49e de l’ordre du mérite du Ladies European Tour (LET) en 2022, 63e l’an passé, Agathe Sauzon a pris une très encourageante 21e place finale. Une nette progression en termes de résultats et d’attitude qui pourrait faire bientôt la différence. Décryptage. 

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Pour 2025, Agathe Sauzon vise clairement la victoire. © Tristan Jones / LET

Un ultime top 10 (7e à l’Andalucia Costa del Sol Open de España) le week-end passé, le quatrième de la saison sur le Ladies European Tour (LET) après le Jabra Ladies Open (2e), l’Aramco Team Series de Londres (6e) et le Hero Women’s Indian Open (2e), et voici comment Agathe Sauzon boucle son exercice 2024 au 21e rang de l’ordre du mérite européen. C’est tout simplement sa meilleure performance en sept saisons passées sur le LET.  

Ce « succès », la Valentinoise âgée de 32 ans le doit d’abord à son niveau d’expérience - « je commence à mieux me connaître », souffle-t-elle doucement - mais aussi à une collaboration entamée en fin d’année dernière avec Cédric Coquet, son préparateur mental. 

« Je pense que cela a été le gros point (positif) cette saison, poursuit-elle. C’est ce qui m’a permis d’obtenir de meilleurs résultats. La différence entre avant et maintenant est assez évidente. Je savais que c’était ça qui péchait. Pendant deux ans, je m’étais un peu éloignée de cette partie-là, j’étais plus dans la technique, car je sentais qu’il m’en manquait un peu. Mais en fait, ce qui me manque le plus, c’est de pouvoir accepter d’être présente sur les grands tournois, d’être prête mentalement et du coup d’être plus régulière. »
 

La méditation, c’est pour moi comme un mode de vie, un mode de pensée

Férue un temps d’hypnose, Agathe Sauzon apprécie surtout la méditation, une pratique d’entraînement de l’esprit bien connue dans le monde du golf et favorisant le bien-être mental. Une autre raison de sa solide saison au plus haut niveau ? Très certainement ! 

« L’hypnose, je n’en ai pas trop fait cette année, précise-t-elle. La méditation, c’est pour moi comme un mode de vie, un mode de pensée. Cela nous aide vraiment à être dans le présent, à profiter du moment T, à être concentré à ce moment-là, sur la chose que l’on à faire, notre routine, notre cible... Il y a des gens qui vivent à mille à l’heure, qui pensent à dix mille choses et qui ne profitent pas du moment. En fait, la méditation ou l’hypnose servent justement à être là-dedans. Je ne vais pas me projeter, je reste sur mon tournoi, sur le coup que j’ai à jouer et c’est tout… »
 

En mai, fais ce qu’il te plait

En difficulté en début d’année avec des résultats en deçà de ses objectifs initiaux (quatre cuts manqués, aucun top 10 en sept tournois joués entre début février et fin avril), Agathe Sauzon a également fait appel à un renfort technique en la personne de Renaud Gris.  

« Je suis toujours avec Vincent Minodier, mon coach de toujours, explique-t-elle, mais avec ce début de saison qui n’était pas bon, il me fallait apporter quelque chose de différent. Je sentais qu’il y avait besoin d’un petit renouveau, d’avoir un œil extérieur. Même si en milieu de saison, ce n’est peut-être pas le meilleur moment d’apporter des modifications. J’ai commencé à travailler avec Renaud (Gris) au début du mois de mai. On travaille tous dans le même sens… On travaille d’une manière différente mais pour arriver au même but. Cela m’a fait beaucoup de bien. Avec Renaud, on se voit au Golf de Mionnay (01). Il a son académie là-bas. C’est à une heure et demi de route de chez moi… Cela a bien matché tout de suite. »
 

Alors que la saison 2024 vient de s’achever, il faut déjà penser à la suivante. Même si le calendrier 2025 n’a pas encore été dévoilé. Comment imagine-t-elle cette prochaine échéance ? Ses ambitions seront-elles revues à la hausse ? 

