grand-père paternel, Ignacio « Pépito » Pavón, est né à Madrid en 1941) se sent en tout cas comme un poisson dans l'eau : « Il est assez intéressant à jouer car il ne ressemble pas vraiment aux tracés typiques du circuit européen : il est un peu plus étroit, plus court, et il faut travailler la balle dans les deux sens car il y a des trous qui tournent des deux côtés. On ne tape pas forcément le driver sur tous les trous, les greens sont petits et fermes, donc c'est un tracé assez fun à jouer. »

Une année « rondement menée »

En revenant là où, par sa victoire, il avait donné le coup d'envoi d'une folle année l'ayant mené du ventre mou du circuit européen à l'élite du PGA Tour, et des breaks forcés les semaines de Majeur à des performances de premier plan au Masters (12e) et à l'U.S. Open (5e), le joueur de 31 ans ne s'émerveille pourtant pas outre mesure en regardant le chemin accompli : « Cette année montre juste qu'en travaillant sérieusement, il y a des choses qui peuvent se débloquer. Je n'avais pas gagné de tournoi en presque sept ans sur le Tour européen, et ce qui a changé depuis un an surtout, c'est que quand je me suis retrouvé en position de gagner, j'ai terminé le travail. Je l'ai fait deux fois en peu de temps, mais je ne pense pas non plus être un joueur très différent que celui que j'étais l'an dernier », estime-t-il.

La mesure qui caractérise Matthieu Pavon ne l'empêche pas, toutefois, de peindre un tableau idyllique de sa première campagne sur le circuit le plus relevé du monde, qui l'a vu finir au 17e rang de la FedEx Cup et sécuriser sa place dans les quatre Majeurs et tous les Signature Events en 2025. « Le bilan est excellent : j'ai réussi à aller jusqu'à la finale de la FedEx Cup, ce qui n'était pas un objectif en début d'année puisque je voulais juste garder mon statut sur ce circuit pour pouvoir jouer l'année d'après. Mais voilà, j'ai réussi à gagner mon premier tournoi là-bas et à faire la saison jusqu'au bout, donc c'était une année rondement menée. »

La Ryder Cup dans le viseur

À l'heure où démarre l'an II, le joueur formé au Golf du Médoc jette un dernier regard en arrière sur ces douze mois qui, au-delà des performances et des changements de statut, l'ont aussi conduit à opérer un changement de vie radical pour aller s'installer en famille aux États-Unis. « Le résultat, c'est bien, mais le plus important c'est le chemin. Toutes les petites choses qui ont été mises bout à bout pour obtenir ces résultats, c'est un apprentissage qui a été hyper important, et très gratifiant quand on y repense », ajoute-t-il. « Aujourd'hui, je ne me fixe pas de limite en termes de temps : j'ai vraiment envie de faire le plus d'années possibles aux USA, et au mieux de terminer ma carrière là-bas. »

En attendant, de nouveaux défis seront relevés par cet insatiable compétiteur, à commencer par celui d'une première participation à la Ryder Cup. « C'est clairement une épreuve qui me fait rêver, et j'ai vraiment envie de faire partie de cette équipe européenne, mais chaque chose en son temps », tempère-t-il. « Je n'y pense pas encore pour l'instant. Ce sera un objectif de l'année prochaine, et pour moi l'année commence en janvier, donc je vais me préparer pour être prêt à la rentrée 2025. De toute façon, il faudra très bien jouer les deux ou trois mois qui précèdent cette compétition, donc ce qui viendra avant servira de préparation pour cet objectif. » Une Ryder Cup : quelle meilleure façon de clore, dans douze mois exactement, le chapitre de cet an II qui s'ouvre cette semaine, avant d'en ouvrir un nouveau encore plus riche ?