Le site le plus mythique de la côte ouest des États-Unis accueille pour la première fois le plus vieux des Majeurs féminins. Céline Boutier et Perrine Delacour sont les deux Françaises engagées. Présentation.
Le tournoi
L’U.S. Women’s Open est le plus vieux tournoi du Grand Chelem féminin (qui recense cinq Majeurs). On dispute ainsi la 78e édition cette semaine en Californie. L’État de l’Ouest américain accueille pour l’occasion son 5 e U.S. Women’s Open après 2021 (à San Francisco), 2016 (à San Martin), 1982 (à Sacramento) et 1964 (à San Diego). Créé en 1946 sous l’impulsion de la Women’s Professional Golfers Association (WPGA), il s’est joué cette année-là en formule match play avant de basculer en stroke play un an plus tard. À partir de 1949, c’est sous l’égide de la toute nouvelle Ladies Professional Golf Association (LPGA) que l’U.S. Women’s Open est géré, avant que l’United States Golf Association (USGA) n’en prenne le contrôle en 1953. L’U.S. Women’s Open a déjà prévu de revenir très bientôt en Californie puisque l’édition 2026 se jouera à Los Angeles, au Riviera Country Club, dans le quartier de Pacific Palisades.
Le site
Pebble Beach est certainement l’un des endroits les plus mythiques du golf mondial. Calé sur l’océan Pacifique, au sud de la péninsule de Monterey, donnant sur la baie de Carmel, il a été désigné en 2001 parcours n° 1 en Amérique du Nord par Golf Digest. Golf public, le green fee est néanmoins l’un des plus élevés de la planète. Il vous faudra débourser un peu plus de 600 euros, sans compter les frais de voiturette et de caddie qui tournent à plus de 150 euros. Quatorze événements estampillés USGA (y compris cet U.S. Women’s Open 2023) ont été organisés ici. Le premier fut un U.S. Amateur en 1929 et le dernier un U.S. Open en 2019 remporté par Gary Woodland. C’est à Pebble Beach que Tiger Woods avait décroché en 2000 le premier de ses trois U.S. Open avec… quinze coups d’avance sur le Sud-Africain Ernie Els et l’Espagnol Miguel Ángel Jiménez. C’est encore à Pebble Beach que Grégory Havret avait pris la deuxième place de l’U.S. Open 2010, un coup derrière le Nord-Irlandais Graeme McDowell. C’est aussi la première fois que Pebble Beach reçoit un U.S. Women’s Open. Mais ce ne sera pas la dernière : ces dames sont d’ores et déjà assurées de revenir dans ce lieu unique en 2035, 2040 et… 2048 !
Le parcours
Par 72 de 6505 yards (5948 mètres), le Pebble Beach Golf Links a été dessiné par Jack Neville et Douglas S. Grant. Ouvert le 22 février 1919, il a depuis subi plusieurs améliorations, les plus importantes étant réalisées en 1928 par Chandler Egan, et plus proche de nous en 1998 par Jack Nicklaus. Depuis 1947, il reçoit chaque année une étape du PGA Tour, l’AT&T Pebble Beach Pro-Am.
Le champ
Des cinq tournois Majeurs, c’est certainement celui que toutes les joueuses rêvent d’accrocher un jour à leur tableau de chasse. Ainsi, 2107 d’entre elles ont tenté de se qualifier pour cette 78e édition. Un record. Dans le sillage de la légendaire Annika Sörenstam, 52 ans, trois succès dans un U.S. Women’s Open, de l’Américaine Michelle Wie et de la Sud-Coréenne So Yeon Ryu, toutes trois bénéficiant d’une invitation, on retrouve le gratin mondial. Aucune des vingt premières au Rolex Rankings ne manque à l’appel. Parmi elles, la Chinoise Ruoning Yin, vainqueur surprise du KPMG Women’s PGA Championship. Ou encore Nelly Korda, n° 2 mondiale, qui n’avait pas franchi le cut il y a moins de quinze jours à Baltusrol. À suivre aussi le phénomène Rose Zhang, victorieuse il y a un mois sur le LPGA Tour pour son premier départ en tant que professionnelle. L’Américaine détient d’ailleurs le record du score le plus bas ici à Pebble Beach, un énorme 63 (-9) claqué à l’automne dernier alors qu’elle était encore amateur. Quarante-trois joueuses effectuent leur début dans un U.S. Women’s Open, à l’image des jumelles japonaises Chisato et Akie Iwai. Ou de la benjamine américaine d’origine chinoise, Angela Zhang, 14 ans. Tout le contraire de la très expérimentée Angela Stanford, 45 ans, qui enchaîne avec un 24e U.S. Women's Open. Elle n’a cependant plus passé le cut depuis 2018 !
