Céline Boutier va disputer à partir de jeudi dans le Wisconsin son 42e Majeur et son 9e U.S. Women's Open. Mais depuis son sacre à Évian en juillet 2023, la Française n’a plus accroché le moindre top 10 en Grand Chelem. Et si cette semaine était la bonne ?

C’est juste avant de s’envoler ce dimanche 25 mai vers Milwaukee et le parcours d'Erin Hills, hôte du 80e U.S. Women’s Open de l’histoire, que Céline Boutier nous a consacré un quart d’heure par téléphone. Il est évidemment question du plus vieux Majeur féminin, source de toutes les convoitises, mais aussi de sa forme actuelle et de ses prochains rendez-vous, dont l'Amundi Evian Championship bien sûr, un rendez-vous forcément pas comme les autres.
Que savez-vous du parcours d’Erin Hills qui avait notamment accueilli l’U.S. Open masculin en 2017 et où s’était imposé Brooks Koepka ?
Je ne le connais pas, je ne l’ai jamais joué. Cependant, on m’en a dit beaucoup de bien. C’est un parcours qui va être exigeant, forcément. Cela va aussi dépendre des conditions météorologiques. Il peut y avoir pas mal de vent là-bas, avec des greens assez petits. J’imagine que l’USGA (Ndlr, United States Golf Association, la fédération américaine qui organise le tournoi) va le rendre ferme, long et difficile. Ce ne sera pas une surprise, mais c’est vrai que ça va être aussi sympa de découvrir un nouveau parcours.
L’U.S. Women’s Open est-il le tournoi que toute joueuse professionnelle rêve un jour d’accrocher à son palmarès ?
C’est clair qu’il fait partie des tournois qui font rêver. Par son histoire, par la dotation qui est chaque année de plus en plus importante (Ndlr, elle était de 12 millions de dollars en 2024), par sa visibilité aussi. Ce cocktail est assez impressionnant. Chaque Majeur est important, tout le monde a envie de gagner, mais c’est vrai que l’U.S. Women’s Open, c’est une catégorie à part !
Est-ce un vrai test de golf comme il peut l’être chez les hommes ?
Oui. D’ailleurs, ça se reflète chaque année par les scores, qui ne sont pas très bas. La préparation le rend très souvent compliqué à aborder. À chaque fois qu’on se retrouve dans un U.S. Open, on sait ce qui nous attend. C’est ce qui fait aussi la particularité de cet événement. C’est-à-dire rendre un parcours hyper compliqué où il faut s’accrocher jusqu’au bout. Et faire le moins d’erreurs possibles.
Est-ce ce qui fait la particularité de ce Majeur par rapport aux autres ?
Oui ! On va jouer cette semaine la 80e édition. C’est intéressant aussi de signaler que l’on joue chaque année sur un parcours différent. Cela rend donc forcément les choses encore plus imprévisibles. Et puis je le répète, la dotation est la plus élevée de tous les Majeurs féminins. Cela pousse les autres à s’en inspirer. Cela permet également au golf féminin de s’élever un peu plus encore chaque année. Rien que pour ça, c’est un exemple. Par les qualifications, aussi, qui rendent ce tournoi encore plus accessible. Je le répète, tout le monde a envie de le gagner. Même quand on est junior, ou encore amateur, le fait que l’on puisse se qualifier pour ce rendez-vous le rend unique.
Quel est votre meilleur souvenir dans un U.S. Women’s Open ?
Très certainement quand j’ai joué à l'Olympic Club (en 2021). C’était assez spécial de pouvoir jouer un parcours aussi iconique. Même chose pour Pebble Beach (en 2023). C’est ça justement qui rend ce tournoi si différent. Chaque année, on a la chance de fouler des parcours d’exception dans le cadre du plus grand Majeur féminin. Pour moi, il n’y a pas mieux !
Vous ne citez pas Charleston en 2019 lorsque vous vous êtes retrouvée en tête après 54 trous…
Je ne dirais pas que c’est un bon souvenir. C’est vrai que ce fut l’une de mes premières grosses performances en Majeur (5e place finale). Mais bon, forcément, je n’en garde pas un super souvenir, en raison de ma performance le dernier jour (75, +4). Et puis, au-delà de ça, le parcours (Country Club of Charleston) ne m’avait pas autant marquée que l'Olympic Club, Pinehurst (en 2014) ou Pebble Beach.
