Après avoir manqué le cut au PGA Championship il y a un mois, Matthieu Pavon et Victor Perez vont tenter de poursuivre l’aventure un peu plus loin dans ce 124e U.S. Open de l’histoire, joué sur le parcours n° 2 de Pinehurst et ses greens redoutables.

Victor Perez a le vent en poupe ces dernières semaines. Confirmation dès jeudi à l'U.S. Open ? © Michael Reaves / Getty Images - AFP

Pavon et Perez, on remet ça

Déjà présents il y a un mois à Louisville (Kentucky) pour le 106e PGA Championship de l’histoire, Matthieu Pavon et Victor Perez, qui n’avaient pas passé le cut, sont de nouveau les deux représentants du golf français engagés cette semaine à Pinehurst. Si le Bordelais, 24e mondial, traverse une sérieuse zone de turbulences (un seul top 15 (12e au Masters) depuis sa 3e place à Pebble Beach le 4 février, soit huit tournois consécutifs), le Tarbais connait, lui, un sérieux bond en avant avec une 3e place au RBC Canadian Open et une 12e place au Memorial Tournament, septième Signature Event sur le PGA Tour. Classé 62e de la FedEx Cup, il tentera cette semaine de vaincre le signe indien en franchissant pour la première fois le cut d’un U.S. Open après quatre échecs d’affilée entre 2020 et 2023.

Jusqu’à son top 15 à Augusta en avril dernier, c’est à l’U.S. Open que Matthieu Pavon avait obtenu son meilleur résultat en Majeur, une 25e place à Shinnecock Hills en 2018 (+12). C’est son quatrième U.S. Open après ses deux cuts manqués en 2021 et en 2023. Rappelons que cinq Français étaient engagés il y a un an – un record ! – à Los Angeles : Romain Langasque, Paul Barjon, Matthieu Pavon, Victor Perez et l'amateur Bastien Amat. Mais seul le premier cité avait validé deux tours supplémentaires le week-end, finissant à la 54e place.

Le tournoi

Géré par l’USGA (United States Golf Association), l’U.S Open est le deuxième plus ancien Majeur de l’histoire, derrière The Open. La première édition a en effet été disputée le 4 octobre 1895 sur le 9 trous du Newport Country Club (Rhode Island). Dix pros et un amateur s’étaient affrontés sur deux tours disputés la même journée. Dominé très régulièrement par les joueurs américains, le tournoi est souvent présenté comme le « test ultime » de la saison en référence à ses parcours aux roughs abyssaux et aux greens patinoires. Les scores flirtent majoritairement autour du par. Mais parfois, l’exception confirme la règle comme en 2011 et en 2017 avec les triomphes de Rory McIlroy et de Brooks Koepka, victorieux à -16, respectivement au Congressional et à Erin Hills. Record à battre !

Le site

Pinehurst a été fondé en 1895 par le magnat bostonien des fontaines à soda, James Walker Tufts. Le premier parcours est sorti de terre en 1897-98. Le Pinehurst Resort & Country Club compte aujourd’hui, en plus de trois hôtels, d’un complexe de villas haut de gamme et de plusieurs restaurants, neuf parcours de 18 trous, chacun nommé par un numéro. Le n° 2, mis en service en 1907, est le plus connu de tous. Classé parmi les meilleurs des États-Unis, il a déjà accueilli trois U.S. Open. Celui de 1999 remporté à -1 (279) par Payne Stewart, alors âgé de 42 ans et 5 mois, et hélas décédé quelques mois plus tard dans un accident d’avion.

En 2005, c’est le Néo-Zélandais Michael Campbell, issu des qualifications européennes, qui décroche la timbale dans le par total, deux coups devant Tiger Woods.

Victorieux quatre ans plus tôt du PGA Championship, l’Allemand Martin Kaymer s’impose en 2014 en ayant été en tête tout au long du tournoi avec un score de -9 (271), soit huit coups d’avance sur les Américains Erik Compton et Rickie Fowler. À noter que l’U.S. Women’s Open 2014, remporté par Michelle Wie, s’est disputé une semaine après au même endroit.

Le parcours

Par 70 de 7543 yards (6897 mètres), le parcours n° 2 se compose de deux pars 5 (5 et 10), de quatre pars 3 (6, 9, 15 et 17) et de douze pars 4. Il est considéré comme le St Andrews de l’Amérique du Nord. L’illustre Donald Ross en est l’architecte. Il a été modifié à plusieurs reprises sous sa direction jusqu’en 1946, peu de temps avant sa mort. Rees Jones a pris le relais pour le premier U.S. Open en 1999, avant que le duo de Bill Coore et Ben Crenshaw ne le relooke en 2011 pour la modique somme de 2,5 millions de dollars.

Si les roughs ne seront visiblement pas la clé de la victoire cette année, les greens, eux, vont très certainement poser d’innombrables problèmes aux joueurs. Wyndham Clark, le tenant du titre, a d’ailleurs annoncé en conférence de presse ce lundi « qu’ils étaient déjà très limites ! » Pour rappel, l’herbe a été remplacée pour ce 124e U.S. Open, passant du bent grass au bermuda, plus résistant à la chaleur. La météo annonce du grand beau temps au-dessus de Pinehurst durant les quatre tours…

Le format

Cent cinquante-six joueurs verront un cut qualifier les 60 meilleurs et ex æquo après deux tours. En cas d’égalité après 72 trous, un play-off sur deux trous viendra départager les éventuels adversaires. Rappelons qu’un play-off sur 18 trous était encore en vigueur en 2008 quand Tiger Woods, le lundi, avait battu à Torrey Pines son compatriote, Rocco Mediate au… 19e trou, en mort subite. C’est d’ailleurs la dernière fois qu’un U.S. Open s’est joué en play-off sur 18 trous (et plus). Depuis 2018, l’USGA a adopté le format d’un play-off sur deux trous, puis mort subite en cas d’égalité.

