Alors que le tournoi cher à Franck Riboud, son président, souffle ses trente bougies cette semaine, on se met à rêver d’un doublé historique de Céline Boutier, l’actuelle n° 6 mondiale qui remet son titre en jeu.
Céline Boutier : et si on doublait la mise ?
Tenante du titre, la Française va disputer cette semaine son 39e Majeur, son 8e Amundi Evian Championship. Jusqu’à sa fantastique victoire l’an passé, ses résultats en Haute-Savoie n’étaient pourtant guère fameux. Vingt-neuvième en 2014 alors qu’elle était encore amateur, elle n'avait pas franchi le cut en 2015, ni en 2022. Soixante-neuvième en 2018, 67e l’année suivante, elle avait égalé sa meilleure performance en 2021 en ne jouant qu’une seule fois au-dessus du par.
Ses sorties en Majeur cette saison sont tout juste moyennes puisqu’elle n’a pas passé le cut au Chevron, a pris la 58e place à l’U.S. Women’s Open et terminé 19e au KPMG Women’s PGA Championship. Sur ses quatorze tournois joués depuis le mois de janvier sur le LPGA Tour, la Francilienne installée à Dallas (Texas) ne compte qu’un top 10 (2e au HSBC Women’s World Championship le 3 mars), mais n’a manqué qu’un seul cut.
Delacour, Roussin-Bouchard et Cernousek, toutes invitées
Outre Céline Boutier, il y aura trois autres Françaises au départ cette année, toutes invitées par l’organisation du tournoi. On est malgré tout loin du record de 2014 où elles étaient huit ! Soixante-dix-huitième mondiale, Perrine Delacour s’élance ce jeudi pour son cinquième Amundi Evian Championship. La Picarde tentera ici de faire mieux que la 54e place finale obtenue en 2022. C’est d’ailleurs la seule fois où elle a validé son ticket pour le week-end.
Revenue sur le Ladies European Tour (LET) après avoir perdu son droit de jeu fin 2023 sur le circuit américain, Pauline Roussin-Bouchard joue elle aussi son cinquième Evian Championship. Après un cut manqué en 2019, elle s’est toujours qualifiée pour les deux derniers tours, même si, à l’arrivée, elle n’a jamais accroché une place d’honneur : 38e en 2021, 72e en 2022, 54e en 2023. Cette année, qui sait ?
Découverte sur la scène professionnelle à la fin du mois de mai à l’U.S. Women’s Open (2e après dix-huit trous), Adela Cernousek découvre cette semaine Évian en mode Majeur. Âgée de 20 ans, championne NCAA cette année, le Champions Course de l’Évian Resort Golf Club ne lui est toutefois pas inconnu puisqu’elle a déjà participé à The Amundi Evian Juniors Cup en 2017.
Le tournoi
Créé en 1994 par Antoine et Franck Riboud, l’Évian Masters (rebaptisé Évian Championship en 2013) devient un double badge en 2000 (LPGA Tour/Ladies European Tour). Mais le vrai tournant s’effectue en 2011 quand Mike Whan, alors le patron du circuit américain, annonce que le tournoi deviendra le 5e Majeur de la saison à partir de 2013. La Norvégienne Suzann Pettersen inscrit son nom à la première édition version Grand Chelem disputée, du 12 au 15 septembre. D’importantes chutes de pluies réduisent toutefois le format du tournoi à 54 trous. Ce scénario se reproduira en 2017 (victoire de la Suédoise Anna Nordqvist). Une contrainte qui amène le LPGA Tour et les organisateurs de l'épreuve à déplacer l’édition 2019 à la fin du mois de juillet, créneau occupé initialement par l’Evian Masters de 1994 à 2002.
Avec l’arrivée d’un nouveau sponsor-titre en 2021, le tournoi change de nom et devient Amundi Evian Championship. Seul Majeur, hommes et femmes confondus, à se disputer en Europe continentale, il fête cette semaine ses trente ans.
Évian et Amundi, une affaire qui roule
Valérie Baudson, directrice générale d’Amundi, leader européen de la gestion d’actifs, et Franck Riboud, président de The Amundi Evian Championship, ont annoncé ce 5 juillet 2024 un renouvellement de leur alliance pour les cinq ans à venir. Amundi restera ainsi le sponsor-titre jusqu’en 2030. Ce partenariat s’inscrit dans l’ADN d’Amundi, qui partage avec ses clients des valeurs essentielles pour la pratique du golf : performance, constance, précision. Ce renouvellement témoigne également de l’engagement d’Amundi dans la promotion de la diversité et de l’égalité des chances. De fait, la dotation du tournoi, qui vient d’être portée à 8 millions de dollars (voir plus bas), permet de gravir une marche supplémentaire vers la parité dans le sport.