Juste avant le Chevron Championship, vous regrettiez le fait d’avoir du mal à scorer. Depuis, vous avez terminé 12e au Black Desert Championship et surtout seule 2e au Mizuho Americas Open, votre dernière sortie avant l’U.S. Women’s Open. Avez-vous trouvé une clé ?
Mon jeu n’était pas si loin que ça, mais c’est vrai que je n’arrivais pas à concrétiser. D’une semaine à l’autre, ça peut se jouer à pas grand-chose : des putts qui tombent, et d’un coup, ça s’enchaîne et les choses deviennent plus faciles. C’est ça qui rend ces moments-là plus difficiles encore dans le golf. Tout ceci peut devenir tellement frustrant ! Et parfois, tout paraît facile. Donc, je ne dirais pas que j’ai trouvé une clé, mais je pense être restée patiente, en continuant à m’améliorer, en gagnant des coups ici et là. Et les résultats sont revenus. J’espère rester sur cette dynamique et me rapprocher chaque week-end le plus souvent possible du top 10 et de la gagne.
Depuis votre triomphe à Évian en 2023, vous n’avez plus accroché le moindre top 10 en Majeur. Est-ce que cela vous pèse ?
Je ne dirais pas que ça me pèse, mais forcément j’ai envie de briller en Majeur. Et le fait que cela ne s’est plus produit depuis presque deux ans, ça me manque un peu. Ce sont des choses qui arrivent, voilà tout. Je ne vais pas non plus faire que des top 10 en Majeur… Il n’y a que cinq opportunités par an pour y arriver. Il faut avoir son jeu et sa tête en place au bon moment. Ce sont des tournois tellement compétitifs… Mais je dirais que c’est valable pour tous les tournois, tant le niveau ne cesse de s’améliorer d’une année sur l’autre. Ce sont des critères qu’il faut prendre en compte. Une fois qu’on a dit ça, je n’y attribue pas plus de poids que ça. Je vais une fois encore donner le maximum de moi-même durant les prochaines semaines. Je ne peux pas faire plus !
Quand vous débutez une saison, les Majeurs restent-ils néanmoins votre objectif numéro 1 ?
Forcément, ils ont une petite priorité sur les autres tournois de la saison régulière. J’essaie néanmoins de ne pas trop me focaliser sur ces échéances-là. Parfois, cela peut ajouter un supplément de pression. Bien performer sur d’autres tournois vous permet d’emmagasiner de la confiance. Et puis sur le LPGA Tour, on a la chance d’avoir d’autres très gros tournois qui ne sont pas classifiés Majeur mais qui sont tout aussi relevés.
Craig Kessler, ancien membre de la PGA of America, vient d’être nommé directeur général de la LPGA. Il prendra ses fonctions le 15 juillet, au lendemain de l’Amundi Evian Championship. Que savez-vous de lui au juste ?
Je ne le connais pas vraiment. À part le fait d’avoir lu ce qu’il avait fait auparavant… C’est un long process pour devenir directeur général de la LPGA… Cela fait plusieurs mois qu’ils étaient en train de chercher quelqu’un. S’ils l’ont choisi, c’est tout sauf un hasard. On va voir. Il a pas mal d’expérience, et pas seulement dans le golf… J’espère que ça va matcher. De ce que j’ai vu et lu, il a l’air super motivé. Je pense que c’est un bon challenge, une bonne opportunité. J’espère que ce sera bénéfique pour les années à venir.
Quel va être votre calendrier jusqu’à l'Amundi Evian Championship le 10 juillet prochain ?
Je ne vais pas jouer tant que ça. Après l’U.S. Women’s Open, il y aura le Meijer LPGA Classic (12-15 juin) et le KPMG Women’s PGA Championship (19-22 juin). Et puis Évian… Évian, c’est un rendez-vous où j’ai toujours envie de performer. Forcément !
Ses 8 participations
2014 - Pinehurst Resort : cut (en tant qu'amateur)
2015 - Lancaster Country Club : cut (en tant qu'amateur)
2019 - Country Club of Charleston : 5e
2020 - Champions Golf Club : cut
2021 - Olympic Club : 35e
2022 - Pine Needles Lodge & Golf Club : 34e
2023 - Pebble Beach Golf Links : 45e
2024 - Lancaster Country Club : 58e