Pour la première fois depuis 1948, la cité des Anges accueille l’U.S. Open. Après le Riviera CC, la 123e édition se déroule cette fois au Los Angeles Country Club. Cinq Français, nouveau record dans ce Majeur, sont au départ.
Le tournoi
Géré par l’USGA (United States Golf Association), l’U.S Open est le deuxième plus ancien Majeur de l’histoire, derrière The Open. La première édition a en effet été disputée le 4 octobre 1895 sur le… neuf trous du Newport Country Club (Rhode Island). Dix pros et un amateur s’étaient affrontés sur deux tours disputés la même journée. Dominé très régulièrement par les joueurs américains, l’U.S. Open est souvent présenté comme le « test ultime » de la saison en référence à ses parcours aux roughs abyssaux et aux greens patinoires. Les scores flirtent très souvent autour du par. Mais parfois, l’exception confirme la règle comme en 2011 et en 2017 avec les triomphes de Rory McIlroy et de Brooks Koepka, victorieux à -16, respectivement au Congressional et à Erin Hills. Record à battre !
Le site
Le Los Angeles Country Club accueille pour la première fois un U.S. Open. C’est la septième fois que cela se produit lors des 50 dernières années après l’Atlanta Athletic Club (1976), Pinehurst (1999), Bethpage (2002), Torrey Pines (2008), Chambers Bay (2015) et Erin Hills (2017). Créé en 1897, rouvert ensuite en 1911 après plusieurs déménagements, le site niché en plein quartier chic de Beverly Hills a été agrandi et compte désormais 36 trous (North et South courses). Los Angeles n’avait plus organisé le moindre U.S. Open depuis 75 ans et la victoire de Ben Hogan au Riviera Country Club, à Pacific Palisades, en 1948 !
Le parcours
Le North Course, un par 70 long de 7421 yards (6785 mètres), a été dessiné par George C. Thomas Jr. Il fut inauguré en 1928 avant d’être relooké en 2010 par Gil Hanse en collaboration avec Jim Wagner et Geoff Shackelford. Il a la particularité de proposer deux par 3 parmi les plus longs et les plus courts dans un U.S. Open. Le 11 est ainsi mesuré à 290 yards (265 mètres) tandis que le 15 ne fait que 124 yards (113 mètres).
La dotation
Elle était de 17,5 millions de dollars en 2022, devenant alors la plus importante dotation d’un tournoi du Grand Chelem. Matthew Fitzpatrick était reparti du Brookline Country Club (Massachusetts) avec un chèque de 3 150 000 dollars. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la dotation pour 2023 n’a pas été annoncée.
Le tenant du titre
À la fois victorieux de l’U.S. Amateur (2013) et de l’U.S Open (2022) sur le même parcours (voir ci-dessus), Matthew Fitzpatrick avait alors rejoint dans la légende Jack Nicklaus (auteur du même doublé en 1961 et en 1972 à Pebble Beach). L’Anglais âgé de 28 ans, 8e au classement mondial, prend cette semaine part à son neuvième U.S. Open. En huit participations, il n’a manqué qu’une seule fois le cut (en 2020 à Winged Foot). Il est aussi parvenu à terminer deux fois 12e en 2018 et en 2019. Il peut devenir le 8e golfeur à conserver le trophée après Willie Anderson (1903, 04, 05), John McDermott (1911, 12), Bobby Jones (1929, 30), Ralph Guldahl (1937, 38), Ben Hogan (1950, 51), Curtis Strange (1988, 89) et Brooks Koepka (2017, 18). Dixième au Masters en avril, il n’a pas franchi le cut il y a un mois au PGA Championship. Vainqueur sur le PGA Tour au RBC Heritage une semaine après Augusta, Fitzpatrick pointe actuellement à la 28e place de la FedEx Cup.