La dotation
Grâce à l’arrivée du nouveau sponsor titre en 2021, Amundi, mais aussi avec l’appui d’autres très fidèles partenaires tels Danone et Rolex, la dotation est d’abord passée de 4,1 à 4,5 millions de dollars. Elle a été augmentée à 6,5 millions de dollars en 2022 avant d’être poussée à 8 millions pour cette édition 2024. L’Amundi Evian Championship talonne désormais l’AIG Women’s Open (9 millions) alors que l’U.S. Women’s Open demeure le « champion » toutes catégories avec ses 12 millions de dollars, devant le KPMG Women’s PGA Championship (10,4 millions). La lauréate repartira de France avec un chèque de 1,2 million.
Le parcours
Situé à une altitude moyenne de 480 mètres au-dessus du niveau de la mer, né en 1904 mais totalement relooké pour le passage en Majeur en 2013 pour la somme de 8 millions de dollars, le Champions Course (par 71 de 6527 yards, soit 5968 mètres) a été dessiné par Steve Smyers et le cabinet European Golf Design. Deux gros changements sont intervenus pour cette édition 2024. Deux obstacles d’eau au 5 et au 18 qui vont clairement corser les attaques de greens. L’étang qui faisait face au green du par 3 du 5 a ainsi été agrandi (11 000 m3). Ici, il ne faudra en aucune manière se tromper dans le choix du club.
Idem sur le par 5 du 18 où la pièce d’eau a été reliée au système d’arrosage afin d’assurer une autonomie plus importante encore en termes d’eau de récupération. Avec un fairway plus étroit, la stratégie à cet endroit, où la victoire finale s’est souvent jouée les années précédentes, sera primordiale. Faudra-t-il attaquer ce green ou plutôt l’appréhender en régulation ? Il va y avoir du sport !
Records à gogo
L’Amundi Evian Championship collectionne depuis son passage en Majeur en 2013 un certain nombre de records. Auteur d’un magistral 61 (-10) au premier tour de l’édition 2014, la Sud-Coréenne Hyo-joo Kim signe le score le plus bas jamais réalisé dans un Grand Chelem, là encore hommes et femmes confondus (égalé depuis par Jeongeun Lee6 et Leona Maguire en 2021, respectivement au 2e et 4e tour). Un an plus tard, la Néo-Zélandaise Lydia Ko devient la plus jeune lauréate dans un Majeur à seulement 18 ans, 4 mois et 20 jours. En 2016, la Sud-Coréenne In Gee Chun l’emporte avec un score total de 263 (-21), effaçant du même coup des tablettes l’Australien Jason Day (-20 à l’USPGA 2015) et le Suédois Henrik Stenson (-20 à The Open 2016). Xander Schauffele a égalé là aussi ce record lors du dernier PGA Championship : -21 (là aussi sur un par 71).
En 2018, l’Américaine Angela Stanford décroche son premier Majeur à son 76e départ. À 40 ans et 11 mois, elle devient la deuxième joueuse la plus âgée à remporter un tournoi du Grand Chelem derrière l’Uruguayenne Fay Crocker, 45 ans, 7 mois et 11 jours au Titleholders Championship en 1960.
Les meilleures spécialistes au départ
Pour ses 30 ans, The Amundi Evian Championship promet un spectacle au sommet. Au premier rang des favorites, Nelly Korda est solidement installée à la première place mondiale avec 6 victoires en 11 tournois disputés depuis le début de la saison. Mais la fille de l’ancien tennisman tchèque, Petr Korda, reste sur trois échecs consécutifs, dont deux en Majeur. Pire encore, mordue par un chien juste après avoir manqué le cut au KPMG, elle a préféré déclarer forfait à l’Aramco Team Series-London.
Présente aussi Lilia Vu. Revenue au plus haut niveau de sa forme après une blessure au dos et près de trois mois d’interruption, elle a enchaîné avec une victoire au Meijer LPGA Classic suivie d’une 2e place au KPMG Women’s PGA Championship.
Derrière, les forces en présence rivalisent de talent. Citons la Sud-Coréenne Jin Young Ko, n° 3 mondiale et vainqueur de The Amundi Evian Championship en 2019, ou encore sa compatriote Amy Yang, n° 5 mondiale, lauréate du 3e Majeur de la saison. Signalons toutefois les forfaits des Chinoises Ruoning Yin, n° 4 mondiale, victorieuse du Dow Championship le 1er juillet avec la Thaïlandaise Atthaya Thitikul, et de Xiyu Lin, n° 15. Absente sur les rives françaises du lac Léman depuis 2019, Lexi Thompson, future retraitée en fin de saison, a elle aussi fait l’impasse.