« Je n’ai pas encore eu le temps de bien débriefer avec mes coaches mais l’objectif est de faire encore mieux que cette année, annonce-t-elle. Etre plus régulière encore car 2024 a été une saison assez bizarre. J’ai eu de très bons résultats mais j’ai aussi raté pas mal de cuts (8 en 22 départs). J’aimerais aussi décrocher enfin une victoire, ce serait super. Je ne suis pas passée loin cette année, donc ça se rapproche on va dire (rires). Viser plus haut, c’est aussi regarder vers les Majeurs. On verra où tout cela nous mènera… »
 

Si je finis dans le top 10, j’aurais prouvé que j’ai le niveau pour jouer sur le LPGA. Je ne veux pas le regretter. Je sais que je me laisserai une chance d’y aller même si mon rêve absolu dans le golf, ce serait de gagner un Majeur

Au moment où se déroule entre le 5 et le 9 décembre à Mobile (Alabama) le Final Stage des Cartes du LPGA dans lequel sont engagées les Françaises Perrine Delacour, Pauline Roussin-Bouchard et Adela Cernousek, Agathe Sauzon garde toujours à l’esprit de traverser, un jour, l’Atlantique pour prendre part au plus relevé des Tours professionnels féminins. Mais elle n’en fait pas non plus une idée fixe…

« Je ne me projette pas trop là-dessus, mais cela reste néanmoins dans un coin de ma tête, avoue-t-elle. Si je fais un top 10 sur le LET en fin d’année prochaine, j’aurais l’occasion d’aller aux Cartes du LPGA. Je tenterai cela, c’est sûr. Si je finis dans le top 10, j’aurai prouvé que j’ai le niveau pour jouer sur le LPGA. Je ne veux pas le regretter. Je sais que je me laisserai une chance d’y aller même si mon rêve absolu dans le golf, ce serait de gagner un Majeur. Evian ou le British. Evian, ce n’est pas très loin de chez moi, c’est un peu comme à la maison. J’adore le parcours, je joue souvent bien dessus. Et puis c’est un Majeur en France, dans son pays. Quant au British, c’est mythique. On joue souvent sur des links et j’adore ce genre de parcours… »

J’ai changé de shaft et de driver plusieurs fois en milieu d’année… La fin de saison était mieux au driving mais je sens qu’il y a moyen de toucher encore un peu plus de fairways

A bientôt 33 ans (le 25 janvier prochain), la Drômoise, également titulaire d’un diplôme d’ingénieur en chimie, est consciente de ne pas avoir atteint la plénitude de sa vie de golfeuse professionnelle. Elle sait qu’elle doit encore progresser dans certains secteurs de jeu. Car la concurrence, de plus en plus jeune, ne fait aucun cadeau ! 

« Je peux encore tellement progresser, conclut-elle. Cette année, en mettant des choses en place, je sens que je suis sur la bonne voie. Donc, je me dis qu’on peut encore aller de l’avant. Je peux toujours m’améliorer, je pense que je ne suis pas encore à mon point le plus haut. De toute façon, on peut toujours évoluer… Si on travaille dans le bon sens… »

« A moi de trouver aussi plus de précision avec mes fers et mon driving (-16,36 au total driving strokes gained). J’ai changé de shaft et de driver plusieurs fois en milieu d’année… La fin de saison était mieux au driving mais je sens qu’il y a moyen de toucher encore un peu plus de fairways. Gagner un peu plus de mètres… Je ne suis pas courte, je suis dans la moyenne haute, ça va (moyenne au driving, 252,58 yards, soit 231 mètres). Mais les jeunes qui arrivent sur le LET sont plus puissantes. Sur leur swing, on sent qu’elles lâchent tout. J’ai joué avec Nastasia (Nadaud), on sent qu’elle peut porter la balle 20 mètres de plus que moi. La jeune allemande, Helen Briem, c’est impressionnant (19 ans seulement). Il faut s’adapter, avec un peu plus d’explosivité, un peu plus de technique pour être performant, et ça devrait le faire… »