À l’occasion de la reprise du Ladies European Tour cette semaine au Kenya, Charlotte Liautier revient sur sa première saison de 2022, sa longue hospitalisation qui l’a tenue loin des clubs et la hargne qu’elle en tire pour revenir meilleure.
À l’orée de la nouvelle saison du Ladies European Tour qui démarre ce jeudi par le Magical Kenya Ladies Open, Charlotte Liautier se réjouit à l’idée de reprendre la compétition. Non pas car la préparation hivernale se faisait trop longue ou trop rébarbative, mais parce qu’elle aurait pu ne jamais rejouer au golf. Trois mois plus tôt, lorsqu’elle se présente en Inde pour l’un des derniers rendez-vous de la saison, la joueuse a la condition d’exceller pour rentrer dans le top 70 et conserver une carte en passe d’être perdue. Sans suspense et avec quatre tours au-dessus du par, elle ne crée pas l’exploit et concentre ses moyens sur une autre solution : les cartes du LET programmées un mois et demi plus tard. Mais sa santé ne lui permettra même pas de tenter sa chance. « Ça m'est tombé dessus tout de suite en rentrant du tournoi en Inde. Je suis resté un mois à l'hôpital avec beaucoup de complications, j'ai failli y passer, en quelque sorte » amorce-telle. Par respect pour sa demande, les détails resteront dans la confidence de la joueuse, bien qu’elle livre les conséquences de sa maladie : « J'ai dû mettre le golf de côté parce que j’étais totalement en incapacité de jouer. J’étais hors circuit » ajoute-t-elle, amusée de son jeu de mot.
Même si elle en ressort avec une catégorie incomplète (catégorie 17) pour l’édition 2023 du LET, l’essentiel est là pour Charlotte : elle va mieux aujourd’hui. Grâce à un programme physique et nutritionnel qu’elle suit assidûment, elle travaille à retrouver ses 10 kilogrammes perdus et ses statistiques d’avant. « Il y a clairement un avant et un après, je n’ai pas du tout la puissance que j’avais avant mais je suis en capacité de faire un parcours de golf, donc c’est le point positif. »
Un retour sur le LET bien organisé
C’est donc cette semaine que la joueuse entame sa seconde saison professionnelle. Mais pas là où l’attendait. Rentrée tardivement dans le champ du Kenya Ladies Open, la joueuse de 23 ans a préféré ne pas se précipiter et préparer intelligemment son retour avec les premiers événements du Sunshine Ladies Tour, en Afrique du Sud, avant de profiter d’une invitation à la Lalla Meryem Cup (9-11 février). « C’est l’une des leçons que j’ai tirée de la saison passée : à vouloir absolument marquer des points pour conserver la carte, j’ai joué un maximum de tournois pour bien faire mais j’ai fini par ne plus y arriver. » Cette « spirale des points » comme elle l’appelle ne lui était pas inconnue avant d’entamer sa toute première saison, mais la Réunionnaise n’avait pas voulu trop en apprendre auprès de ses ainées du Tour. Elle voulait se faire son propre avis, sa propre expérience. Une attitude qui a retenu l’attention d’Amundi pour faire de la vainqueur d’un tournoi du Letas 2021 - en tant qu’amateur - une lauréate du team éponyme créé un an plus tôt. Après Camille Chevalier et Lucie Malchirand l’année dernière, Charlotte Liautier est l’unique représentante tricolore cette année soutenu pour les trois prochaines saisons : « Je ne pensais vraiment pas qu’ils me choisiraient mais je suis ravie de faire partie du team, les filles m’en ont dit que du bien. J’ai la chance d’avoir de super sponsors mais je suis honorée d’en être » réagit-elle.
Pour cette nouvelle saison, c’est sur ces connaissances du circuit qu’elle s’appuiera malgré des opportunités de jeu plus réduites que l’an passé. Sa 81e place finale à la Race to Costa del Sol l’a menée à organiser un calendrier qui comportera une majorité de tournois à plus faibles dotations, « ceux où les joueuses feront l’impasse pour préparer des Majeurs ou des plus gros tournois » précise-t-elle.
Pour autant, Charlotte Liautier n’est pas démotivée. « Évidemment que l’on veut jouer des tournois comme le Saudi, ils sont beaux, bien préparés, organisés. Mais avec ce qui m’est arrivé, le simple fait de pouvoir jouer au golf me suffit. Je suis même encore plus déterminée pour retrouver une meilleure place que celle que j’avais avant. » Derrière ces mots se dévoilent en partie sa nouvelle vision des choses. Moins stressée, plus relativiste, la joueuse a fait de l’année à venir une saison de transition vers son objectif de toujours : le LPGA Tour. De quoi prendre une certaine revanche sur une saison passée au goût d'inachevé.