Comme chacun des quatre majeurs masculins, l’US Open, qui débute ce jeudi à Torrey Pines, a son identité propre. Elle est résumée dans cette formule, revendiquée et scandée par son organisateur l’USGA : le plus gros test de golf.
Des roughs diaboliques
Un sondage parmi tous les amateurs de golf de haut niveau ferait probablement arriver cette réponse en tête : à l’US Open, les roughs sont épais. Vraiment très épais. Le genre à faire disparaître une balle ? Oui, et puis vraisemblablement aussi les chaussures de l’infortuné qui s’avance pour essayer de la jouer.
Forcément, dans ces conditions, même les meilleurs joueurs de la planète peuvent se trouver désarmés. Même leur santé physique peut en pâtir : en 2007, s’entraînant dans les roughs d’Oakmont deux semaines avant que le tracé pennsylvanien n’accueille l’US Open, Phil Mickelson a contracté une inflammation du poignet qui l’a obligé à se retirer du Memorial Tournament après 11 trous, puis à jouer l’US Open avec un bandage à la main gauche. Et comme de bien entendu, "Lefty" avait manqué le cut.
Une chose est sûre : cette semaine à Torrey Pines, les joueurs vont doublement apprécier le retour du public, avec ses paires d’yeux pour voir tomber les balles et ses paires de pieds pour piétiner certaines parcelles. Mais évidemment, ce sera relativement loin des greens, désolé Troy Merritt :
Même les meilleurs craquent
Les roughs, c’est une chose. Mais en y ajoutant des fairways étroits, des greens fermes, bombés et glissants sur des parcours à rallonge, et pour peu qu’un peu de vent vienne s’en mêler, l’affaire peut vite devenir infernale, y compris pour les meilleurs joueurs du monde. Le plus gros test de golf au monde tourne ainsi parfois au test du golfeur, et certains trébuchent.
L’image de Phil Mickelson tapant volontairement dans une balle en mouvement sur un green de Shinnecock Hills en 2018 en a été l’illustration récente la plus visible. La socket de Steve Stricker, en 2013 à Merion lors du dernier tour alors qu’il était plein fairway sur le 2, la preuve ultime que nul n’est à l’abri, pas même la machine à taper droit.
Le parcours de Chambers Bay, hôte de l’événement en 2015, a sans doute offert la plus belle collection, bien aidée par une préparation de parcours plus que limite de la part de l'USGA. La semaine avait notamment offert un geste d’humeur de Billy Horschel s’en prenant physiquement à un green, un putt raté à 40 cm par Ernie Els ou Jordan Spieth (qui allait malgré tout finir par l’emporter) se plaignant au 18 auprès de son caddie (et sans rien ignorer des micros tout autour) de se trouver sur « le trou le plus débile qu’[il] ai[t] joué ».
Le par revalorisé
Conséquence directe des deux paragraphes précédents : depuis 1946, première édition de l’Après-Guerre, l’US open messieurs s’est gagné 23 fois au-dessus du par. Sur le même intervalle, le vainqueur a affiché un score au-delà des -10 à seulement quatre reprises.
Alors, l’US Open est-il un tournoi où éviter les bogeys est plus important que de faire des birdies ? Oui, mais apparemment de moins en moins. En effet, toutes les performances à -10 et mieux datent d’après l’an 2000, année où Tiger Woods gagnait à Pebble Beach à -12 avec quinze coups d’avance. Par ailleurs, des 23 années au-dessus du par, cinq seulement sont des années du XXIe siècle. Il est donc peu probable de revoir un jour une édition telle que celle de 1974, gagnée par Hale Irwin à +7, et surnommée "Le Massacre de Winged Foot".
Un format de playoff particulier
Lorsque deux joueurs ou plus sont à égalité à la fin des quatre tours de l’US Open, tous se retrouvent le lundi pour disputer un playoff en stroke play sur 18 trous. Enfin ça, c’était avant. L’USGA, organisatrice du tournoi, a longtemps gardé ce format d’un autre temps, mais a fini par en changer en 2018, pour passer à un playoff sur deux trous le dimanche même, suivi d’éventuels trous en mort subite si l’égalité persiste. Pour info, The Open, considéré comme le plus traditionnaliste des majeurs, a abandonné le playoff du lundi sur 18 trous dès 1985.
Des parcours iconiques
Pour les joueurs, c’est souvent l’enfer. Mais pour les spectateurs, cela peut prendre des allures de paradis. Les bords du Pacifique à Pebble Beach ou à Torrey Pines, les bunkers "en bancs d’église" d’Oakmont, les hauts roughs ondulés par le vent de Shinnecock Hills, les roughs ensablés de Pinehurst… non seulement l’US Open offre quelques décors de carte postale, mais contrairement à son homologue britannique, d’année en année, il permet aussi de découvrir des tracés aux styles extrêmement différents.