La dotation
Encore à 4 millions de dollars en 2014, le prize money est passé à 5 millions trois ans plus tard avant d’afficher 5,5 millions à partir de 2019. Pour la 77e édition en 2022, celui-ci a grimpé à 10 millions, proposant alors la plus importante dotation des cinq Majeurs de la saison (égalée cette année par le KPMG Women’s PGA Championship). L’Australienne Minjee Lee avait empoché un chèque de 1,8 million de dollars. L’USGA a d’ores et déjà annoncé que la dotation atteindrait les 12 millions d’ici à 2026.
La tenante du titre
Victorieuse avec un score de 271 (-13) il y a un an au Pine Needles Lodge & Golf Club, Minjee Lee est devenue la septième golfeuse à remporter à la fois l’U.S. Women’s Open et l’U.S. Girls’ Junior. Elle ne s’est plus imposée depuis sur le LPGA Tour, finissant toutefois deuxième le 14 mai dernier à la Cognizant Founders Cup. Classée 41e au Chevron Championship en avril, elle a pris la 20e place il y a quinze jours au KPMG Women’s PGA Championship. En cas de victoire dimanche, l’Australienne – sœur de Min Woo Lee – deviendrait la huitième joueuse à réaliser le doublé après Mickey Wright (1958-59), Donna Caponi (1969-70), Susie Maxwell Berning (1972-73), Hollis Stacy (1977-78), Betsy King (1989-90), Annika Sörenstam (1995-96) et Karrie Webb (2000-01).
Jin Young Ko, nouvelle recordwoman…
Deux fois vainqueur en Majeur (Chevron Championship et Evian Championship 2019), Jin Young Ko a battu la semaine dernière le record détenu jusque-là par la Mexicaine Lorena Ochoa, à savoir 158 semaines dans le costume de n° 1 mondiale (entre 2007 et 2010). La Sud-Coréenne, 27 ans seulement, affiche ce mardi 160 semaines au compteur. Victorieuse à deux reprises en 2023 (au HSBC Women’s World Championship puis à la Cognizant Founders Cup), elle a terminé 9e au Chevron Championship, premier Majeur de la saison, avant de se contenter d’une 20e place au KPMG Women’s PGA Championship.
Amy Olson, enceinte de sept mois
Classée 111e de la Race à l’issue de la saison 2022, Amy Olson n’a que très peu joué cette année sur le LPGA Tour. Trois tournois seulement pour un seul cut franchi (61e au Lotte Championship au début du mois d’avril). L’Américaine âgée de 30 ans va surtout s’élancer ce jeudi en tant que future maman puisqu’elle est enceinte de sept mois. Cela ne l’a pas empêché de passer avec succès au mois de mai les qualifications sur 36 trous pour cet U.S. Women’s Open. Magnifique !
Catherine Lacoste, toujours l’exception française
La Française Catherine Lacoste, fille du célèbre tennisman René Lacoste et de la golfeuse Simone Thion de la Chaume, victorieuse du British Ladies 1927, demeure la seule joueuse amateur à avoir remporté l’U.S. Women’s Open. C’était le 2 juillet 1967, à Hot Springs (Virginie). Sept autres amateurs ont depuis terminé deuxième, la plus récente étant la Sud-Coréenne Hye-Jin Choi en 2017.
Deux Françaises en lice
Céline Boutier, 29 ans, va prendre le départ de son 32e tournoi Majeur. Ce sera pour l’occasion son 7e U.S. Women's Open. C’est dans ce Majeur que l’actuelle 14e mondiale a bien failli succéder à Patricia Meunier-Lebouc, dernière Tricolore à avoir gagné dans un Grand Chelem (Kraft Nabisco 2003). Co-leader au départ du dernier tour, elle avait finalement pris la 5e place de l’édition 2019 à Charleston (Caroline du Sud). Récemment 14e au Chevron Championship, elle n’a pu faire mieux qu’une 30e place finale au KPMG Women’s PGA Championship le 25 mai à Balsturol (New Jersey).
Dix-neuvième Majeur pour Perrine Delacour, 29 ans, qui reste sur une excellente 11e place au KPMG Women’s PGA Championship. C’est tout simplement son meilleur résultat en Grand Chelem, elle qui n’avait jusque-là jamais fait mieux qu’une 30e place (au ANA Inspiration 2020). La Picarde, 98e mondiale, n’a disputé qu’une seule fois un U.S. Open. C’était en… décembre 2020 à Houston (Texas), à huis clos en raison de la pandémie liée au Covid-19. Elle avait fini 40e !