À 49 ans, le Lyonnais a disputé cette semaine son 25e et – probablement – dernier Open de France. Si la tournée d'adieux s'est arrêtée après deux tours, l'émotion va perdurer longtemps.
Départ du 18, vendredi soir. Hugo, fils et cadet de Raphaël Jacquelin, vient d'ôter sa chasuble pour la donner à Fanny, sa maman. Pour ce dernier trou, c'est l'épouse de Raph qui portera le sac, escortée de leurs quatre fils. L'ultime drive, mal tapé, part complètement à gauche mais finit miraculeusement sur le fairway, juste avant l'eau. « Elle est parfaite, celle-là ! » rigolent Grégory Havret et Nicolas Colsaerts, partenaires de jeu de leur ami de plus de vingt ans pour son dernier tour en compétition sur le circuit européen. Et qu'importe si, quelques minutes plus tard, le coup de fer finit à la flotte, entraînant un double bogey anecdotique sur ce dernier trou. À l'entrée du green, Havret, Colsaerts et les caddies improvisent une petite haie d'honneur pour leur pote ; à la sortie, les spectateurs parmi lesquels le staff et les proches de Jacquelin lancent une salve d'applaudissements qui mettra plusieurs minutes à s'éteindre. La larme à l'œil mais le sourire rivé au visage, l'homme aux 681 tournois sur le DP World Tour étreint longuement les siens avant d'aller, une dernière fois, signer sa carte.
Grégory Havret
À la sortie du recording, Jacquelin est attendu. Les caméras du Tour lui réservent les honneurs d'une ultime interview : « Même si j'ai fait double au 18, ça restera mon meilleur souvenir », assure-t-il. En attendant notre tour de lui parler, Havret et Colsaerts livrent leur sentiment sur ces deux journées pleines d'émotions. « Il n'était pas ici pour faire un résultat, mais pour profiter de son dernier Open de France, comme ça arrivera à Greg et à moi. C'était cool de partager ce moment avec des mecs avec qui j'ai l'habitude d'aller trois ou quatre fois par semaine au resto depuis vingt ans, des mecs qui font partie de ma vie », souffle le Belge. « On avait tous les trois envie de faire une belle partie, mais sur la fin on s'est laissé aller et il n'y avait plus d'autre mot d'ordre que de partager ce moment avec lui. C'est un beau cadeau du Tour que d'avoir accepté notre demande de jouer ensemble, et c'était super d'avoir nos enfants avec nous. Quand on s'est connus, les plus grands étaient à dix ans de naître ! » appuie Havret.
Lorsque le quadruple vainqueur sur le Tour se présente enfin face à nous, l'émotion est toujours aussi palpable. Sous les yeux de ses copains et d'autres joueurs français venus l'entourer, il confirme les propos tenus quelques minutes plus tôt : « Finir là, comme ça, ça dépasse toutes les victoires et les scores que j'ai pu faire pendant 25 ou 26 ans sur le Tour. C'était dur à jouer, c'était même injouable sur la fin, on l'a vu sur les derniers coups ! » lance-t-il en ponctuant sa phrase de son grand éclat de rire caractéristique. « Cet Open était le plus fort de tous. L'émotion de ma troisième place en 2012 était puissante, car il y avait de la pression et c'était génial d'être compétitif à ce niveau, mais cette année c'était vraiment autre chose. » Acclamé une fois de plus par ses proches en remontant de la zone mixte, Raphaël Jacquelin tire donc un trait sur un quart de siècle de Tour européen. Mais pas sur sa carrière de joueur : « Je vais tranquillement reprendre l'entraînement en vue des cartes du PGA Tour Champions en fin d'année », indique-t-il.
Nicolas Colsaerts
L'échéance, prévue en deux étapes – qualifications la deuxième quinzaine de novembre, finale début décembre – fera l'objet d'une préparation rigoureuse, à l'image de ce qu'a montré le natif de Lyon depuis son passage pro en 1995. « C'est, je pense, le Français qui a fait preuve du plus grand professionnalisme ces vingt-cinq dernières années », estime Nicolas Colsaerts. « C'est un grand sportif, qui m'a beaucoup apporté, ne serait-ce que par des petits conseils ou en le regardant faire. J'en ai beaucoup profité, et j'espère que ça va continuer sur le Champions Tour, dans quelques années pour moi. Si on peut se refaire une petite dizaine d'années ensemble aux USA, ce serait fabuleux ! » conclut Grégory Havret. Même s'il s'est récemment tourné vers le coaching, transmettant son savoir avec Julien Guerrier, Alexander Levy ou encore Jeong-weon Ko, la carrière de joueur de Raphaël Jacquelin va donc continuer. Et, comme tous les fans de golf français, on se réjouit par avance de voir le swing métronomique et le sourire si communicatif de notre champion continuer à rayonner sur les circuits seniors des deux côtés de l'Atlantique.
Tournois joués sur le circuit européen
721 : Miguel Ángel Jiménez, David Howell
706 : Sam Torrance
693 : Barry Lane
682 : Søren Kjeldsen
681 : Raphaël Jacquelin