Le golf, le golf, toujours le golf. Et si, pour une fois, on parlait d’autre chose ? Avec Oihan Guillamoundeguy, on a fait la critique du légendaire pâté de papy Henri, on a parlé shampooing, lave-vaisselle et aussi d’une passion pour un jardinage un peu particulier.

Quand on te dit qu'il reste du pâté de papy Henri. © Octavio Passos / Getty Images - AFP

Déformation professionnelle oblige, on a tout de même abordé en prologue l’actualité sportive d’Oihan Guillamoundeguy. Une discussion à un moment opportun puisque le joueur de 20 ans a signé dimanche dernier la meilleure performance de son début de saison sur l’HotelPlanner Tour : une 4e place à l’UAE Challenge. Ce résultat sur la deuxième division européenne n’est pas anodin. Accompagné par son frère au sac, suivi par l’un de ses très bons potes professionnel de moto-cross, le Basque avait tous les ingrédients pour passer une bonne semaine sur le parcours et en dehors. C’est d’ailleurs loin des fairways qu’on l’emmène dans cette discussion, à commencer par un Sud-Ouest cher à son cœur.

Avec un nom de famille comme le tien, comment on explique aux Basques que ton département de cœur est celui des Landes et pas celui des Pyrénées-Atlantiques ?
Effectivement je suis né à Bayonne, mais j’ai toujours vécu à Hossegor - et on dit bien HossEgor (il marque la prononciation du E) et pas « Hossgor ! » Même s'il y a beaucoup de sang basque du côté de mon père, on est aussi landais du côté de ma mère. Et mes quatre grands-parents vivent dans les Landes, donc voilà pourquoi je suis plus Landais que Basque. J’ai été élevé avec mon grand frère Lilian dans la graisse de canard et les champs de maïs (rires). Principalement parce que mon grand-père a une ferme où il cultivait des légumes, des cochons, des lapins, des canards… Il fait même son propre pâté qui est légendaire.

Papy fait du bon pâté ?
Ah non, mais c'est ridicule tellement il est bon le pâté de papy Henri ! Je sais déjà que lorsque je vais rentrer de mon tournoi, je vais obligatoirement passer chez mes grands-parents et en manger avec un petit magret de canard. C’est un rituel. Et je ne te cache pas que quand tu rentres d’une semaine en Inde où tu as enchaîné des butter chicken à chaque repas, ça fait du bien. Mais bon, il faut que je me calme sur ça parce que c’est pas le mieux pour la ligne ; surtout quand tu as mamie derrière qui te dit « t’as rien mangé, prends du fromage et un bonbon. »

La star, la légende. Et à côté, Oihan Guillamoundeguy. © Oihan Guillamoundeguy

Vous avez trois ans de différence avec ton frère. Vous avez été proches dans votre enfance ?
On est toujours hyper proches, c’est même devenu mon caddie pour une très grosse partie de cette saison. On a fait beaucoup de choses, notamment au golf mais on n’en parle pas du coup. Sinon, on n’a pas fait tant de conneries parce qu’il est plus sage que moi, il est le garde-fou. Mais on s’entend hyper bien et on partage beaucoup. Le seul truc où on ne s’est pas suivis, c’est la moto-cross. Moi je suis fou de ça et lui pas du tout : tu le fais monter sur une moto, c’est Pierre Richard le type ! Alors que moi, j’ai commencé à en faire très jeune et, malgré une pause jusqu’en 2021, j’ai repris.

On a effectivement pu voir que tu en avais fait plusieurs stories sur Instagram, réunies sous le doux nom de « jardinage. » 
J’appelle ça le jardinage ouais, j’aime bien ce genre d’expression. Un peu comme lorsque j’appelle quelqu’un « le boss ». Mais oui… Pour jardiner, ça, je jardine ! Je pratique la moto essentiellement pour le plaisir. Même si j’adore suivre mes potes à l’entraînement, je ne tourne pas comme eux pendant très longtemps : je m’arrête boire un coup, je fais ça à mon rythme. J’y vais quand même à fond quand je me lance mais je reste dans les limites puisque ça reste dangereux. Et ça fait du bien. Ça me permet de m’évader, j’en ai vraiment besoin à côté de la vie de joueur professionnel. Parfois, après une journée d’entraînement, je mets juste des baskets et un jean et je pars dans les bois me balader en roulant à deux à l’heure. Ça fait une petite promenade qui finit sur un coucher de soleil, c’est sympa.