Le champ
Comme pour tout Majeur, les meilleurs golfeurs du monde sont au rendez-vous. L’actuel n° 1 mondial, Scottie Scheffler, ambassadeur Rolex, visera ainsi un second sacre en Grand Chelem après le Masters 2022. L’Américain est plutôt en forme en ce moment. Deuxième ex æquo à l’USPGA, il a pris la 3e place au Charles Schwab Challenge puis au Memorial Tournament il y a moins de deux semaines. Depuis son triomphe à Augusta, Jon Rahm, également ambassadeur Rolex, alterne le bon (2e au Mexico Open) et le moins bon (50e à l’USPGA). Cela fait presque dix ans (USPGA 2014) que Rory McIlroy ne s’est plus imposé à ce niveau mais ses dernières sorties (7e au PGA Championship et au Memorial, 9e au RBC Canadian Open) constituent un sérieux indice. À suivre également ceux qui n’ont pas encore ouvert leur compteur en Majeur tels Patrick Cantlay, Viktor Hovland, Xander Schauffele ou encore Max Homa, le « régional de l’étape ». À suivre aussi avec intérêt le Californien Collin Morikawa, 7 top 10 sur ses 12 derniers Majeurs, victorieux ici en 2017 (avec Scheffler) de la Walker Cup. Sans oublier évidemment les performances de certains membres du LIV Golf, à commencer par Brooks Koepka (13e mondial), le plus fort à Rochester (New York) il y a un mois. Le circuit créé en juin 2022 qui a réussi l’exploit de placer trois des siens parmi les six premiers à Augusta et trois autres au PGA Championship (dont Koepka) dans le top 10.
10 187 joueurs ont tenté leur chance
Nouveau record pour l’USGA qui a enregistré 10 187 participants aux différentes qualifications régionales entre avril et mai (109 sites dans 44 États). Le précédent record datait de 2014 avec 10 127 joueurs inscrits pour tenter leur chance à Pinehurst.
15e fois en Californie
L’État de l’ouest américain accueille pour la 15e fois un U.S. Open. La première fois, c’était en 1948 au Riviera CC (voir plus haut). La dernière fois, en 2021 du côté de Torrey Pines (victoire de Jon Rahm). Pebble Beach Golf Links est à ce jour le site le plus visité (six fois entre 1972 et 2019) devant l'Olympic Club à San Francisco (cinq fois). Tiger Woods, le grand absent cette semaine (avec le 11e mondial, Will Zalatoris), est toujours le seul à s’y être imposé deux fois en mode Majeur : en 2000 et 2008.
Koepka récidivera-t-il ? Pas sûr…
Sale temps pour le vainqueur sortant du PGA Championship quand il s’élance à l’U.S. Open. Du moins lors des trois dernières éditions. Vainqueur au TPC Harding Park en 2020, Collin Morikawa n’avait pas passé le cut à Winged Foot. Phil Mickelson avait pris une très anecdotique 62e place en 2021 à Torrey Pines alors que Justin Thomas n’a pu faire mieux que 37e à Brookline il y a un an.
Cinq Français engagés. Un record !
Jamais dans l’histoire de l’U.S. Open le contingent tricolore n’avait été aussi étoffé. Le précédent record remontait à septembre 2020 à Winged Foot. Romain Langasque avait fini 34e alors que Paul Barjon, Michaël Lorenzo Vera et Victor Perez n’avaient pas franchi le cut. Ils sont cinq à prendre cette fois le départ de cette 123e édition ! Présent dans le top 60 mondial au 22 mai grâce à sa 12e place au PGA Championship, Perez dispute son 4e U.S. Open d’affilée. Le Tarbais s’est, pour l’instant, toujours arrêté après deux tours. Qualifié le 16 mai à Walton Heath (Angleterre) sur 36 trous, Matthieu Pavon fête sa troisième participation. Vingt-cinquième en 2018 à Shinnecock Hills, le Bordelais avait manqué le cut l’année suivante. Présent dans la cité des Anges grâce à sa deuxième place à la série de qualification sur quatre tournois sur le DP World Tour (Italian Open, Soudal Open, KLM Open et Porsche European Open), Langasque tentera de faire mieux encore (voir plus haut) que sur le redoutable tracé de Winged Foot. Lui aussi qualifié en Caroline du Nord le 5 juin (sur 36 trous) avec notamment un énorme 64 l’après-midi, Barjon va, à l’instar de Perez, essayer de se hisser jusqu’au week-end après ses deux échecs en 2020 et 2021. Encore première réserve le 10 juin au soir, l’amateur Bastien Amat, 21 ans, étudiant à l’université du Nouveau-Mexique (comme Perez en son temps), est finalement entré dans le champ le lendemain. Un cadeau de Noël bien avant l’heure !