Rapidement écarté de la bataille pour le titre qui s’est joué entre Rory McIlroy et Bryson DeChambeau, Matthieu Pavon a finalement terminé 5e de l’open américain. Son meilleur résultat en Majeur.

Avec un 5e place à l'U.S. Open, Matthieu Pavon a réalisé une superbe semaine. Sa meilleure en Majeur. © Alex Slitz / Getty Images Via AFP

La relève d’Arnaud Massy attendra encore un peu. Ce dimanche lors du dernier tour du 124e U.S. Open, Matthieu Pavon n’est pas parvenu à convertir sa vraie première occasion de remporter l’un des quatre plus grands tournois de la saison. Parti avec trois coups de retard sur le leader d’alors avec qui il partageait le jeu, Bryson DeChambeau, le Français s’est vite confronté à la réalité de l’enjeu dès le trou n° 1 en ayant eu besoin de trois putts pour passer à l’exercice suivant. Un bogey d’ouverture qui rendait sa tâche d’autant plus ardue sur un parcours n° 2 du Pinehurst Resort & C.C. qui présentait des greens toujours plus rapides, des avant-greens plus secs et pénalisants sous un vent qui, lui, était sorti comme invité de dernière minute.

Après trois journées où il avait toujours démarré avec brio pour souvent finir sur quelques erreurs, le Tricolore a cette fois construit le scénario inverse. Avec des attaques de greens moins tranchantes et un putting qui ne payait pas toujours - compartiments qui avaient été ses armes sur les 54 trous précédents - Pavon n’a réussi à inscrire qu’un birdie au 3 pour trois bogeys concédés au 1, au 4 et au 8. De la sorte, il était le seul joueur du top 10 à passer les 10 premiers trous au-dessus du par. Et comme un symbole spirituel qu’un trophée Majeur ne lui était pas encore destiné, son putt du 10 pour birdie ne trouvait même pas ce supplément de réussite pour offrir un meilleur résultat qu’une virgule écœurante. Affichant un score total de -2 à ce moment-là, soit cinq coups de retard sur la tête avec huit trous à jouer, la victoire semblait définitivement envolée. Alors, plus libéré malgré la présence d’un co-leader dans sa partie, le joueur de 31 ans a retrouvé le jeu qui lui avait permis de prétendre à la gagne. Un dernier bogey au 12 effacé par deux birdies au 13 et au 15 lui ont permis d’enregistrer une carte de 71 (+1) pour remonter dans le top 5, à -3 total. Ainsi, il offre non seulement à la France un premier top 10 en Majeur depuis près de 10 ans (après un certain Victor Dubuisson en 2014) et confirme surtout, après sa 12e place au Masters, sa légitimité parmi les grands noms actuels du golf mondial.

« Malheureusement, j’ai pas démarré comme je l’aurais voulu. Je fais trois putts dès le premier trou, les greens étaient peut-être un tout petit peu plus rapides qu’au putting green et je me suis fait surprendre - d’ailleurs on a vu que Bryson aussi avait dépassé le trou. Voilà, un bogey ça entache, et puis un drive pas si mauvais au 4 qui reste coincé derrière une touffe, ça manquait un peu de momentum en début de partie, mais je me suis accroché et mes six derniers trous étaient de grande qualité. C’est génial de vivre ça, d’être en pairing avec le joueur qui a gagné, de voir comment il a géré certains trous, certains up and down. J’ai appris pas mal de choses et j’essaierai de revenir meilleur la prochaine fois », a-t-il réagi au micro de Golf+ après sa partie.

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AVEC CE RÉSULTAT, MATTHIEU PAVON REMONTE AU 20E RANG MONDIAL.

Un duel de testostérone

Pendant ce temps, le duel pour la première place accaparait petit à petit l’attention de la réalisation américaine puisque Rory McIlroy et Bryson DeChambeau s’étaient lancés dans un match play à distance. Une partie devant, le Nord-Irlandais n’a pas attendu pour décrocher un premier birdie au 1 et annoncer son envie de renouer avec la victoire majeure après son dernier succès au PGA Championship 2014. Malgré un bogey au 5, la pression faisait son effet sur un « BDC » en apparence confiant mais que l’on sentait friable car tout de même moins expérimenté. Le vainqueur de l’U.S. Open 2020 passait d’ailleurs l’aller en 36 (+1) pour laisser une petite place sur le siège de leader à l’ex-numéro un mondial. Il n’en fallait pas plus à « Rors » pour s’installer davantage. Avec un enchaînement de quatre birdies du 9 au 13 où il enquillait ficelle sur ficelle, McIlroy voyait depuis chaque green les départs de son concurrent direct s’échapper loin sur la droite à quatre reprises et lui donner une avance de deux coups à la sortie du 12. Pour autant, l’Américain restait en vie à coups de chips salvateurs et de fist pumps rageurs à chaque par.

Si entre temps, Tony Finau est venu glisser son nom parmi les prétendants après avoir signé un superbe 67 (-3) et afficher un score de -4, il était pressenti que le trophée se destinerait à l’un des deux athlètes aux (très) gros bras. Mais toute la saveur du mano a mano s’est envolée en fin de partie quand le n° 2 mondial a cédé à la perspective d’une décennie de disette enfin terminée. Deux bogeys au 15 et 16 et une virgule assassine au 18 pour le par l’ont contraint à regarder le joueur du LIV Golf gérer, non sans frayeurs mais avec brio, son dernier trou, au départ duquel il comptait un coup d’avance. Solide mentalement et précis techniquement, Bryson DeChambeau n’a pas flanché et s’est adjugé à la conclusion d’une remarquable carte de 71 (+1) un second open américain.