La joueuse française, qui dispute actuellement le Lacoste Ladies Open de France, a passé avec brio la première étape des cartes du LPGA, le mois dernier. Elle qui s’est lancée presque par hasard dans une épopée américaine tentera, en octobre, de décrocher des droits de jeu outre-Atlantique.
Ni coup de tête subit, ni préméditation de longue date. Un peu entre les deux. Mais quand même plus près du coup de tête. Mi-août, Anaïs Meyssonnier débarque en Californie, sur le prestigieux site de Rancho Mirage, pour disputer la première étape des cartes du LPGA Tour. Elle connaît alors peu les États-Unis, et aucunement le bermuda grass, cette herbe si particulière des régions chaudes. Elle n’a même pas pu passer du temps sur le putting green, de peur de cuire sous le soleil de plomb. Le jeudi 18 août, lors du premier tour, sur le tracé majeur de Dinah Shore, elle plaque un savoureux -9. Parce que pourquoi pas.
Trois jours plus tard, avec un total de -11 sur quatre tours, l’actuelle pensionnaire du Ladies European Tour (LET) prend la 6e place finale de ce Stage I, résultat amplement suffisant pour la qualifier pour l’étape suivante, possibilité donnée aux 100 premières (parmi lesquelles la joueuse basque Elodie Chapelet).
Le financement, nerf de la guerre
En début de saison, pourtant, Anaïs Meyssonnier ne prévoyait absolument pas de tenter l’aventure américaine, chose qu’elle n’avait jamais faite auparavant. La décision de s’engager à Rancho Mirage n’a pas été totalement improvisée, mais a tout de même résulté de quelques circonstances favorables. « Pendant la coupure d’un mois sur le LET, je suis allée voir mon petit ami aux États-Unis, explique la native d’Arles. Je me suis dit que, si je trouvais les financements, je pourrais, pourquoi pas, aller jouer les cartes américaines. »
Le principal obstacle est effectivement d’ordre financier. Pour avoir le droit de concourir à la première étape de la Q-School du LPGA Tour, les seuls critères sportifs sont d’avoir 18 ans au 1er janvier 2023 et d’avoir un index égal ou inférieur à 4 dans le système international. Autrement dit, aucun obstacle pour une joueuse régulière du LET. Si ce n’est, donc, celui du portefeuille. Comptez 2500 $ uniquement pour les frais d’inscription, auxquels il faut ajouter le transport, le logement, la restauration, tous à la charge de la joueuse… La note monte vite.
Par chance, à l’occasion du Montauban Ladies Open au mois de juin, Anaïs Meyssonnier fait la connaissance de deux gérants d’entreprise qui acceptent de l’aider. La suite, donc : la Californie au mois d’août, et la magie d’un premier tour de feu. « Je ne saurais même pas dire d’où est venu ce score, sourit-elle. J’ai eu un peu les mains qui tremblaient au départ du 1 car, tu as beau te dire que les 100 premières passent, on est 300, et comme tu ne connais pas du tout le niveau, d’une certaine manière, tu ne sais pas où tu es. Un +6 au premier tour, ça peut arriver très vite, et ça met tout de suite la semaine à l’envers. »
L'Epson Tour dans le viseur
Au final, celle qui dispute actuellement le Lacoste Ladies Open de France à Deauville y est allée avec la décontraction et l’envie de s’amuser qu’elle affiche sans discontinuer sur les parcours européens. Et surtout, donc, avec réussite. D’où cette question : jusqu’où veut et peut aller celle qui, il y a quelques mois encore, n’envisageait nullement la traversée de l’Atlantique ?
Concrètement, le franchissement de la première étape la qualifie pour la deuxième, qui se déroulera du 16 au 21 octobre au Plantation Golf & Country Club de Venice, en Floride. Le nombre de places qualificatives pour la dernière épreuve, les Q-Series, est encore à déterminer mais sera au minimum de 30. Et surtout, toutes les joueuses qui vont au bout des 72 trous de deuxième étape sans cut, même celles hors des places qualificatives, reçoivent automatiquement une catégorie sur l’Epson Tour (la deuxième division du LPGA Tour) l’année suivante.
« Décrocher ma carte sur l’Epson est un objectif, mais pas forcément y jouer, précise Anaïs Meyssonnier. Mais j’ai eu un début saison assez moyen sur le LET, même si les résultats commencent à revenir. Donc si jamais j’ai besoin d’aller aux cartes du LET en fin d’année, je pourrai arriver avec le moins de stress possible. » Car même si devoir déménager outre-Atlantique ferait un gros changement, l’Arlésienne préfère encore jouer sur l’Epson Tour que sur le Letas. Et cette fois, ce ne serait pas du tout sur un coup de tête.