Ce dimanche à Phoenix, Céline Boutier a renoué avec le succès sur le LPGA Tour, un an et demi après avoir gagné à Atlantic City. En conférence de presse, celle qui est désormais la Française la plus titrée de l'histoire du circuit américain est revenue sur les émotions suscitées par cette 3e victoire.
C'est votre 3e victoire sur le circuit, la première en play-off. Racontez-nous votre partie et dites-nous ce que ça fait d'être la lauréate du Drive On Championship ?
C'était un dernier tour très intéressant ! J'ai très bien commencé avec ces birdies au 2 et au 3, mais j'ai un peu baissé de rythme par la suite. J'ai pris un bogey au 6, et après cela j'ai juste réussi à sauver le par à quelques reprises. Mais j'ai refait un birdie au 13, et un dernier, joli, au 18, qui m'a permis de partir en play-off. Au final je n'ai pas eu le sentiment de jouer à mon meilleur niveau, mais j'ai tout de même réussi à tirer le meilleur du jeu que j'avais.
À quel point étiez-vous nerveuse sur le green du 18 alors que vous étiez dans l'obligation de faire birdie pour partir en play-off ?
Lors des premiers tours, on joue vraiment le 18 comme un trou à birdie, mais quand on se retrouve à la lutte pour la gagne et que chaque coup comte, c'est sûr que la pression le rend un peu moins facile. Je crois que j'étais un peu nerveuse, mais pas autant que j'aurais pensé. J'étais surtout très concentrée. J'avais un chip vraiment pas évident depuis la droite du green, avec une cassure de droite à gauche à négocier, donc je voulais juste essayer de me mettre le plus près possible. Ensuite, quand j'étais à l'adresse sur ce dernier putt de 1,60 ou 1,80 m, il y avait clairement un peu de pression. Je me suis juste efforcée de taper un bon coup, plutôt que de penser à le rentrer.
Avez-vous regardé le leaderboard pendant ce dernier tour ? Cela fait-il partie de vos habitudes ?
Non, je ne fais pas cela en général. J'essaie simplement de me concentrer sur mon jeu. Je sais que souvent, quand je me retrouve dans les positions de tête, j'ai tendance à me projeter, et c'est plus une source de stress qu'autre chose. Ce que je me suis dit aujourd'hui, c'est que je savais ce que j'avais à faire, et que j'avais juste à me focaliser sur le fait de taper les meilleurs coups possibles.
Vous disiez hier après le 3e tour que votre jeu était au point. Cette victoire valide-t-elle cette confiance que vous ressentez en ce début d'année ?
Oui, car ce n'est clairement pas facile de gagner. Ça fait un an ou deux que j'ai le sentiment d'avoir un niveau de jeu suffisamment bon pour gagner, mais je n'y étais pas parvenue. Je pense que savoir gagner est quelque chose qui s'apprend. L'an dernier, j'ai clairement eu quelques occasions que je n'ai pas concrétisées, donc le fait d'y arriver aussi tôt dans la saison cette année est une très grande satisfaction.
Vous avez eu quelques occasions l'an dernier, mais à chaque fois quelqu'un d'autre est allé chercher la victoire, ce n'est pas vous qui l'avez laissée filer. Aujourd'hui, après votre bogey, à quel point étiez-vous déterminée à ne pas laisser la victoire vous échapper ?
Ce n'était pas facile, car il faut toujours trouver le bon équilibre entre faire de son mieux et ne pas trop en faire. Parfois, le fait de trop essayer ne fait qu'empirer les choses, donc le mieux est vraiment de ne pas penser à l'issue finale et se concentrer uniquement sur ce qu'on peut contrôler. Après avoir rentré mon putt pour partir en play-off, je me suis dit que tant qu'à rater mon vol ce soir, autant que ce soit pour une bonne raison : je n'allais pas rater mon avion et perdre le tournoi ! (rires) Donc j'avais vraiment une petite source de motivation supplémentaire...
Qu'est-ce que ça fait de disputer un titre face à Georgia Hall, votre première partenaire en Solheim Cup et une très bonne amie ?
En toute honnêteté, je n'attendais pas cela avec impatience. Le sentiment est un peu doux-amer, parce que d'un côté, évidemment, j'avais très envie de gagner, mais de l'autre Georgia est quelqu'un que j'apprécie énormément en tant que joueuse et en tant que personne. C'est vraiment une très bonne copine, et ce n'était pas facile de me battre contre elle. Bien sûr mon côté compétitif a pris le dessus pendant le play-off, mais cette victoire me laisse un arrière-goût étrange.
Que représente ce succès par rapport à votre statut personnel sur le Tour ?
C'est très gratifiant, évidemment. C'est un soulagement certain, parce que je courais après une victoire depuis un an ou deux. Pendant cette période j'ai pris quelques coups au moral, j'ai ressenti un peu de frustration du fait de ne pas y parvenir. Donc gagner cette semaine, face à un très bon champ de joueuses, c'est assurément très bon pour la confiance.
Vous voilà devenue la Française la plus titrée sur le LPGA Tour. Qu'est-ce que cela vous inspire, d'autant plus de gagner sous les yeux d'Anne-Marie Palli ?
C'est assez incroyable ! Je savais qu'elle viendrait me voir aujourd'hui puisqu'elle habite ici à Phoenix et qu'elle était déjà là hier. Elle est toujours là pour soutenir les joueuses françaises, et j'apprécie énormément son soutien. Elle m'a dit en plus qu'elle avait remporté sa première victoire ici à Phoenix, donc c'est d'autant plus spécial pour moi de faire comme elle. Je suis vraiment très, très heureuse de cette troisième victoire !