Il est l'un des sept Français qui ont passé l'écueil des PQ1 en septembre-octobre, et l'un des 19 en lice ce jeudi à la 2e étape des cartes européennes en Espagne. Alexandre Petit, 23 ans, veut garder l'excellent rythme qui est le sien depuis plusieurs semaines.
En golf comme en musique, le swing est une question de rythme. Golfeur et musicien, Alexandre Petit est depuis fort longtemps accoutumé aux exigences de ces deux univers. « J'ai commencé le golf à Beaune, quand j'avais 8 ou 9 ans, suite à un stage de découverte », raconte ce Bourguignon aujourd'hui âgé de 23 ans. « Je faisais beaucoup de musique à côté : quand j'avais 12 ou 13 ans je faisais partie d'un groupe de jazz, et il y avait un décalage entre moi, tout jeune, et les autres musiciens qui avaient au moins 20 ou 25 ans. Je me retrouvais parfois le soir dans des bars à faire des bœufs jusqu'à pas d'heure ! Donc il y a eu longtemps ce dilemme entre les deux, mais je me suis vraiment focalisé sur le golf il y a quelques années. » Ancien élève du conservatoire de Dijon, ce batteur émérite a donc privilégié les clubs plutôt que les baguettes, rencontrant un certain succès chez les amateurs, où il a notamment remporté le trophée Michel Carlhian des Internationaux de France U18 en 2015, et depuis quatre ans chez les professionnels. Cette saison, disputée comme les précédentes sur le Pro Golf Tour, l'a ainsi vu terminer 2e après play-off en Égypte au mois de mars, remporter au passage une étape du Win Tour au golf du Gouverneur début mai, prendre la 4e place de la finale du circuit satellite fin septembre (et la 17e de l'ordre du mérite), et dernièrement franchir haut la main l'écueil des PQ1 des cartes européennes, début octobre à Hardelot.
« J'étais dans une bonne période en termes de jeu, j'étais en confiance après ma bonne fin de saison sur le Pro Golf Tour, donc d'un côté j'avais des attentes, et de l'autre je partais dans l'inconnu puisque c'était ma première participation aux cartes. Je n'ai pas trop réfléchi et j'ai très bien joué, en restant solide de bout en bout malgré toutes les tensions que créent ce genre d'événement », raconte celui qui s'est classé 2e ex æquo dans le Pas-de-Calais, avec des scores de 66, 71, 68 et 69. Des tensions quasiment inévitables, que le Dijonnais résume ainsi : « Dans ce genre de tournoi, on n'est jamais à l'abri : on peut être 3e après trois tours et sortir des 20 qualifiés le dernier jour, donc il ne faut jamais s'endormir, surtout si on est dans les premiers. » Les choses se sont heureusement bien passées pour Alexandre Petit, qui disputera dès jeudi, en compagnie de 18 autres Tricolores répartis sur quatre parcours d'Espagne, les PQ2. « Tout est remis à zéro, et là aussi il faudra aller chercher le top 20 », explique le joueur aligné au golf d'Empordà, près de Gérone, en compagnie de Mathieu Decottignies-Lafon, Nicolas Platret, Victor Veyret et Oihan Guillamoundeguy.
Une aide précieuse
Dans cette optique, la présence de Laurent Seinger, son entraîneur, est une aide qu'Alexandre apprécie à sa juste mesure. « Ce sera la première fois qu'il m'accompagne en tournoi depuis trois ans qu'on travaille ensemble, et en plus il me caddeyera, donc je suis ravi que ça se passe à ce moment-là, quand ça compte ! » déclare le jeune homme qui, grâce à une cagnotte en ligne, a pu financer la venue de son mentor. L'expérience de cet ancien joueur professionnel, passé par l'Alps Tour et le Challenge Tour, rencontré au sport-études de Chalon-sur-Saône et aujourd'hui enseignant au golf de Saint-Nicolas, devrait donc s'avérer précieuse pour son élève, qui loue le côté qualitatif de leur relation et une philosophie commune du golf. « Si les PQ2 se passent bien et que j'arrive à décrocher au moins une catégorie du Challenge Tour, tant mieux, je quitterai le Pro Golf Tour sans regret ! Après, je me suis aussi inscrit aux cartes de l'Alps Tour (9-11 novembre, ndlr), histoire de pouvoir choisir entre les deux si ça se passe mal. Tout cela va être l'enjeu d'une réflexion avec Laurent cet hiver », complète-t-il.
Comme 285 autres joueurs, Alexandre Petit entame donc ces PQ2 avec l'unique objectif de cocher cette case pour participer à la finale des cartes européennes, qui aura lieu du 11 au 16 novembre du côté de Tarragone. « Ce serait incroyable d'aller jusqu'au bout ! C'est ça la beauté et ce qui est horrible dans cette épreuve : tout est remis à plat à chaque étape, et entre guillemets n'importe qui dans une bonne semaine peut y arriver, alors qu'un mec régulier sur une saison qui joue un poil moins bien aux cartes peut se faire dépasser par moins bon que lui... Mais dans tous les cas, il faut prendre sa chance. » Sur le parcours, comme avec les fûts qu'il cogne avec une assiduité quotidienne - « c'est important de ne pas toujours avoir le nez dans ce qu'on fait tous les jours, en l'occurrence le golf, car mentalement ça peut devenir prenant. Il me faut cet échappatoire-là », reconnaît-il - tout se résumera à trouver le bon rythme... et à le garder jusqu'au bout.