Repartie aux États-Unis en début de semaine, Pauline Roussin-Bouchard entend toujours faire du Ladies European Tour (LET) sa priorité en 2024. Ses fréquences de jeu seront également réduites. Afin de retrouver le plaisir.
Qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter pour cette nouvelle année ?
Une heureuse année (rires). Du plaisir, du bonheur sur les fairways et dans le process…
Vous êtes depuis ce lundi 15 janvier aux États-Unis. Pour quelle raison avez-vous décidé de repartir là-bas ?
Ma base golfique est aux États-Unis et je ne voulais pas que cela change. On déménage de la Floride. Mon petit ami et moi, nous remontons habiter en Caroline du Sud (Ndlr, à Columbia). C’est ma maison américaine. C’est là-bas que j’aime m’entraîner, c’est là-bas que j’aime passer du temps. Il y avait beaucoup de facteurs pour retourner vivre là-bas.
Cela ne va-t-il pas être trop compliqué pour vous d’effectuer les aller-retours avec le Ladies European Tour (LET), le circuit sur lequel vous allez essentiellement évoluer cette année ?
Non… Mine de rien, le LET nous emmène partout pour l’instant, sauf en Europe. Dans tous les cas, les voyages auraient été longs. On va aller en Arabie saoudite, au Maroc, en Australie, aux États-Unis… Jusqu’à juin, on n’est pas beaucoup en Europe. Et puis en 2024, je vais moins jouer. Je vais passer plus de temps entre les tournois pour m’entraîner. Cela me donnera donc le temps de passer par Paris pour voir mon frère… Si besoin de m’entraîner là-haut. Voilà. La base, comme je l’ai dit, demeure américaine.
N’était-il pas envisageable pour vous de vous installer en France, par exemple ?
Non. J’ai passé mes quatre dernières semaines en France. Mes racines et mon cœur sont en France, c’est évident. Dans nos montagnes de la vallée du Champsaur (Hautes-Alpes), en étant à Gap avec mes parents… Le fait d’avoir passé de nouveau du temps à Orcières, c’est clairement là que je me sens le mieux. C’est mon havre de paix mais je ne vais pas y faire du business…
Comment s’est passée cette trêve hivernale ?
C’est la première fois que j’effectue un break aussi long. J’ai laissé mes clubs aux États-Unis après les Cartes (Ndlr, le 6 décembre). Et je ne les ai pas touchés depuis… Ils doivent être en train de prendre la poussière dans notre appartement en Floride… C’était important de le faire car j’en avais vraiment besoin. J’en ai profité un maximum. Je suis partie au Zimbabwe dans la famille de mon chéri. On a bien pu en profiter. J’ai pu faire du cheval. Beaucoup de cheval ! Quand je suis rentrée en France, j’ai pu faire du ski également. Cela a été un tel bonheur ! Cela me rappelle ce que je recherche aussi sur les fairways. Je me suis aussi préparée pour faire samedi soir dernier à Orcières un trail de 9 kilomètres en montagne, de nuit, dans la neige, avec ma cousine… On a fait top 10 (rires) !
Vous avez évoqué les Cartes du LPGA Tour. Cette désillusion a-t-elle été difficile à digérer ?
Je n’ai pas trop envie de revenir dessus. Mon post Instagram a tout expliqué*. Je n’ai pas envie d’en rajouter car on regarde devant désormais. Les modifications que je vais apporter cette année remettent dans le positif ce qui aurait pu être meilleur l’an passé. Tout simplement.
Alors justement, ces modifications, quelles sont-elles ?
Plus de temps en famille. Et je veux moins jouer. C’est-à-dire sortir lorsque je me sens prête, avec un rythme un peu plus espacé entre les tournois. Cette cadence, ce serait deux, trois tournois maximum avec au moins deux semaines de break. S’il y a une exception durant l’année, elle sera préparée. Mais le schéma pour 2024, ce sera ça.
Avez-vous procédé à quelques changements au sein de votre staff ?
Je n’ai plus de coaches mentaux. J’en avais deux. C’est le seul vrai grand changement opéré. Je sais aussi qu’Alain Alberti voyagera moins avec moi. On va plus faire de camps. Je vais essayer d’avoir un peu plus souvent David Baudrier (Ndlr, son prépa physique) avec moi. Au niveau du sport, des discussions que l’on peut avoir ensemble, et de sa bienveillance aussi, j’adore être avec lui.
Qui sera votre caddie pour la saison à venir ?
Je n’aurais pas de caddie attitré. Je prendrai des gens de ma famille ou des copains. Sauf en Écosse parce que j’ai déjà gagné là-bas avec un caddie local, donc il n’y a pas de souci. Mais sinon, le reste du temps, je vais profiter d’avoir ma famille auprès de moi. Par exemple, en Arabie saoudite, en février, je prends David (Baudrier) comme caddie. Et au Maroc (Lalla Meryem Cup), c’est ma maman qui portera le sac. Elle s’est remise à fond au sport pour pouvoir assurer ça.