La dotation

Elle était de 20 millions de dollars en 2023 alors qu’elle affichait 17,5 millions l’année précédente. Le vainqueur repartira de Caroline du Nord avec un chèque de 4 millions de dollars. À moins que l’USGA ne décide d’augmenter une fois encore l’enveloppe cette semaine. Il bénéficiera également de dix années d’exemption à l’U.S. Open, de cinq années pour les trois autres Majeurs ainsi le Players Championship. De plus, il décrochera une exemption de cinq ans sur le PGA Tour. Rappelons aussi que le top 10 (et ex æquo) du 124e U.S. Open sera qualifié pour l’édition 2025 à Oakmont (12-15 juin). Le top 4 (et ex æquo) sera quant à lui invité au Masters 2025.

Le tenant du titre

Après deux échecs en 2021 (à Torrey Pines) et en 2022 (à Brookline), Wyndham Clark, alors classé 32e mondial, s’impose en 2023 au Los Angeles Country Club (Californie) avec un score total de 270 (-10), un coup devant Rory McIlroy. Victorieux un mois avant au Wells Fargo Championship, Clark, 30 ans, s’est imposé en février dernier (sur 54 trous) à l’AT&T National Pro-Am avant de finir deux fois deuxième à l’Arnold Palmer Invitational puis au Players Championship. Classé n° 4 mondial et 5e de la FedEx Cup, l’Américain reste sur deux cuts manqués à l’USPGA et au Memorial Tournament. Le natif de Denver (Colorado) va toutefois tenter de devenir le 8e golfeur de l’histoire à gagner deux fois de suite un U.S. Open après Willie Anderson (1903, 04 et 05), John McDermott (1911, 12), Bobby Jones (1929, 30), Ralph Guldahl (1937, 38), Ben Hogan (1950, 51), Curtis Strange (1988, 89) et Brooks Koepka (2017, 18).

Toujours autant d'inscriptions

L’édition 2014 à Pinehurst détenait le record d’inscriptions enregistrées par l’USGA. À savoir 10 127 joueurs qui avaient tenté leur chance lors des qualifications régionales organisées entre les mois d’avril et de mai. Ce chiffre a néanmoins été battu en 2023 avec 10 187 joueurs recensés, alors que cette année il s'élève « seulement » à 10 052 !

L’U.S. Open en chiffres

Le plus long parcours proposé dans l’histoire du tournoi demeure ce premier tour à Erin Hills (Wisconsin) en juin 2017 avec 7845 yards (7173 mètres). La dernière fois qu’un joueur étranger s’est imposé remonte à 2022 avec l’Anglais Matthew Fitzpatrick. Francis Ouimet est le dernier golfeur à avoir remporté l’U.S. Open à sa première participation, en 1913. Le dernier à gagner grâce à un birdie sur le 72e et dernier trou se nomme Jon Rahm, en 2021 à Torrey Pines.

L’Australien Geoff Ogilvy est le dernier à avoir gagné un U.S. Open (en 2006) sans poster la moindre carte dans les 60. Dans le sens inverse, Gary Woodland a remporté l’U.S. Open en signant quatre cartes dans les 60, à Pebble Beach en 2019. Il est aussi le dernier vainqueur à ne pas franchir le cut l’année suivante (en 2020 à Winged Foot). Si Catherine Lacoste est la dernière amateur à s’être imposée dans un U.S. Women’s Open (en 1967), John Goodman est son pendant au masculin, en... 1933 !

Le champ

Comme pour tout Majeur, les meilleurs golfeurs du monde sont au rendez-vous. L’actuel n° 1 mondial, Scottie Scheffler, est incontestablement le favori suprême. Le Texan a ainsi remporté en 2024 l’Arnold Palmer Invitational, le Players Championship, le RBC Heritage, le Masters et le week-end passé, le Memorial Tournament. Une véritable razzia, et nous ne sommes qu’à la mi-juin, à peine. C’est son 7e départ dans un U.S. Open et son meilleur résultat demeure pour l’instant une 2e place acquise à Brookline en 2022. Il avait dû se contenter de la… 3e place l’an passé à Los Angeles.

À suivre aussi avec beaucoup d’intérêt Xander Schauffele, vainqueur du PGA Championship il y a un mois, mais également Rory McIlroy, stérile en Majeur depuis dix ans mais deux fois vainqueur récemment sur le PGA Tour (Zurich Classic avec Shane Lowry et Wells Fargo Championship), ou encore Collin Morikawa, présent dans le dernier groupe le dimanche à Augusta puis à Valhalla et qui a terminé 2e derrière Scheffler au Memorial.

Et puis comment ne pas scruter avec toujours autant d’attention la prestation de Tiger Woods, de retour dans un U.S. Open pour la première fois depuis Winged Foot en septembre 2020 ? Invité cette année, il n’était pas présent en 2014 (blessure) pour la dernière visite du tournoi à Pinehurst, mais avait fini 3e en 1999 et 2e en 2005.