Céline Boutier, Pauline Roussin-Bouchard, Adela Cernousek et Agathe Laisné sont les quatre Françaises alignées dans cette 79e édition de l’U.S. Women’s Open. Le Majeur féminin le plus prestigieux dont Nelly Korda, six victoires en 2024, demeure la grande favorite.

Céline Boutier, chef de file du clan tricolore cette semaine à Lancaster : 37e Majeur au compteur ! © Sarah Stier / Getty Images - AFP

Le tournoi

L’U.S. Women’s Open est le plus ancien des cinq tournois du Grand Chelem féminin. On dispute cette semaine la 79e édition en Pennsylvanie. C’est la dixième fois que cet État accueille l’événement, la deuxième fois à Lancaster après 2015. Créé en 1946 sous l’impulsion de la Women’s Professional Golfers Association (WPGA), il s’est joué cette année-là en formule match play, avant de basculer en stroke play un an après. À partir de 1949, c’est sous l’égide de la toute nouvelle Ladies Professional Golf Association (LPGA) que l’U.S. Women’s Open est géré, avant que l’United States Golf Association (USGA) en prenne le contrôle en 1953. L’U.S. Women’s Open reviendra en 2028 en Pennsylvanie, à Oakmont plus précisément.

Le site

Comme souligné plus haut, c’est la deuxième fois que le Lancaster Country Club, né en 1900, reçoit l’U.S. Women’s Open. En 2015, la Sud-Coréenne In Gee Chun, 20 ans, l’avait emporté avec un score de 272 (-8), un coup devant sa compatriote Amy Yang, égalant ici le record d’Annika Sörenstam (1996) et Juli Inkster (1999). Elle avait également rejoint dans l’histoire Birdie Kim (2005), Kathy Cornelius (1956) et Patty Berg (1946), victorieuses elles aussi à leur première tentative dans un U.S. Women’s Open. C’était aussi son tout premier succès sur le LPGA Tour !

Le parcours

Par 70 de 6629 yards (6061 mètres), le Old Course du Lancaster CC a été créé en 1920. Il a été rénové en 2007 sous la direction de Ron Forse et Jim Nagle. Ce tracé est un composite de deux neuf trous nommés Meadowcreek et Dogwood. Une troisième boucle de 9 trous baptisée Highlands fait également partie du site.

Le format

Cent cinquante-six joueuses sont au départ, et seules les 60 premières et ex æquo après 36 trous seront invitées à jouer le week-end. Si plusieurs d’entre elles sont encore à égalité après 72 trous joués, un play-off sur deux trous sera instauré. La dernière victoire en play-off (sur trois trous à l'époque) dans un U.S. Women’s Open remonte à 2021 à l'Olympic Club en Californie, où la Japonaise (alors sous bannière philippine) Yuka Saso avait dominé sa désormais compatriote Nasa Hataoka. C’est en 2006 que l’U.S. Women’s Open s’est achevé pour la dernière fois dans un play-off sur dix-huit trous, la norme jadis. La Suédoise Annika Sörenstam avait alors battu l’Américaine Pat Hurst, 70 contre 74. 

La dotation

Encore à 4 millions de dollars en 2014, le prize money est passé à 5 millions trois ans plus tard avant d’afficher 5,5 millions à partir de 2019. Pour la 77e édition en 2022, celui-ci a grimpé à 10 millions, et il était de 11 millions l’an passé à Pebble Beach. On devrait selon toute vraisemblance atteindre les 12 millions pour cette 79e édition. La gagnante repartira avec un chèque de 2 millions de dollars, bénéficiera de dix années d’exemption dans ce tournoi, et de cinq ans dans les quatre autres Majeurs du calendrier.

Le champ

Des cinq Majeurs, c’est certainement celui que toutes les joueuses rêvent le plus d’accrocher à leur tableau de chasse. Pas moins de 2107 d’entre elles avaient tenté de se qualifier en 2023, constituant ici un nouveau record. En 2015, 1873 candidatures avaient été enregistrées. Les six dernières lauréates (Allisen Corpuz en 2023, Minjee Lee en 2022, Yuka Saso en 2021, A Lim Kim en 2020, Jeongeun Lee6 en 2019 et Ariya Jutanugarn en 2018) sont au départ, tout comme l’incontestable n° 1 mondiale, Nelly Korda, victorieuse du premier Majeur de la saison, le Chevron Championship, et de cinq autres tournois du LPGA Tour cette année ! Trente-six joueuses (dont Céline Boutier) présentes cette semaine étaient déjà là en 2015. Vingt-et-une amateurs (dont Adela Cernousek) sont également en lice. Parmi elles, la n° 1 mondiale, la Suédoise Ingrid Lindblad. Jean Reynolds, 39 ans, est la plus âgée du champ alors que la Californienne Asterisk (!) Talley est la plus jeune : 15 ans depuis le 15 février !

