Architecture du parcours, nature des sols, végétation, situation géographique, manière de jouer… Tant de paramètres peuvent expliquer ce qu’est un parcours de golf "links" que la définition elle-même est ardue. Alors que débute l'édition 2021 de l'Open britannique, coup de projecteur sur des parcours censés refléter l’essence du jeu de golf.
« Le British, ça se joue toujours sur des links. » Tous les amateurs de golf au monde ou presque se sont déjà fait présenter les choses de cette façon, pour parler du Majeur disputé chaque mois de juillet au Royaume-Uni. D’accord, mais un links, en vrai, qu’est-ce que c’est ? Quelle frontière sépare ce qui est links et ce qui ne l’est pas ? Suffit-il d’être un parcours en bord de mer pour être un links ? Et cette catégorisation a-t-elle seulement un sens dans un sport où, au final, chaque parcours est unique ? Tentons quatre approches.
Un links, c’est bosselé avec des bunkers en cratère
Ils sont une part essentielle de l’identité de l'Open britannique, et des parcours links en général: les fameux "pot bunkers". Entendez par là de petits bunkers, parfois suffisamment profonds pour faire disparaître le joueur derrière l’horizon, et pas assez larges pour qu’il puisse y prendre son stance confortablement. Rien de mieux, pour en comprendre la difficulté, que de voir Rory McIlroy avoir besoin de six coups (heureusement pour lui à l’entraînement) sur le très court par 3 du 8 du Royal Troon (un trou surnommé le "Timbre-poste") pour sortir du sable.
Le tout doit, en principe, s’accompagner de fairways bosselés, qui auront tendance à envoyer les balles de joueurs un peu trop téméraires dans ces fameux bunkers. Ces derniers, bien qu’iconiques, peuvent avoir plusieurs aspects suivant les tracés. Ainsi, sur le parcours nord-irlandais du Royal Portrush, qui a accueilli The Open en 2019, les lèvres des bunkers présentent souvent des contours plus arrondis.
Un links, c’est sur du sable en bord de mer
Ici se situe peut-être la principale caractéristique pour définir un links. Et pour cause, le mot "links" lui-même est dérivé d’un terme anglo-saxon moyenâgeux, "Hlinc", désignant ces paysages d’herbes hautes en bord de mer.
Ces parcours sont donc généralement situés en bord de mer, sur un sol et un sous-sol sablonneux qui favorise l’enracinement tout en ayant de grandes capacités de drainage. Par conséquent, l’herbe tend naturellement à rester rase, et pour peu qu’une sécheresse vienne s’en mêler, la balle aura tendance à beaucoup rouler. L’édition 2018 de The Open, à Carnoustie, en avait donné l’illustration la plus flagrante.
Sur un links, il n’y a pas d’arbre
Conséquence directe de la situation géographique : entre le vent, la salinité et la nature du sol, difficile voire impossible de faire pousser des arbres. Les links sont donc typiquement entourés de bruyères et d’arbustes, et dans certains cas (surtout au Royaume-Uni) de hauts roughs où il est possible de perdre non seulement sa balle, mais aussi son sac.
Sans la protection d’une végétation haute, le chemin est ainsi grand ouvert pour ce que les locaux écossais aiment appeler « une légère brise ». Comprenez un bon 60 km/h de vent au bas mot, avec un peu de pluie pour agrémenter, comme lors du 3e tour de l’édition 2002 de The Open, à Muirfield, où Tiger Woods avait notamment pris l'eau, au propre comme au figuré, en signant un 82.
Sur un links, il faut faire rouler la balle
Prendre un putter à 20 m du green et 40 m du trou, taper un coup de départ qui ne décolle pas de plus de 3 m, putter dos au trou pour laisser la pente du green faire le reste… Peu de tracés autres que les links permettent de voir les meilleurs joueurs de la planète exécuter ce genre de coups. Lors du Scottish Open 2018 à Guilane, Phil Mickelson avait poussé le principe très loin :
Mais bien sûr, la démonstration restée la plus célèbre est sans doute resté celle de Tiger Woods, en 2006 à Hoylake lors de l'Open britannique. Le Tigre n’avait tapé que des fers depuis le départ lors du dernier tour, sur un tracé du Royal Liverpool totalement jauni par la sécheresse.