Pouvez-vous nous confirmer que vous pourriez disputer un voire deux tournois sur l’Epson Tour cette saison ?
L’Epson Tour ne reviendra dans l’équation que s’il existe un break dans les tournois du LET. Ce qui sera peut-être le cas après l’Australie (deux épreuves entre fin mars et début avril) car je ne vais pas aller en Afrique du Sud (du 18 au 28 avril). Je resterai donc sur le territoire américain et s’il y a un tournoi de l’Epson Tour qui passe par là, j’irai le jouer avec grand plaisir. Mais je veux rester principalement sur le LET sans courir deux lièvres à la fois.
Et sur le LPGA Tour ?
Alors en effet, j’espère pouvoir entrer dans le champ élargi du ShopRite (7-9 juin) via une invitation. Mais ça me laisse d’ici-là six mois pour de nouveau être prête pour le circuit américain, et l’apprécier surtout… Ensuite ? Je ne sais pas. Je ne connais ma saison que jusqu’à juin. Sur ce premier semestre, il y aura à tout casser deux tournois du LPGA Tour, si j’arrive avec une invitation dans l’un et à rentrer dans le champ de l’autre. Mais l’objectif principal, c’est de me refaire plaisir sur le LET. Le LPGA Tour viendra en temps et en heure. Quand j’aurais la tête à vraiment pouvoir performer…
Vers un rachat du LET par Aramco via le PIF ?
Avez-vous néanmoins envisagé de repartir sur l’Epson Tour comme l’avait fait Perrine Delacour en 2019 avant de mieux rebondir sur le LPGA ?
Pour être honnête, je ne l’ai même pas envisagé. Quand on perd sa carte, on ne la perd pas de beaucoup (Ndlr, Elle a terminé 132e à l’ordre du mérite 2023). On ne repart pas à zéro. Ce n’est pas complètement perdu. Mais c’est vrai que j’avais en tête tout de suite le LET, dont je suis très heureuse de faire partie. Je ne suis pas attirée par l’Epson Tour. Le LET, en revanche, c’est le cas. Par la variété des destinations, des points distribués, des cultures… L’idée de revoir aussi des têtes familières a beaucoup joué. Cette dynamique-là m’attire bien plus à ce jour pour pouvoir performer.
Quand allez-vous démarrer votre saison sur le LET ?
Ce sera directement l’Arabie saoudite (15-18 février) suivie du Maroc (22-24 février). Ensuite, il y aura l’Aramco Team Series début mars aux États-Unis…
Avez-vous entendu parler d’un possible rachat du LET par Aramco via le Fonds d’investissement public (PIF) d’Arabie saoudite, soutien financier du LIV Golf ?
Oui, je suis au courant. Mais je n’ai pas d’informations, ni en provenance du LET, ni en provenance d’Aramco (compagnie pétrolière publique saoudienne). Je sais qu’il y a beaucoup de discussions avec Aramco, et que ces discussions prennent beaucoup de leur temps. C’est tout ce que je sais (rires).
Au fait, verra-t-on de nouveau cette année votre nom, Roussin-Bouchard, sur le dos de votre caddie alors qu’en 2023, celui-ci avait été réduit à Roussin sur le LPGA Tour ?
Tout à fait ! Roussin-Bouchard est de retour (rires). Les Américains m’appelaient Pauline Bouchard, et je ne supportais pas ça. Pauline Bouchard, ce n’est pas mon nom du tout. Pauline Roussin, oui, à la rigueur ou mieux encore, Roussin-Bouchard.
Le post Instagram de PRB
*« Cette année a été dure, les moments difficiles ont été plus nombreux que les bons, avait-elle posté quelques jours après la perte de son droit de jeu plein sur le LPGA. Cette saison sur le LPGA m’a ôté petit à petit cette étincelle avant de finir l’année le cerveau complètement frit. […] Mais j’ai été élevée dans une famille de grands guerriers, de farouches résistants et cela m’a poussé à me battre si dur, malgré la frustration, la déception et la tristesse de ne pas pouvoir retrouver le chemin de la performance comme cela avait été le cas ces dernières années. »
« Le statut complet sur le LPGA est perdu et ça fait mal. Mais je crois que c’est un mal pour un bien. Il y a toujours une explication quand ces choses arrivent. Je ne possède pour l’instant pas les bonnes armes pour prétendre jouer comme je le veux sur le LPGA. Et même si j’avais encore le choix, je n’ai plus le cœur d’essayer encore et encore, semaine après semaine. La coupe est pleine. »
« Il est temps de tout remettre à zéro, de retrouver les bonnes sensations afin de redevenir meilleure. J’ai hâte d’aborder cette saison complète sur le LET… Voyager à nouveau dans le monde, voir la famille plus souvent et travailler un peu différemment avec mon équipe. Mais rassurez-vous les gens et le LPGA ! Ce n’est pas un au revoir, mais un à bientôt. »