Elle t’a mené jusqu’où, cette passion pour la moto ?
Récemment, jusqu’aux paddocks du Grand Prix de Barcelone. J’ai deux très bons amis, Sacha et Lucas Coenen, qui sont professionnels de moto-cross chez Red Bull et ils m’ont proposé de les accompagner voir cette course de MotoGP. Il ne fallait pas me le dire deux fois ! C’était une découverte pour moi et c’était excellent. Grâce à leurs accès, on a pu entrer dans les boxes, voir tout ce qu’on ne voit pas à la télé et notamment l’armée d’ingénieurs qui se cachent derrière l’espace où il y a les motos. On a aussi pu parler avec les pilotes comme Fabio Quartararo ou Marc Márquez. Pour moi, ce sont des mecs intouchables et j’ai trouvé ça génial de pouvoir discuter avec eux à l’écart de tout le monde. C’est là que tu te rends compte qu’ils sont hyper relax, les types.

Du cross entre potes au box du Grand Prix de Barcelone. © ffgolf

On a compris que la moto était la chose que tu aimais le plus. A contrario, est-ce qu’il y a un truc que tu détestes ?
Vider le lave-vaisselle. Si mes parents lisent ça : je peux tout décrocher pour eux, je peux mourir pour eux mais ça, je ne peux pas. C’est horrible ! C’est une perte de temps, c’est inutile. Tu sors des trucs mais parfois ils sont encore sales ; le concept même de ranger des choses propres pour les re-salir après, je te jure… Je préfère encore faire la vaisselle.

On frôle la phobie, en fait. À ce propos, tu en as ?
(Il réfléchit) Les serpents, oui. Pourtant quand j’avais dix ans, je sais que j’en mettais autour de mon cou. Mais maintenant, je ne suis pas à fond confiant (sic) lorsque j’en vois un. Ça remonte à une fois où je me suis fait surprendre. Je marchais et il y en a un qui était à mes pieds sans que je le vois. Ça a dû me traumatiser, je crois.

Sur un tout autre sujet, tu sais si tu as été un bébé beau-gosse ?
Je ne sais pas… Si j’écoute ma mère, j’étais un beau bébé, oui, mais surtout parce que je faisais trois kilos huit à la naissance. Et puis, j’ai eu ma petite période où j’étais… Enfin, tu vois, j’ai un peu trop abusé du pâté de papy, quoi. À dix ans, je ne ressemblais pas à grand-chose, je faisais du gras - voilà une autre expression que j’adore. Et puis un jour, je me suis dit qu’il fallait que je maigrisse. J’ai réussi à perdre dix ou douze kilos.

Et aujourd’hui tu continues de prendre soin de toi, jusqu’à ne jamais te séparer de ton shampooing apparemment…
Effectivement, je prends tout le temps mon petit shampooing Garnier au miel avec moi en tournoi. Mais bon, je sais déjà que c’est fini pour mes cheveux. Mon père est chauve, mon frère est chauve… Je profite avant d’aller en Turquie, tu vois.

Pour finir, tu as souvenir d’une grande joie qui a marqué ton enfance ?
Ben, mine de rien, quand je me suis réveillé de mon opération du cœur et que je n’étais pas mort, j’étais sacrément heureux, ouais (il rigole). En fait, j’ai eu une maladie grave qui devait me mener à me faire opérer à l’âge de dix-huit ans. Mais la situation s’est détériorée quand j’en avais douze, donc il a fallu m’opérer en urgence. Depuis, je vois forcément la vie différemment. Je n’aime pas m’embrouiller avec les gens, j’adore passer des bons moments, bien manger… D’ailleurs, à mon réveil, lorsque mon grand-père est venu me voir, il m’a apporté un foie gras et c’est la première chose que j’ai mangée après être sorti du bloc. C’est pas fantastique, ça ?

Les frères Guillamoundeguy, Lilian (à gauche) et Oihan. © D. R.