Matthieu Pavon et Victor Perez, les deux Français engagés dans la 106e édition du PGA Championship, découvrent un site qui a reçu à trois reprises déjà le deuxième Majeur de la saison, mais qui a également accueilli, entre autres, la Ryder Cup 2008 remportée par les États-Unis.

Gary Woodland et Dustin Johnson en reconnaissance ce lundi 13 mai au Valhalla Golf Club. © Andy Lyons / Getty Images - AFP

Le tournoi

Appelé également USPGA, le PGA Championship est un tournoi de la PGA of America, l’Association des golfeurs professionnels américains, alors que l’U.S. Open est géré par l’USGA (United States Golf Association). Positionné habituellement à la mi-août depuis 1969 en tant que quatrième Majeur de la saison, il est depuis 2019 programmé en mai, un mois environ après le Masters. Lancé en octobre 1916, ce tournoi s’est disputé en match play jusqu’en 1957 avant de passer l’année suivante en formule stroke play sur 72 trous du jeudi au dimanche. Jack Nicklaus et Walter Hagen détiennent toujours le record de victoires (5) tandis que l’Australien Jason Day possède le record du score le plus bas sur un par 72 : -20 (268), en 2015. Brooks Koepka, le tenant du titre, a pour sa part joué -16 (264) sur quatre tours en 2018, mais c’était sur un par 70 (à Bellerive, Missouri).

Rappelons qu’en cas d’égalité après 72 trous, un play-off sera disputé sur trois trous (13, 17 et 18). Toujours en cas d’égalité, on repartira sur le 18 et si les joueurs ne se sont toujours pas départagés, l’enchaînement 13, 17 et 18 sera de nouveau au programme jusqu’à la victoire d’un des protagonistes.

Le site

Créé en 1986 sous la direction de Jack Nicklaus, le Valhalla Golf Club se situe à Louisville, dans le Kentucky. Il a organisé trois PGA Championship en 1996, 2000 et 2014, remportés respectivement par Mark Brooks, Tiger Woods et Rory McIlroy. Le site fut également le théâtre de la Ryder Cup 2008 où les États-Unis, emmenés par le capitaine Paul Azinger, sont restés maîtres à domicile, l’emportant 16,5 à 11,5. Le Valhalla GC a aussi accueilli le KitchenAid Senior PGA Championship 2004 et 2011 (victoires respectives de Hale Irwin et Tom Watson), le Boys Junior PGA 2018 (victoire de Akshay Bhatia) et le Girls Junior PGA 2021 (victoire de Anna Davis).

En 2017, la rénovation de l’imposant club-house de 1394 m² a nécessité une enveloppe de 4 millions de dollars comprenant également les vestiaires, un restaurant et des salles de séminaire.

Le parcours

Ce par 71 mesure 6957 mètres (7609 yards), soit 151 yards (138 mètres) de plus qu’en 2014. Son trou le plus long est le par 5 du 7, soit 597 yards (546 mètres) tandis que le trou le plus court est le par 3 du 3 avec 208 yards (190 mètres). Pour l’édition de 2014, les 18 greens ont été redessinés, les bunkers rénovés et un nouveau système de drainage installé. En 2021, juste après le Girls Junior PGA, le gazon des fairways a été remplacé par une herbe nécessitant moins d’eau et moins de produits chimiques. Le terrain est devenu plus ferme, offrant un roulis plus important de la balle. Le rough entre les fairways et les bunkers a également été retiré, permettant aux balles de filer dans les bunkers sans être freinées.

La dotation

Elle était de 17,5 millions de dollars en 2023. Déjà vainqueur à deux reprises en 2018 et 2019, et donc exempté à vie, Brooks Koepka, lauréat de la 105e édition à Oak Hill (New York), était reparti avec un chèque de 3,15 millions de dollars.

Le tenant du titre

Pour la troisième fois dans sa carrière, Brooks Koepka va remettre en jeu l’imposant Rodman Wanamaker Trophy (12 kilos, 75 cm de haut). Le Floridien, âgé de 34 ans depuis le 3 mai, affiche désormais cinq succès en Majeur, avec les U.S. Open 2017 et 2018. Présent ici même en 2014 lors la dernière visite du tournoi, il avait terminé à la 15e place, à sept coups de Rory McIlroy. Passé sur le LIV Golf en juin 2022, il faisait partie de l’équipe américaine de Ryder Cup battue à Rome (Italie) le 1er octobre dernier. Vainqueur le 5 mai 2024 sur l’étape de Singapour du circuit financé par le Fonds d’investissement public (PIF) d’Arabie saoudite, Koepka occupe pour le moment la 5e place de l’ordre du mérite grâce à deux autres top 10 et deux top 15, en sept tournois joués.

21 membres de la PGA of America

Comme le veut la tradition, plusieurs membres de la PGA of America, à savoir ici des enseignants, participent chaque année au PGA Championship. Ils sont habituellement 20 à pouvoir défier les meilleurs golfeurs de la planète. Cette année, ils sont 21. Michael Block avait en effet créé la sensation en 2023 à Oak Hill en prenant la 15e place finale, qualificative pour l’édition suivante. À noter que le meilleur résultat d’un membre de la PGA of America depuis 1916 est toujours la propriété de Tommy Bolt, troisième en 1971, à trois coups seulement de Jack Nicklaus !

