Rory McIlroy a remporté le Masters 2025 ce dimanche, glanant le seul titre qui lui manquait parmi les Majeurs. Une victoire venue au bout d'une journée d'anthologie à Augusta, où le scénario a été balloté dans tous les sens, jusqu'au tout dernier putt.

Rory McIlroy est le premier golfeur depuis Tiger Woods à remporter les quatre Majeurs dans sa carrière. © Andrew Redington / Getty Images - AFP

Les portes sont grandes ouvertes. Pour Rory McIlroy tout d'abord, afin d'accueillir en grande pompe le triomphe qui est le sien, ce dimanche à l'issue du Masters 2025. Triomphe sur un parcours qui lui a soutiré quatre doubles bogeys en une semaine, le record pour un porteur de la veste verte. Triomphe sur des adversaires coriaces, pas tant Bryson DeChambeau, dont le ressort s'est comprimé jusqu'à la rupture, mais plutôt Justin Rose, revenu au grand galop en rentrant dix birdies dans sa journée. Triomphe sur près de 11 années sans victoire en Majeur, une éternité surtout longue vers la fin, comme l'aurait décrite Woody Allen. Triomphe sur lui-même enfin, sur ses vieux démons de drive en hook sur le 10 d'Augusta, de putts loupés dans les moments clés de différents Majeurs, de conférences de presse de début de semaine géorgienne où, à quelques nuances près, une seule et même question lui était posée : « Rory, c'est pour cette année ? » Oui, c'est pour cette année.

Mais les portes massives de l'histoire du jeu sont également grandes ouvertes pour la journée vécue par les fans de golf du monde entier à la vue du dénouement de ce Masters. Chaque coup, chaque score qui bouge, chaque putt qui tombe ou qui frise de la part des protagonistes a ballotté la destinée de la veste verte d'une paire d'épaules à l'autre. Avec, comme acteur de premier rôle tout du long, Rory McIlroy. Au final, c'est bien lui qui restera sur l'affiche.

La journée s'annonçait comme un duel entre le Nord-Irlandais et DeChambeau, associés dans la dernière partie, et remis à égalité dès le 1 par le double bogey assez peu veinard de McIlroy. Le birdie de l'Américain sur le trou suivant faisait survenir l'impensable : en deux trous, il avait pris seul les commandes. Pas pour longtemps. Dès le trou suivant, il montrait une fragilité au putting qui n'allait pas le quitter de la journée, et le voir glisser de manière inexorable. Son coup de fer dans l'eau au 11 faisait office de confirmation quant à son incapacité à être un facteur sur les neuf derniers trous.

Redevenu serein après son début nerveux, Rory McIlroy déroulait son golf. Son birdie au 10, son quatrième de la journée, le plaçait à -14, avec une bonne marge sur des adversaires directs qui se nommaient désormais Ludvig Åberg, Patrick Reed et Justin Rose, bien remis de sa baisse physique des trois derniers trous la veille. La bataille était déjà sublime, mais McIlroy l'a fait basculer dans l'impensable. Bien malgré lui tout d'abord, en expédiant un coup de wedge parfaitement inconcevable dans l'eau au 13, pour un double bogey qui a fait béer plus d'une mâchoire. De tout son talent ensuite, au 15, alors qu'il en était revenu à partager la tête, en expédiant un coup de fer sublime pour se donner une occasion d'eagle... qu'il manquait de convertir. Pas plus de réussite au 16, alors qu'au même moment, Justin Rose, diable insatiable, rentrait un putt magnifique pour établir le score au club-house à -11.

Il fallait donc un birdie sur les deux derniers trous au Nord-Irlandais, qui a toujours réussi à charrier derrière lui le sentiment qu'il était, quoi qu'il arrive, seul dépositaire du scénario du tournoi. Nouveau coup de fer impeccable au 17, pour rentrer le birdie providentiel. Tout est fini, alors ? Pas sans que le vieux démon revienne faire un tour au 18, où il mettait son attaque de green dans le bunker, relançant une dernière fois le tournoi. Une première fois, il échouait à 2 m pour remporter le tournoi. Il fallait se faire une raison : un play-off en mort subite allait opposer Rory McIlroy et Justin Rose, deux hommes que sept coups séparaient après dix trous, ce dimanche.

Retour, donc, au départ du 18 pour une mort subite entre les deux compères de l'équipe européenne de Ryder Cup, alors que le public, scène rare à Augusta, scandait le prénom « Rory » en litanie. La mise en jeu ne les a pas départagés, mais le deuxième coup a donné une première indication. Tombé tout près du trou, l'Anglais est allé se percher un peu sur le haut du plateau, se laissant une occasion de birdie réelle mais complexe. Face à un coup quasi identique à celui qu'il a eu à taper sur son 72e trou, McIlroy a mis son pied dans ce mince entrebâillement, en clouant sa balle à un gros mètre du trou. Après l'échec de Rose, le putt de la gagne était là. De nouveau. En patron qu'il assumait enfin d'être redevenu, il l'a mis plein trou, quelques instants avant de tomber à genou front contre terre sur le dernier green d'Augusta. Après avoir passé la journée, le tournoi et toutes ces années à faire béer les bouches des fans, cette fois, enfin et sans doute pour toujours, il leur inondait les yeux.

Grand chelem en carrière complet pour McIlroy

En remportant le Masters ce dimanche, Rory McIlroy est devenu le sixième joueur à avoir remporté les quatre Majeurs du golf moderne. Avant lui, Ben Hogan, Gene Sarrazen, Gary Player, Jack Nicklaus et Tiger Woods ont remporté le Masters, le PGA Championship, l'U.S. Open et The Open Championship.