La tenante du titre

Avec une ultime carte de 69 et un score final de 279 (-9), Allisen Corpuz, 25 ans, décrochait son premier Majeur sur le mythique parcours de Pebble Beach (Californie). L’Hawaïenne avait réussi le tour de force d’être la seule dans le champ à poster quatre cartes sous le par, laissant trois coups derrière elle ses deux plus proches poursuivantes, l’Anglaise Charley Hull et la Sud-Coréenne Jiyai Shin. Depuis ce triomphe, le premier d’une golfeuse américaine depuis Brittany Lang en 2016, Corpuz est parvenue à finir deux fois dans un top 10 en 2023 (dont une 6e place au AIG Women’s Open). Depuis le début de la saison 2024, elle n’a accroché qu’une seule fois cette marque en dix départs : 8e le 3 mars dernier au HSBC Women’s World Championship. À la Race to CME Globe Season 2024, elle occupe pour l’instant la 54e position, à 3031 points de l’incontestable leader, Nelly Korda.

La tornade Nelly Korda

Huit départs en 2024, six victoires ! Le constat est implacable : quand Nelly Korda, 25 ans seulement, s’aligne sur un tournoi du LPGA Tour, c’est pour le gagner. Son plus mauvais résultat cette année est une 16e place obtenue mi-janvier à l’ouverture de la saison au Hilton Grand Vacations Tournament of Champions. La fille de l’ancien tennisman tchèque, Petr Korda, prend part à son dixième U.S. Women’s Open. Mais on ne peut pas dire que la récente vainqueur du Chevron Championship il y a un mois au Texas aligne des stats convaincantes. Bien qu’elle n’a manqué que deux cuts (en 2020 et 2021), son meilleur résultat reste pour l’instant une 8e place en 2022 à Southern Pines. Peut mieux faire, donc !

Catherine Lacoste, l’exception française

La Française Catherine Lacoste, fille du célèbre tennisman René Lacoste et de la golfeuse Simone Thion de la Chaume, victorieuse du British Ladies 1927, demeure encore aujourd’hui la seule amateur à avoir remporté l'épreuve. C’était le 2 juillet 1967, à Hot Springs (Virginie). Depuis 1950, neuf non-professionnelles ont terminé deuxième, la plus récente étant la Sud-Coréenne Hye-Jin Choi en 2017 à Bedminster (New Jersey) sur le Old Course du Trump National Golf Club.

Le 37e Majeur de Céline Boutier

Céline Boutier dispute cette semaine son huitième U.S. Women’s Open, son 37e tournoi du Grand Chelem ! C’est dans ce Majeur que la Francilienne domiciliée à Dallas (Texas) avait jusque-là signé son meilleur résultat, une 5e place à Charleston le 2 juin 2019 alors qu’elle était co-leader au départ du dernier tour. Avant de finir 4e au Chevron Championship en 2022 et de décrocher le Graal à Évian l’an passé. Présente ici en 2015 en tant qu’amateur, elle n’avait pas franchi le cut, signant deux cartes de 76 (+6) et 73 (+3). L’année précédente, elle avait découvert ce Majeur du côté de Pinehurst (Caroline du Nord) mais n’avait, là non plus, pas passé le cut. Depuis 2021, l’actuelle n° 3 mondiale n’a pas fait mieux qu’une 34e place (en 2022 à Southern Pines), finissant 35e en 2021 à l'Olympic Club et 45e à Pebble Beach en 2023.

Trois autres Françaises qualifiées

Victorieuse le 30 avril au Starmount Country Club à Greensboro (Caroline du Nord) d’une session de qualification sur 36 trous, Pauline Roussin-Bouchard, revenue cette saison sur le Ladies European Tour (LET), dispute son troisième U.S. Women’s Open. Son onzième Majeur depuis Évian en 2019. Encore amateur, elle avait passé le cut à Houston en décembre 2020, en pleine pandémie de Covid 19, et terminé 46e avant d’échouer en 2022 à Southern Pines (Caroline du Nord) avec deux cartes de 81 (+10) !

À 20 ans seulement, Adela Cernousek, elle aussi qualifiée (le 13 mai au Texas), va découvrir le plus prestigieux des Majeurs féminins. Elle arrive en Pennsylvanie avec également le statut de championne individuelle universitaire NCAA décroché le 20 mai à San Diego (Californie). Toujours amateur, étudiante à l’Université Texas A&M, elle est la deuxième Française à avoir remporté ce championnat après Kristel Mourgue d’Algue en 1995.

Encore réserviste le week-end passé après avoir fini juste derrière les trois qualifiées le 2 mai à Columbus (Ohio), Agathe Laisné est finalement entrée dans le champ de ce 79e U.S. Women’s Open. La Racingwoman, membre du LPGA Tour, avait manqué le cut en 2020 au Texas pour son seul et unique U.S. Women’s Open joué.