Passée professionnelle début 2023, la joueuse savoyarde de 19 ans entame sa deuxième saison sur le Ladies European Tour. Sa 6e place à Tampa, début mars, a prouvé qu’elle pouvait y jouer les premiers rôles.

Nastasia Nadaud dispute déjà sa deuxième saison sur le LET... à seulement 19 ans. © Tristan Jones / LET

C’est l’une des choses qu’elle a pu acquérir au fil de sa première saison professionnelle, l’an passé : la gestion des décalages horaires. En vue d’un diptyque du Ladies European Tour (LET) en Australie, qui démarre dès cette semaine avec le NSW Women’s Open, Nastasia Nadaud a pris de l’avance, en arrivant, en compagnie de son père, au pays des wallabies dès jeudi dernier. Ce qui, au passage, laisse le temps de faire un peu de tourisme, par exemple du côté de l’Opéra de Sydney.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, passée cette phase de chargement des batteries, la native de Chambéry a bien l’intention de prendre les choses au sérieux. Ses récents résultats incitent par ailleurs à faire de même à son propos. Lors de l’étape des Aramco Team Series à Tampa, au début du mois de mars, elle a terminé à la 6e place, son meilleur classement en carrière, jusqu’à présent, sur le LET. Pour celle qui se considère comme « un peu diesel », c’est bon signe.

Passée professionnelle dès l’année de ses 18 ans, Nastasia Nadaud avait obtenu sa carte sur le LET d’entrée, via la Q-School. Assez naturellement, l’objectif de sa première saison, en 2023, était de ne pas retourner à cette épreuve qualificative en décembre. Mission accomplie, avec une 54e place à la Race to Costa del Sol. « Ce que j’ai vu, c’est que j’étais très régulière, observe-t-elle. J’ai manqué seulement quatre cuts, et j’étais souvent entre la 10e et la 25e place. Ça montre un niveau de jeu moyen qui est bon. »

L’hiver lui a apporté son lot de travail et d’ajustements, notamment au niveau du jeu de wedges, un peu sous-performant en fin de saison dernière. La solution a été simple : bosser dessus, chaque jour, encore et encore. « Je l’ai bossé tous les jours, tout simplement, résume-t-elle. Quand il y a un secteur un peu en-dessous des autres, il faut y mettre la quantité, et après on déroule. » Et dès la Lalla Meryem Cup, au Maroc en février, puis davantage à Tampa, Nastasia Nadaud a pu en sentir les bénéfices.

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L'ACTUEL RANG DE NASTASIA NADAUD À L'ORDRE DU MÉRITE DU LET.

Pour ce qui est de mettre de l’énergie au service de la performance, celle qui s’entraîne majoritairement à Aix-les-Bains a l’âge qui joue en sa faveur, ayant fêté ses 19 ans le 23 novembre dernier. Pour autant, la saison passée, l’enchaînement parfois usant des tournois a modifié sa façon de percevoir, et donc de construire, son calendrier. « Ce qui m’a manqué, ce sont des temps de repos entre les tournois, constate-t-elle. Quand on est débutante sur le circuit, on a envie de tout jouer. Ce qui fait beaucoup de semaines, surtout à la suite, et ça, ce n’est pas possible, c’est contre-productif. »

Terminées, donc, les séries de cinq ou six tournois sans repasser pas la case maison et repos. Elle a édicté, pour cette année 2024, ses propres nouvelles règles : pas plus de quatre tournois à la suite s’il n’y a aucun décalage horaire important à avaler, et trois dans le cas contraire. Elle peaufine également les détails, avec une stratégie qui s’étend jusqu’aux horaires des déplacements. « Quand il y a des décalages horaires vers l’est, il faut toujours arriver le soir, pour dormir directement », conseille-t-elle.

J'ai le droit de gagner

Nastasia Nadaud

Un meilleur résultat en carrière dès le début de saison, une préparation hivernale qui porte des fruits dès l’arrivée du printemps, un calendrier mieux construit et qui devrait déboucher sur des tournois mieux préparés… Faut-il donc s’attendre à voir Nastasia Nadaud sur des marches encore plus hautes, cette saison sur le LET ? Dans la tête, elle y semble parée, en tout cas. « L’année dernière, je prenais mes marques, la température, je regardais comment ça jouait, souligne-t-elle. C’était bien, j’ai gardé ma carte, mais cette année, je sais beaucoup plus à quoi m’attendre. Je me dis que je fais partie du truc, j’ai le droit de bien jouer, j’ai le droit de gagner, de faire podium. J’ai un état d’esprit qui est plus agressif, plus ambitieux. »

Au-delà des résultats, la joueuse savoyarde sent qu’elle a réussi à bien prendre ses marques sur le circuit européen féminin. Y compris humainement, histoire d’éviter le péril de la solitude pesante. En plus de ses parents, qui continuent à la suivre régulièrement, d’autres joueuses françaises comme Agathe Sauzon, Emma Grechi ou Anne-Charlotte Mora lui servent de compagnes de voyage, voire de colocataires le temps d’une semaine, comme ce fut le cas en Floride. « L’année dernière, j’avais deux copines qui étaient en amateur avec moi, et qui, malheureusement, n’ont pas gardé leur carte, explique Nastasia Nadaud. Quand je suis arrivée cette année au début, je me suis un peu demandée ce que j’allais faire. Et en fait, dès la fin de saison dernière, je m’entendais très bien avec le groupe de Françaises. Ça fait du bien d’aller sur des tournois et de voir des gens qu’on connaît et qu’on apprécie. »

À la question de savoir si, avec un an de recul, elle pense avoir pris la bonne décision en passant professionnelle, sa réponse est certes un brin "édouardbaeresque", mais pleine de sagesse : « Je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise décision. Ce que je sais, c’est que je n’ai aucun regret, et que je profite à fond. »