En signant une deuxième carte sous le par cette semaine (69, -1), le nom de Matthieu Pavon prospère toujours dans les premières lignes du leaderboard. À -4, il est 2e à trois coups de Bryson DeChambeau et jouera dimanche en dernière partie pour, peut-être, succéder à Arnaud Massy.

Ça ferait une belle photo de victoire, non ? © Andrew Redington / Getty Images - AFP

Ce n’était plus arrivé depuis Jean Van de Velde lors de The Open 1999. Ce dimanche, dans le 124e U.S. Open, un Français jouera le dernier tour d’un Majeur en dernière partie. Déjà entré dans l’histoire début janvier en remportant le Farmers Insurance Open, Matthieu Pavon a de nouveau rendez-vous avec la postérité. Il sera dit qu’il a été associé à Bryson DeChambeau. Il sera dit qu’il était à un tour de succéder à Arnaud Massy et sa victoire à The Open 1907.

Cet emballement est évidemment dû à son troisième tour, encore une fois remarquable. Appliqué sur sa stratégie, le joueur de 31 ans ne s’est pas laissé intimidé par un parcours n° 2 du Pinehurst Resort & C.C. qui a laissé que six hommes le battre samedi.

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LE SCORE MOYEN DU TROISIÈME TOUR, SOIT PRÈS D’UN COUP DE PLUS QUE JEUDI.

« Le parcours est tellement difficile que j'essaie de placer ma balle au bon endroit, sans être trop agressif, en essayant de faire un ou deux putts. C’est comme ça que j'ai fait un bon birdie sur le premier par 5 », a-t-il argumenté en conférence de presse après sa journée. En témoignait également la raison de ses choix au trou suivant, le 6, quand le Bordelais préférait taper un fer 6 court du green de ce par 3 plutôt que de l’attaquer avec un bois 3. En sortant de là avec le par, le Bordelais prouvait donc que sa ligne directrice prêchée depuis jeudi - discipline et patience - portait toujours ses fruits. « C’est ce que j’ai appris depuis que je joue sur le PGA Tour », ajoutait-il devant le parterre de journalistes.

Alors, comme lors des journées précédentes, Pavon faisait sensation sur ses neufs premiers trous. Un birdie claqué d’entrée au 1, un autre au 5 et un troisième au 7 lui faisaient prendre la tête du tournoi à -6 total ; une position qu’il a déjà embrassée deux fois depuis le début de la semaine et qui ne l’a toujours pas fait trembler. Fort d’un long jeu extrêmement solide pour approcher les drapeaux, le Français a affiché samedi une statistique de strokes gained: approach de +2,56. Même après son premier bogey du jour au 11, il allait planter le mât du 13 pour se donner un par salvateur dans la course à la première place. Sur les greens d’ailleurs, le 24e joueur mondial a également fait preuve d’un putting chirurgical (29 putts au 3e tour) malgré un trois putts depuis la bordure de green du 11.

Pavon, sur son niveau de jeu retrouvé

« Je m'étais un peu perdu ces dernières semaines, je n’étais vraiment pas dans de l’amusement, et j'avais des attentes qui étaient beaucoup trop élevées. Je ne jouais pas pour mon plaisir, je jouais pour d'autres raisons. Je pense que j'ai réussi à me recentrer sur ce qui est essentiel pour moi et ce pourquoi j'aime autant ce sport. »

Mais s'il a montré toute la maîtrise dont il faisait preuve en début de partie, Matthieu Pavon a eu du mal à tenir ce niveau impérial pendant 18 trous. Comme jeudi, comme vendredi, deux bogeys sont venus ternir sa deuxième moitié de journée pour ramener une carte éventuelle de 67 (-3) à un 69 (-1) final qui lui a fait totaliser une marque de -4. En étant l’un des six joueurs à jouer sous le par, le Tricolore s’est offert une première dans l’histoire depuis Jean Van de Velde il y a vingt-cinq ans, à savoir : jouer un dernier tour de Majeur en dernière partie. « Au Masters, le fait de me retrouver dans les dernières parties d'un Majeur était exceptionnel, sentir cette atmosphère, cette ferveur de la foule… c'est pour ça que j'ai travaillé toute ma vie. Et pouvoir le faire ici, c'est vraiment génial, je vais me régaler », s’est-il réjoui.

DeChambeau seul contre Pinehurst

Dans le même temps, la concurrence, parmi laquelle gravite les très grands noms du golf masculin, bataillait elle aussi comme elle le pouvait face au tracé. Le leader de la veille, Ludvig Åberg, a pour sa part été en perdition (73, +3) quand Rory McIlroy et Patrick Cantlay ont tenu grâce à quelques fulgurances et sauvetages bien sentis pour se joindre à Pavon à -4 total. Derrière, Matsuyama, Hatton, Finau et Morikawa - auteur de la meilleure performance du jour avec son 66 (-4) - ont complété le top 10 en se tenant à quatre coups ou moins du Français.

Mais il en est un qui se tient (assez loin) devant lui : Bryson DeChambeau. Seul joueur à avoir battu le parcours par trois fois cette semaine, l’Américain a été en démonstration en cumulant six birdies lors du moving day. Une ribambelle que sont venues perturber un bogey au 4 et un double bogey au 16 pour ne laisser au vainqueur de l’U.S. Open 2020 « que » trois coups d’avance sur le reste du champ. Avec cet écart sur un tel parcours, la victoire peut lui sembler promise, mais il aura à composer avec la pression mise par ses poursuivants, exposés au risque d'être trop offensifs, notamment celle de celui que l'on suivra tous depuis la France : Matthieu Pavon.