Il n’est pas en tête mais sa prestation du jour a attiré toute l’attention. En signant un 60 (-12) historique, Sébastien Gros a gommé son 80 (+8) de la veille pour passer le cut et surtout revenir dans le top 10 du Cell C Cape Town Open.
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Vingt coups d’écart. Sur le même parcours du Royal Cape Golf Club, avec les mêmes clubs et le même swing, Sébastien Gros a livré deux prestations totalement opposées en moins de vingt-quatre heures. Lors de la première ronde du Cell C Cape Town Open, le Lyonnais a cumulé 80 coups qui l’ont placé dans les derniers rangs du classement à +8 total. Dès lors, on l’annonçait dans nos colonnes comme quasiment éliminé. Pour ça, Monsieur Gros, pardon ! Car ce vendredi, le joueur de 35 ans a claqué un 60 (-12) historique : douze birdies, dont huit à l’aller (son retour, puisqu’il démarrait du 10), et aucun bogey. Ce score est ainsi devenu le nouveau record du parcours et également sa carte la plus basse en tournoi officiel ; la précédente, un 63 (-9), remontait à novembre 2015 lors du troisième tour de l’Alfred Dunhill Championship.
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« Vous savez comment est le golf, a-t-il soufflé au micro du Sunshine Tour après sa journée. Hier j’ai fini au 18 par un bogey pour atteindre 80, le score de la honte. Et aujourd’hui j’ai joué vingt coups de moins ! Ce n’est pas 59 mais c’est déjà tellement bas... Ce n’était pas mon objectif d’aller si bas, je visais 63 pour essayer d’avoir une chance (de faire le cut, ndlr), mais de faire douze birdies, ça a rendu la journée encore plus belle. En 140 ans d’histoire (du parcours, ndlr), signer la carte la plus basse me rend très fier. » Avec cette performance hors de l’ordinaire, l’actuel n° 5 de l’ordre du mérite de l’HotelPlanner Tour est passé de la 150e à la 20e place du tournoi avec sept coups de retard sur le leader Filipo Celli (-11 total).
Cinq questions à Sébastien Gros
Quel était l’état d’esprit jeudi après la partie ?
Il y a d’abord eu la fin d’après-midi où je me suis dit que la semaine était déjà finie. J’ai d’ailleurs lu votre résumé du premier tour où vous aviez utilisé le mot « s’enhardit » ; vous auriez aussi pu dire que je voyais mes chances hautement hypothéquées, ça fonctionnait aussi ! Mais pendant le dîner, j’ai réalisé que ce n’était pas la même journée qui se profilait le lendemain. Il était annoncé une journée sans vent alors que le jeudi, c'est ce qui m'a pénalisé : je me suis bien fait avoir par les rafales et j’étais tout le temps loin des drapeaux. Donc je savais qu'avec de meilleures conditions et des greens peu abîmés puisqu’il y aurait moins de passages, ce n'était pas la même chose. Surtout que j’avais déjà rendu -9 sur des parcours plus durs que ça.
Donc passer le cut vous semblait envisageable ?
Je me suis mis dans l’optique de le faire, oui. Ça me rappelle l’année où le FC Barcelone avait fait la remontada contre le Paris Saint-Germain en Ligue des champions. Dès le soir du match aller, les Espagnols parlaient de faire la remontée. Ce qui ne veut pas dire que ça allait se faire mais ils ouvraient le champ des possibles dans leur tête. C’est aussi ce que je me suis dit. Et la journée de vendredi était donc lancée différemment, je n’avais pas les pieds de plomb. Ne serait-ce que pour me donner une mini-chance, c’était nécessaire.
Comment s’est traduit votre réussite sur le parcours ?
Sur les douze birdies réalisés, j’en ai rentré huit sur un putt à moins de deux mètres. Ce qui prouve que je n’ai pas eu de grands exploits sur des longues ficelles mais que j’ai très bien joué au golf. J’ai eu un contrôle sur ma balle comme j’en ai eu rarement dans ma vie. J’ai aussi très bien géré les drapeaux placés sur la droite des greens. Ma trajectoire de la balle en draw - de droite à gauche - rendait ces attaques plus dures, mais je ne me suis pas interdit de les jouer de manière agressive, toujours avec ma trajectoire.
Vous êtes-vous senti dans la zone, cet état mental commun aux milieux de l’art, de la création ou encore du sport où un athlète est comme transcendé par sa concentration ?
Je dirais que non. Parce que je me suis retrouvé sur la majorité de mes coups à des distances qui me convenaient, à savoir des pleins coups où des trois-quarts de swing, mais jamais des entre-deux. Et selon moi, le joueur qui est dans la zone est celui qui se retrouve à une distance qui ne lui plaît pas et qui arrive à tirer le coup qu’il faut. Je dirais plutôt que je me suis mis dans une position où, parce que ce n’est que le début de saison et que c’est un peu tôt pour se donner un niveau d’attentes, j’ai joué plus libéré. Comme a été le cas lors de ma première semaine (le SDC Open dont il a terminé 4e, ndlr). Et enfin, ce que je trouve génial est que je ne me suis pas mis de frein, pas même lorsque j’ai rentré le putt pour passer à -10 au 7.
Vous avez également battu le score record du parcours (62, -10) qui était partagé par Andrew Georgiou, Tom McKibbin et Darren Fichardt. Ça vous fait quoi ?
J’en suis très fier parce que je l’ai fait dans un endroit qui a du sens dans l’histoire du golf. L’Afrique du Sud est un vrai pays de golf, le parcours fête ses 140 ans cette année (en novembre, ndlr), il y a eu de nombreux vainqueurs de Majeurs qui sont passés par ici, donc je trouve que c’est chic de l'avoir fait là, et pas en Russie par exemple.