Participer à son open national a toujours une saveur particulière pour les joueurs français, d'autant plus quand c'est la première fois. Oscar Couilleau, Ugo Coussaud et Andoni Etchenique racontent.
« Dire qu'il y a encore trois ou quatre ans, j'étais derrière les cordes à demander des balles... C'est dingue ! » Oscar Couilleau hoche la tête d'incrédulité lorsqu'il tente de décrire ses émotions, à la veille de prendre le départ de son premier Open de France. À 15 ans seulement, le joueur amateur, pensionnaire du Centre de performance du Golf National, a reçu une invitation de la Fédération française de golf. À sa grande surprise : « Je n'y croyais pas, au début ! », confesse-t-il. « La semaine dernière, je n'ai pensé qu'à ça. » L'impensable est bel et bien devenu réalité, et le licencié du golf de Saint-Nom-la-Bretèche découvre depuis quelques jours l'envers du décor d'un tournoi du DP World Tour. « C'est fou d'être au milieu de tous ces pros. Quand tu tapes au practice à côté de Tom Kim ou Min Woo Lee, ça fait quelque chose ! Je demande parfois ce que je fais là, mais il y a tellement à apprendre d'eux. C'est vraiment un truc de malade ! »
« Comme à la télé, quoi ! »
Mais la découverte d'un nouvel univers n'est pas l'apanage du jeune amateur. Andoni Etchenique, 25 ans, dispute sa deuxième saison en tant que professionnel, avec un succès certain puisqu'il mène l'ordre du mérite du Pro Golf Tour avant le dernier tournoi de la saison. Pourtant, le joueur de Chantaco ressent lui aussi l'émerveillement d'un gamin pénétrant pour la première fois dans la cour des grands : « C'est incroyable ! Comme à la télé, quoi... On a les balles qu'on veut pour s'entraîner, des carnets de parcours super bien faits, les camions du Tour à disposition, les massages, les repas : bref, on a tout ce qu'il faut ! Ça change du Challenge Tour, que j'ai découvert un tout petit peu cette année, et surtout de la troisième division européenne. C'est vraiment au-dessus de tout ce que je connais », indique-t-il.
Comme ses confrères, Ugo Coussaud s'apprête lui aussi à prendre le départ de son premier Open de France. Professionnel aguerri évoluant sur le Challenge Tour depuis plus de cinq ans, le joueur de 31 ans ne joue pas pour autant les blasés : « J'ai le souvenir, gamin, de venir voir l'Open avec la ligue Poitou-Charentes. On allait voir les joueurs, on allait voler des balles en passant sous le grillage ! J'ai vu un paquet de mecs à l'époque, dont certains jouent encore aujourd'hui, donc le fait d'être passé à l'intérieur des cordes, c'est trop cool ! » Pas question, néanmoins, d'être là en simple touriste, même si cet Open de France n'est pas un objectif dans sa saison : « Je m'étais dit que je le jouerai seulement si j'étais sûr de monter sur le Tour européen à date, donc c'est clairement un bonus. Mais en même temps, je sais que je joue bien et j'ai envie d'être performant, donc comme toujours je vais donner le maximum », promet-il.
Andoni Etchenique
Amateur ou professionnel, néophyte ou vétéran, l'objectif est en effet toujours le même : « Apprendre, bien sûr, mais avant tout faire le meilleur score possible chaque jour », résume Andoni Etchenique. « Sur un gros tournoi comme ça, tu as toujours un petit objectif de résultat en tête », ajoute Oscar Couilleau. « Après, le champ est tellement relevé et le parcours tellement difficile que tu as vite fait de te dire que ton niveau de jeu est un peu inférieur, et qu'il faudra donc tout donner pour bien figurer. Mais c'est sûr que j'ai une petit voix dans ma tête qui me dit que je peux faire quelque chose de grand cette semaine. » Pour y parvenir, l'un des quatre amateurs dans le champ a sollicité l'aide de Cédric Coquet, préparateur mental de la ffgolf : « C'était une évidence de le prendre comme caddie, car je sais qu'il va y avoir de l'excitation au départ, et c'est lui qui a les outils pour me faire sortir de cet état et me remettre dans mon jeu. Il va pouvoir me recadrer si je pars un peu en vrille ! » plaisante le jeune homme.
Oscar Couilleau pourra aussi compter sur sa connaissance des lieux, lui qui s'entraîne tout au long de l'année sur les infrastructures du Golf National. « C'est un parcours que tu aimes bien quand tu le voies en photo, mais quand tu arrives au départ tu te rends compte que c'est un monstre ! Ça fait un peu peur sur les départs quand tu vois les gros roughs sur les côté : tu sais que si tu la mets dedans, tu ne pourras pas prendre le green en régulation, mais c'est cool de jouer sur un terrain aussi bien préparé. Ça met un peu de pression, mais je vais tout mettre en œuvre pour que ça se passe bien », assure-t-il. L'avantage du terrain, Andoni Etchenique compte bien en profiter également : « J'ai fait plusieurs championnats de France des jeunes ici, donc c'est un parcours que je connais assez bien. Même s'il est préparé de façon beaucoup plus exigeante cette semaine, le fait de connaître les coups, les trajectoires, les zones à taper et celles à éviter, c'est un petit avantage, oui », admet le Basque. Les trois néophytes français auront, enfin, un atout supplémentaire dans leur jeu : « On va avoir du soutien », conclut Ugo Coussaud. « Tout est réuni pour que ce soit vraiment une super semaine. »