Après deux solides saisons sur le Ladies European Tour, Nastasia Nadaud, 20 ans seulement, ne cache pas son envie de tenter l’aventure américaine en fin d’année. Un objectif qu’elle entend appréhender avec sérénité et surtout clairvoyance.
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La saison 2025 a débuté sous les meilleurs auspices pour Nastasia Nadaud. Sixième de la Lalla Meryem Cup le 8 février au Maroc, elle s’est imposée le week-end dernier par équipe au PIF Saudi Ladies International. Un succès en compagnie de Somi Lee, Minsun Lee et Amy Taylor qui permet à la Savoyarde d’empocher 35 000 dollars, qui s’ajoutent aux 13 381 dollars de sa 58e place individuelle finale en Arabie saoudite.
« Honnêtement, je ne m’attendais pas à gagner, confesse-t-elle. Nous avions une excellente équipe et nous avons très bien travaillé ensemble. Ce furent quelques jours vraiment amusants. Commencer la saison comme ça, c’est plutôt cool. Cela montre que le travail qui a été effectué en amont cet hiver porte ses fruits. Il reste néanmoins encore pas mal de chemin à faire. La saison est longue. Il ne faut surtout pas s’enflammer, mais cela met bien en confiance en tout cas. »
Prête à affronter une saison qui peut être décisive, la native de Chambéry a fait appel récemment à Robin Cocq dans le secteur du petit jeu et du putting en remplacement de Jérôme Theunis. C’est le seul grand changement au sein de son staff où Renaud Gris demeure son coach technique, accompagné par Cédric Coquet (coach mental) et Liesbeth Pauwels (coach physique).
« J’ai passé quelques semaines à Dubaï cet hiver, Robin (Cocq) était là-bas, on a pu faire deux, trois jours ensemble, confirme-t-elle. Si le long jeu est plutôt en place, on a fait un gros travail sur le chipping, les sorties de bunker et le putting. C’était très enrichissant. On a pu mettre l’accent là-dessus et ça se ressent déjà dans le jeu. C’est super. Jérôme Theunis, c’était compliqué de le voir de façon récurrente (Ndlr, le Belge est domicilié à Dubaï). Il ne fait plus trop partie du staff. »
Cinquante-quatrième de l’ordre du mérite du Ladies European Tour (LET) en 2023 pour ses débuts au plus haut niveau, Nastasia Nadaud a poursuivi sur sa lancée en 2024 en finissant 23e. Quel sera l’objectif pour 2025 ? « La progression est constante, avoue-t-elle. En ce qui concerne les objectifs cette année, gagner est toujours dans un coin de ma tête. Je me dis que c’est une conséquence du travail que j’accomplis en amont. Un objectif plus concret serait de pouvoir jouer les Cartes du LPGA Tour en fin d’année et accessoirement avoir cette carte en passant par la passerelle du LET où le top 10 de l’ordre du mérite a son accès direct à la finale. Ce serait ça mes objectifs… Ce serait une belle année ! »
Contrairement à Pauline Roussin-Bouchard et Céline Boutier, portes-drapeaux du golf tricolore sur le LPGA Tour, Nastasia Nadaud n’a pas effectué de cursus universitaire aux États-Unis. Un choix totalement assumé, après avoir décidé de passer professionnelle au tout début de l’année 2023. À dix-neuf ans à peine... « Je ne regrette pas, lâche-t-elle. J’avais envie de me centrer sur une chose. Je me voyais mal passer une partie de mon temps en classe, cela ne m’aurait pas permis de vraiment me consacrer à 100 % sur ce que je veux faire. Sans avoir toujours une pensée comme : "Il faut que je rende mes devoirs, il faut que j’aille en cours…" »
Se sent-elle toutefois prête à réaliser le rêve de poursuivre sa jeune carrière pro de l’autre côté de l’Atlantique, sur le très envoutant mais aussi très exigeant circuit américain ? Là encore, la Chambérienne ne veut surtout pas brûler les étapes. « Je ne pense pas être déjà prête, explique-t-elle. Jusqu’à août-septembre, si je sens que je suis encore un peu ric-rac, je pense que ça ne vaut pas le coup. Il faut vraiment être prête pour jouer le LPGA Tour. D’après les retours des filles, il faut être vraiment armée. Si on est un peu entre les deux, même après une belle année sur le LET, plus qu’un classement, c’est surtout l’histoire de niveau de jeu global qui entre en compte… »
« J’ai eu des retours de Pauline, de Céline Herbin, poursuit-elle. Le prize money, c’est très intéressant. Mais cela requiert un niveau de jeu très calé, dans tous les secteurs. Pauline a fait la fac aux USA, elle a déjà ce mode de vie américain. Elle a des attaches. Quand on vient d’Europe et que l’on doit tout déménager aux États-Unis, c’est un changement d’environnement. C’est à prendre en compte dans l’équation. »
Aix-les-Bains, les racines…
Si la golfeuse âgée de 20 ans confie que son rêve le plus fou serait de gagner un Majeur, de préférence à Évian, elle la Savoyarde qui n’a pas eu encore la « chance » de prendre part à ce seul Majeur, hommes et femmes confondus, à se dérouler en Europe continentale, elle n’oublie pas non plus d’évoquer son club de cœur, le Golf Club d’Aix-les-Bains 1895. « J’ai commencé là-bas, j’avais six ans, glisse-t-elle. C’est un endroit qui est très particulier pour moi. Je suis assez attachée à mes racines savoyardes. Aix, c’est mon club, mon camp de base. Quand je suis chez moi, c’est là-bas que je vais. »
« Nous sommes très fiers de l’avoir comme ambassadrice, conclut Pierre-Antoine Missud, le directeur du club. On a signé de nouveau un sponsoring pour deux ans avec "Nas". Cela fait trois ans déjà qu’on la sponsorise. C’était évidemment normal puisqu’elle a été formée ici. Elle vient très régulièrement. Cet hiver, elle est venue plusieurs fois même si elle était à Dubaï pendant deux semaines. Elle est toujours très contente d’être auprès de nous. Elle va voir les membres du club, elle échange avec eux. Elle est très pro, quoi. »
« Pour 2025, on espère qu’elle gagne. Ce serait une année historique pour le club qui fête ses 130 ans. On espère vraiment qu’elle aura l’opportunité de tenter les Cartes du LPGA Tour en fin d’année. C’est son objectif principal. Une chose est sûre, on est très fier de cette jeune joueuse, qui a toutes les qualités pour réussir et qui représente parfaitement notre esprit de club, et l’ADN extra-sportif du Golf Club d’Aix-les-Bains. »