Le champ

Cent cinquante-six joueurs sont au départ de cette 106e édition. En proie à des soucis physiques respectivement au dos et au genou, Will Zalatoris et Ludvig Åberg, dont c’est la grande première dans un USPGA, sont néanmoins au départ. Tout comme Tiger Woods, arrivé dès dimanche à Louisville et apparemment gonflé à bloc. Le Tigre, victorieux ici en 2000 après un play-off échevelé face à Bob May, n’est plus apparu en compétition depuis le Masters il y a un mois où il a fini 60e après un terrible samedi bouclé en 82 (+10).

Au repos depuis sa victoire au RBC Heritage, qui suivait de quelques jours son triomphe à Augusta, Scottie Scheffler revient aux affaires après être devenu papa d’un petit garçon. Rappelons que le Texan, incontestable n° 1 mondial, a gagné quatre fois lors de ses cinq derniers départs. Troisième en 2019, Jordan Spieth, qui n’est plus apparu depuis son cut manqué au Masters, vise toujours un Grand Chelem personnel : c’est sa septième tentative.

Plusieurs cadors du PGA Tour lorgnent également sur un premier succès en Majeur. Citons évidemment Xander Schauffele, n° 3 mondial, mais aussi Patrick Cantlay, Viktor Hovland, Tony Finau ou encore Max Homa. Natif de Louisville, Justin Thomas, deux fois vainqueur du PGA Championship, est également un sérieux prétendant.

Rory McIlroy, dix ans déjà…

Et si c’était la fin de dix années de disette en Grand Chelem ? Fort d’une victoire de prestige ce dimanche 12 mai au Quail Hollow Club dans le Wells Fargo Championship (après celle obtenue en double avec son ami Shane Lowry au Zurich Classic), Rory McIlroy débarque à Valhalla avec les faveurs des pronostics. Un site qu’il connait sur le bout des doigts puisque c’est là, quelques semaines après son succès à The Open du côté de Hoylake, que le Nord-Irlandais s’était imposé le 10 août 2014 d’une toute petite longueur devant Phil Mickelson, Henrik Stenson et Rickie Fowler se contentant de la 3e place. « Je crois que les étoiles sont alignées en ce moment », a soufflé l’actuel n° 2 mondial quelques minutes après avoir décroché ce sixième Signature Event de la saison sur le PGA Tour.

Victor Dubuisson, le record à battre…

2014 a incontestablement été l’année de référence de Victor Dubuisson. Finaliste fin février du WGC-Match Play dans le désert de l’Arizona après un duel épique face à Jason Day, le Cannois s’offre une très belle 9e place à The Open au mois de juillet au Royal Liverpool, avant de prendre dans la foulée la 7e place du PGA Championship à Valhalla en compagnie de Ernie Els, Hunter Mahan, Mikko Ilonen, Steve Stricker et Jimmy Walker. C’est à ce jour le meilleur résultat d’un Français dans un USPGA. Une performance confirmée en septembre à Gleneagles (Écosse) où il demeure invaincu à la Ryder Cup (deux victoires, un nul) remportée par l’équipe européenne.

Grande première pour Matthieu Pavon

Aussi étonnant que cela puisse paraître, Matthieu Pavon va prendre part cette semaine à son premier PGA Championship, le tournoi du Grand Chelem le plus « accessible » des quatre dans une saison. Douzième du Masters il y a un mois, le Bordelais a déjà participé à trois U.S. Open (25e en 2018) et à The Open (cut manqué en 2017 à Birkdale). Vainqueur le 27 janvier dernier au Farmers Insurance Open, le 22e joueur mondial traverse actuellement une zone de turbulences. Quarante-neuvième puis 67e au RBC Heritage et au Wells Fargo Championship, les deux derniers Signature Events au calendrier, le Français s’est entre-temps contenté d’une 30e place à l’ISPS Handa Championship le 28 avril, sur le DP World Tour cette fois…

Victor Perez apprécie l’USPGA

Unique représentant tricolore l’an passé à Oak Hill, Victor Perez s’était distingué en prenant la 12e place finale et en validant son ticket pour l’édition 2024 à Louisville (le top 15 est directement qualifié pour l’année suivante). Le Tarbais s’élance cette semaine pour son quatrième USPGA, son 13e Majeur. C’est dans ce tournoi du Grand Chelem que l’actuel 98e mondial a signé ses meilleures performances. Outre sa performance à Rochester (New York), il avait terminé à la 22e place en août 2020 au TPC Harding Park de San Francisco. Sur le PGA Tour depuis le début de la saison grâce à sa 7e place à la Race to Dubai 2023 sur le DP World Tour, Victor Perez vient de prendre la 46e place du Myrtle Beach Classic, un tournoi alternate du circuit américain placé en face du Wells Fargo Championship. Il pointe à la 114e place de la FedEx Cup. En onze départs, il est parvenu à terminer une seule fois dans un top 10 : troisième du Puerto Rico Open, le 3 mars dernier.