Victorieuse ce dimanche de l'Amundi Evian Championship, son premier Majeur, Céline Boutier est revenue sur son succès en conférence de presse. Extraits.
Céline, nous sortons du green du 18 et d’une très belle remise des prix. Comment vous sentez-vous, à présent, avec ce trophée à vos côtés ?
Très impressionnée. Je regardais les noms sur ce trophée, et je n’arrive pas encore vraiment à réaliser. C’est plus qu’un rêve pour moi, et ce depuis si longtemps. Y parvenir cette semaine a été en fait assez inattendu pour moi, mais là je suis sur un nuage.
Vous avez commencé votre partie aujourd’hui par trois birdies sur vos cinq premiers trous, et vous avez dit dans votre première réaction que ça vous avait surprise. Pourquoi cette surprise, et en quoi cela vous a-t-il aidée à juguler votre éventuelle nervosité ?
Je savais que prendre un bon départ allait être une clé pour l’ensemble de la journée. J’ai tapé deux bons coups au 1 pour me mettre en bonne position, et j’ai fait birdie. Celui du 2 était un peu inattendu. Avec le birdie du 5, c’est sûr qu’il s’est passé beaucoup de choses sur mon début de partie. Je ne m’en plains pas du tout bien sûr (rires), c’était très agréable de faire ces birdies tôt, ça m’a permis de me relâcher un peu plus.
Cela se sentait que vous aviez toute une nation derrière vous cette semaine. Comment vous sentiez-vous, aujourd’hui, sur le départ du 1 où il y avait beaucoup de monde ?
J’ai déjà joué ce tournoi sept fois auparavant, et je n’ai jamais très bien géré la pression. C’était l’un de mes objectifs cette semaine, je voulais mieux gérer cette pression. Aujourd’hui, après avoir tapé le premier coup, en marchant sur le fairway du 1, j’ai déjà commencé à me sentir plus calme. Les conditions étaient tellement difficiles que cela m’a aidée à me concentrer sur le jeu plutôt qu’autre chose.
Est-ce qu’à certains moments, vous avez regardé les leaderboards pour vous rendre compte de l’ampleur de votre avance ?
Je l’ai un peu fait, à la fin. Mais j’étais tellement nerveuse hier soir et ce matin que je me suis mis comme règle de ne me concentrer que sur moi, et pas sur le jeu de qui que ce soit. Et j’ai le sentiment que j’ai fait du bon travail sur ce point.
Quelles étaient vos émotions sur le green du 18, au moment de conclure le tournoi ?
J’étais tellement concentrée sur ce que j’avais à faire, sur le fait de faire des pars, de taper des bons coups… J’essayais de ne pas me projeter, de ne pas y penser car ce n’était pas encore fait. Mais avec la remise des prix, en voyant les spectateurs tout autour m’applaudir, en voyant le drapeau français s’ajouter dans la liste des lauréates, c’était tout simplement incroyable. J’ai du mal à exprimer ce que je ressens.
Avant les Jeux olympiques de Tokyo en 2021, vous avez dit que pour jouer pour votre pays, vous étiez même prête à y aller en bateau. Qu’est-ce que cela représente, pour vous, de gagner en France devant votre public ?
Comme je le disais, c’était mon plus grand rêve. Si je devais gagner un seul tournoi, ce serait forcément Évian. Encore une fois, je ne m’attendais vraiment pas à ce que ce soit cette semaine, mais j’ai une chance incroyable de pouvoir partager ça avec ma famille et tout le public français. Ils ont été incroyables toute cette semaine, ils ont été d’un très grand support, m’ont apporté une énergie positive, ça m’a nourrie. C’est génial de pouvoir partager ça avec toute la communauté du golf français. Je n’aurais pas pu imaginer meilleur scénario, c’est tellement parfait que c’est dur à croire.
Vous avez réussi à gagner cette semaine malgré la pression de jouer avec les attentes du public français. Est-ce de bon augure, selon vous, en vue des Jeux olympiques l’année prochaine ?
C’est vrai que ça me donne un peu plus confiance pour Paris 2024. En plus je connais très bien le parcours, vu que j’ai grandi là-bas dans les structures de la ffgolf. Donc j’ai très hâte d’y être.
Cette victoire vient au bout d’un long chemin à travers l’université, la deuxième division américaine, le LPGA Tour… Y a-t-il eu des moments durs ou des moments de doute sur ce chemin ?
C’est clair. La période la plus difficile a été ma dernière année universitaire et ma première année professionnelle, où j’ai vraiment eu des blocages. Je n’arrivais pas vraiment à jouer sans me stresser, c’était presque au stade des crises de panique. Mais j’ai eu beaucoup d’aide, je n’y serais jamais arrivée sans mon entourage. Mais il est évident que ce n’est pas toujours la vie en rose.
Pauline Roussin-Bouchard a dit ce matin après sa partie que vous ouvriez la porte aux jeunes golfeurs français. Est-ce que vous avez la sensation d’être un modèle pour beaucoup de jeunes ?
Je l’espère, ça serait incroyable d’avoir un impact sur des jeunes pour qu’ils commencent ou continuent le golf. Ce n’est pas forcément facile pour moi de m’en rendre compte, car je vis aux États-Unis, mais si, sur le chemin, j’inspire d’autres personnes, c’est encore mieux.
En quoi cette victoire peut-elle changer votre carrière à l’avenir ?
Je pense que n’importe quelle victoire majeure est déjà incroyable. Pouvoir le faire à la maison est encore plus difficile, car pour moi c’est le tournoi qui a la plus grosse signification. Ça me donne beaucoup plus de confiance sur ma capacité à gagner des Majeurs dans le futur.