Le Rochelais, qui pour son 23e et dernier Open de France a brillamment franchi le cut, livre ses meilleurs - et pires - souvenirs de son histoire personnelle avec son open national.

Grégory Havret et l'Open de France, c'est une histoire d'amour qui remonte à 1998 ! © Tomas Stevens / ffgolf

Votre meilleur souvenir ?
Sûrement le premier Open de France où j'ai été performant, celui de 2001 à Lyon, où j'avais terminé 5e. On avait eu des conditions météo très compliquées puisqu'on avait dû jouer 36 trous le dimanche, il y avait un ou deux par 5 qui avaient été passés en par 3 parce qu'il y avait des flaques d'eau partout... Ça avait été difficile, mais ça reste un super souvenir parce que c'était ma première année sur le Tour. Faire top 5 dans son open national, c'était super, et je crois que je ne me rendais même pas compte à quel point c'était bien de faire un tel résultat à la maison dans mon année de rookie. Ça m'avait fait du bien dans cette saison où je devais garder ma carte.

Votre meilleure partie ? (interview réalisée avant son 66 de vendredi, ndlr)
Difficile à dire... Je ne saurais pas pointer du doigt une partie en particulier, mais je me souviens d'éditions, vers 2004, 2005, 2006, où le parcours était très dur et où ramener -1 ou -2 était une vraie performance. J'avais fait deux ou trois bons résultats à cette période, notamment en 2005 lorsque Jean-François Remésy avait gagné pour la deuxième fois. J'avais pour ma part terminé 4e, à égalité avec François Delamontagne. C'était l'Albatros comme je l'aime, avec des roughs très hauts et des greens vraiment durs comme des tables de cuisine. Ça se jouait un peu comme au British Open, avec toutefois des coups à tirer qu'on a pas au British, notamment au-dessus des obstacles d'eau. Ce mix d'esprit américain et écossais me plaisait beaucoup à l'époque.

Lors de l'Open de France 2009. © Richard Heathcote / Getty Images - AFP

Votre plus grosse claque ?
Après l'U.S. Open en 2010, où j'avais fini 2e. L'Open de France était mon tournoi suivant, et j'avais loupé le cut. C'était une claque parce que j'aurais bien aimé bien figurer. J'étais très déçu parce qu'il y avait pas mal d'attentes de ma part et autour de moi, et je n'avais pas su répondre présent.

Votre meilleure expérience avec le public ?
Il y a eu quelque chose de fort à chaque fois qu'un Français a gagné, ou même était dans le coup. Je me souviens des victoires de Jean-François Remésy en 2004 et 2005, et de Thomas Levet en 2011. Je ne l'ai pas ressenti directement sur moi, mais par ricochet sur mes copains quand ils ont gagné. Il y avait vraiment quelque chose de particulier en termes d'ambiance.

Votre vainqueur préféré ?
Les Français, forcément ! Le doublé de Jeff est vraiment impressionnant parce que le parcours était très dur à l'époque, et Jeff jouait très bien à cette période. Gagner deux fois de suite son open national, c'est quand même énorme. Et Thomas quelques années plus tard, c'était énorme aussi. C'est un personnage, un des plus grands golfeurs français de tous les temps aussi, et j'avais vraiment vibré quand il avait gagné.

Lors de l'Open de France 2011. © Alexis Orloff / ffgolf

Votre meilleur pairing ?
Jon Rahm
, le dimanche, en 2017. J'avais adoré, car je m'attendais surtout à être épaté par son grand jeu, et j'avais plutôt découvert un petit jeu exceptionnel. Évidemment, sa frappe de balle et sa puissance étaient quelque chose, mais j'ai été bluffé par des chips et des sorties de bunker incroyables. Il a une faculté à ouvrir la face de club dans le bunker tout en laissant penser que c'est parfaitement normal et qu'il n'a aucune chance de louper le coup... Je m'étais régalé, car au Natio, tout Jon Rahm qu'il est, il avait loupé pas mal de greens, et je me souviens d'avoir profité d'un clinic de chipping qui restera une expérience marquante.

Votre pire pairing ?
Ça s'est toujours très bien passé avec tout le monde. Bien sûr, on a davantage d'affinités avec certains qu'avec d'autres, on globalement on se respecte tous et il y a toujours beaucoup de sportivité. Je n'ai pas de mauvais souvenirs à ce niveau-là.

Votre meilleur coup ?
Je m'en souviens très bien : c'était vers 2004 ou 2005, une année où j'étais caddeyé par un copain, Alexandre Mandonnet. Au 18, je m'étais mis dans un des bunkers à droite, et de là j'avais tapé le plus beau coup de fer 5 de ma vie. Je ne sais même pas pourquoi j'ai pris ce club car c'était complètement irréalisable, avec le drapeau collé au fond à droite. Mais j'ai fait un coup parfait, une balle haute en draw qu'on avait pas mal travaillé avec Benoît Ducoulombier, que j'ai réussi à faire passer juste au-dessus de la lèvre du bunker. J'ai visé le milieu de green en pensant qu'elle allait me sortir à droite et revenir avec le draw, mais elle n'a pas bougé, elle est partie plein drapeau. Je lui disais « vole, vole, vole ! », car plus on va à droite, plus l'obstacle d'eau recule, et j'ai pitché 1 m après la berlinoise, et elle a fini à 3 m du drapeau. De tous les coups que j'ai tapés, c'est peut-être l'un des trois ou quatre plus beaux que j'ai jamais faits. Je me souviens aussi d'un fer 8 au 18 en 2007, le dimanche pour finir le tournoi, que je prends un peu clean. Le drapeau était serré à gauche, court, et je l'implore de voler car elle n'est pas très bien touchée. Et la balle fait un ricochet dans l'eau, je ne sais pas pourquoi, avant de monter sur le green ! Je fais deux putts pour le par et je termine 15e, au lieu de faire double et de dégringoler au classement. Et deux semaines plus tard, je gagne en Écosse !

À la « cut party » Lacoste lors de l'Open de France 2009. © Alexis Orloff / ffgolf

Votre pire coup ?
C'était en 2010, lorsque j'avais raté le cut dans la foulée de l'U.S. Open. Je me souviens qu'on avait été arrêtés après le 12 en raison du mauvais temps, et en reprenant au 13 j'avais fait triple bogey. Après deux heures d'attente, du practice, de l'échauffement, j'ai eu ce mauvais coup qui est parti plein bassin... Je me droppe, je me retrouve mal placé dans le rough, et je me remets dans l'eau derrière... Pire coup, pire souvenir, mes plus mauvais moments sont concentrés sur cette édition !

Votre meilleure soirée ?
(Il rigole) Ça devait être un vendredi soir après avoir loupé le cut... (Il réfléchit) En fait, c'est celle où j'ai rencontré ma femme ! Enfin, pas rencontré, mais c'est à ce moment-là, en 2010 justement, que notre histoire avait commencé à se construire. J'avais donc loupé le cut, et on était sortis à Paris où on avait passé une très belle soirée, et ça avait été le début de notre histoire. Finalement, ce n'était pas une si mauvaise chose que ça de louper ce cut !

Grégory vit son dernier Open de France en famille. © Tomas Stevens / ffgolf