Pour la quatrième fois cette saison, Céline Boutier va défendre cette semaine un titre sur le LPGA. Victorieuse en Malaisie dans un très long play-off, la Française en profite pour faire un premier point sur sa saison 2024. Sans oublier d’évoquer les Jeux olympiques et la Solheim Cup…
C’est quelques heures seulement après avoir atterri à Kuala Lumpur (Malaisie) en fin de journée ce lundi 21 octobre que Céline Boutier a pris le temps de répondre par téléphone à nos questions. En toute décontraction…
Quels souvenirs conservez-vous encore aujourd’hui de cette épique victoire l’an passé au Maybank Championship ?
Je me souviens surtout de ces neuf trous de play-off… C’était très long. Il y avait eu des orages, on avait pris du retard… C’était un véritable marathon mais ça reste évidemment un bon souvenir puisque je l’avais finalement emporté (Ndlr, face à la Thaïlandaise Jeeno « Atthaya » Thitikul).
C’est un succès qui clôturait aussi une fantastique saison…
Tout à fait. C’était ma quatrième victoire de l’année (après le LPGA Drive on Championship, l’Amundi Evian Championship et le Women’s Scottish Open). Je ne m’attendais pas à ça forcément mais c’était super positif de pouvoir achever la tournée asiatique sur un tel résultat avant de rejoindre les Etats-Unis. C’était une bonne période avec de beaux souvenirs.
Défendre un titre, est-ce que l’on appréhende l’événement différemment d’un autre tournoi ?
C’est quand même différent. Il y a un peu plus d’attentes, on est un peu plus sollicité par les médias, les sponsors… Au-delà de ça, on conserve ici de bons souvenirs, on a une bonne vision du parcours, on garde en mémoire des bons coups réalisés… Je dirais donc que ce n’est pas un tournoi comme un autre. Et puis on a envie de défendre son titre. Il y a par conséquent un peu plus de pression.
Cette tournée en Asie semble en tout cas bien se passer pour vous. 9e à Shanghaï il y a quinze jours, 2e en Corée du Sud dimanche dernier, il y a eu aussi cette victoire le 6 octobre en Chine sur le Ladies European Tour… On se trompe en déclarant que vous êtes dans une belle dynamique ?
Je dirais que mon jeu est plutôt en forme en ce moment (rires). Cela fait déjà quelques mois que je joue bien mais je n’arrive pas à concrétiser. Ces dernières semaines, je suis parvenue à jouer assez bas. C’est plutôt bon pour la confiance. Mais après avoir dit ça, j’estime que j’ai encore une marge de progression.
Sur quel secteur pensez-vous encore devoir progresser ?
Dans le golf, de manière générale, on peut toujours s’améliorer mais ce qui m’a posé un peu plus de problèmes cette saison, c’est le putting. Et le petit jeu. J’ai donc encore un peu de marge de progression à ce niveau-là.
Vous occupez actuellement la 18e place de la Race to CME Globe. Vous êtes-vous fixée un objectif particulier alors que la saison 2024 s’achève très bientôt ?
Non, pas vraiment. Je veux surtout essayer de performer le plus possible dans chaque tournoi. C’est une saison décevante pour moi. J’espère juste terminer fort l’année en me donnant encore quelques opportunités sur mes derniers tournois… Et pourquoi pas gagner.
Cette belle dynamique actuelle vient-elle quelque part atténuer cette saison 2024 plus difficile que la précédente ?
Chaque joueuse recherche obligatoirement une victoire. Mais c’est vrai que je n’ai pas aussi bien joué cette année que je l’aurais souhaité. Ceci dit, je ne me focalise pas non plus trop là-dessus. Je vais essayer de me donner des chances lors des dernières semaines qu’il me reste à jouer sur le LPGA.
Justement, quel sera votre programme après la Malaisie ?
Il me reste que deux tournois. Mon programme à venir sera les deux rendez-vous en Floride (Ndlr, Annika Driven by Gainbridge at Pelican (14-17 novembre) et CME Group Tour Championship (21-24 novembre)). Je n’irai donc pas au Japon (TOTO Japan Classic) la semaine prochaine…
Vous arrive-t-il encore de penser aux Jeux olympiques à Paris cet été, à cette incroyable ferveur qui s’est emparée de cette quinzaine et notamment au Golf National ?
Beaucoup de gens m’en parlent ! C’est donc difficile d’oublier. Cela reste une semaine phare dans ma saison. C’est pour moi une des semaines les plus fortes en termes d’émotions. Il y a de bons et de moins bons souvenirs mais en résumé, c’est une expérience unique. Une expérience que je ne pourrais, je pense, jamais revivre. Peu d’athlètes ont eu cette chance de vivre ça.
Avec le recul, étiez-vous préparée à cet engouement autour des athlètes français ?
Je crois qu’on ne peut jamais réellement se préparer à ça. J’ai eu la chance de pouvoir être au Golf National durant le tournoi olympique réservé aux hommes. C’était assez bénéfique quelque part. J’ai pu palper cette ambiance, et me préparer à ce que j’allais vivre lors du tournoi féminin. Mais c’est vrai que c’est tellement fort mentalement et émotionnellement que ça puise beaucoup d’énergie. Du coup, sur la durée du tournoi, ce n’est pas toujours quelque chose de facile à gérer. Il faut ici s’appuyer sur notre expérience. Cette énergie du public autour de ma partie, c’était fantastique. C’était un peu comme si on était à la Solheim Cup mais avec un public qui ne suivait qu’une seule joueuse (rires). Quelle expérience inoubliable ! Cela est allée au-delà de mes attentes !
Vous évoquez la Solheim Cup. L’équipe américaine était-elle vraiment au-dessus des Européennes en septembre dernier ?
On est passé très proche mais il faut reconnaitre qu’elles ont joué un golf vraiment incroyable. Toute la semaine ! C’était assez bluffant d’ailleurs. Elles rentraient tout. Les chips, les sorties de bunker, les putts… Sur plusieurs matches. Elles ont produit un super jeu. Mais c’est vrai aussi qu’il y a eu du spectacle jusqu’à la fin des derniers simples le dimanche…
Lorsque vous battez Lexi Thompson sur le green du 18, croyez-vous encore possible que l’Europe puisse conserver le trophée ?
J’avoue que je ne faisais pas trop attention aux leaderboards. J’essayais de me focaliser sur mon point. Mais on m’a dit que c’était un point décisif… Que si je perdais, c’était fini… J’ai regardé le match de Maja (Stark) juste derrière… Elle avait un putt de trois mètres pour partager sa partie. Et elle l’a mis. On était alors encore dans le coup et j’ai commencé à y croire. Et puis finalement, elles ont réussi à retourner la situation en leur faveur… Mais oui, c’était plus que jouable.
Au fait, qu’allez-vous faire après le dernier tournoi de la saison, à savoir la finale à Naples, en Floride ?
Je ne sais pas encore. Forcément, je vais faire un break. Mais je ne sais pas encore pour combien de temps. J’avoue que c’est encore un peu flou.