Sur un circuit qui ne manque pas de tournois prestigieux, l’Arnold Palmer Invitational, qui débute ce jeudi avec Matthieu Pavon au départ, possède ses propres caractéristiques qui en font un tournoi unique. En voici cinq… parmi d’autres.
1. Arnold Palmer : plus qu’un nom, un mythe
Depuis son apparition en 1966, le tournoi a vu régulièrement son nom évoluer, mais à de rares exceptions près, deux noms lui ont servi de base : Bay Hill, pour le parcours hôte (lire plus loin), et depuis 2007, Arnold Palmer. Même plus de sept ans après sa disparition, le légendaire golfeur américain imprime toujours sa marque sur ce tournoi. Car au-delà de l’intitulé de la compétition, tout, à Bay Hill, rappelle son héritage : l’omniprésence du parapluie dont il avait fait son symbole, le regard porté par sa statue à quiconque franchit le portail, ou le gilet rouge que revêt le vainqueur le dimanche soir.
Si la présence est si sensible, comme en témoignait encore Xander Schauffele en conférence de presse cette semaine, c’est surtout parce que transmettre, construire et laisser un héritage au jeu de golf dans sa globalité était, au-delà de la compétition et de ses nombreux titres, le combat principal d’Arnold Palmer de son vivant. Et cela ne se manifeste pas seulement une semaine par an, quelque part du côté d’Orlando.
Par sa popularité auprès du public américain, il a été l’un des acteurs majeurs de la montée en audience du golf à la télévision dans les années 60. En traversant l’Atlantique pour venir disputer (et même gagner, en 1961 et 1962) The Open Championship, il a aidé à établir définitivement les quatre Majeurs du golf masculin d’aujourd’hui. En créant l’Arnold Palmer Cup en 1997, sorte de Ryder Cup réunissant les meilleurs talents d’universités américaines, il a mis en lumière les futures stars du golf. Autant de jeunes joueurs et joueuses qui, sans avoir jamais croisé le King, continuent et continueront de se réclamer de lui en se revendiquant de l’Arnie’s Army.
2. Bay Hill, le grand test
L’un des héritages les plus marquant laissés par Arnold Palmer est justement le parcours floridien de Bay Hill, où le tournoi se déroule depuis 1979. Un tracé que le natif de Pittsburgh n’a certes ni créé ni construit à la base, mais qu’il a largement modelé à sa main lorsqu’il en est devenu gérant en 1970, puis propriétaire à part entière en 1975. Quelques années plus tôt, en 1966, il en était tombé amoureux lors d’un match exhibition, au point de lancer à sa femme Winnie, au retour de sa partie : « Je viens de jouer le meilleur parcours de Floride, et je veux en en être le propriétaire. »
Dans sa configuration moderne, Bay Hill ne ménage pas les joueurs en glissant sous leurs pieds un joli tapis de birdies. Au contraire, lors des cinq dernières saisons du PGA Tour, il a systématiquement figuré dans le top 10 des tracés les plus exigeants de la saison, étant le seul dans ce cas. Durant cette période, la victoire la plus "basse" a été le -12 signé par Francesco Molinari en 2018. L’an passé, le champ tout entier a été tenu à un petit 58 % de greens en régulation. Bref, Bay Hill a l’habitude de se défendre.
3. Les huit victoires de Tiger Woods
Un joueur qui gagne huit fois le même tournoi au cours de sa carrière, liste dont plusieurs éléments sont devenus historiques à eux seuls : pas de doute, on parle là de Tiger Woods. Le Tigre (qui n’est pas présent cette semaine) s’est imposé à huit reprises à Bay Hill… ce qui, quand on y pense, représente près de 10 % du total de ses victoires (82) sur le PGA Tour. Mais plus hallucinant encore, il a remporté le tournoi quatre fois d’affilée entre 2000 et 2003, chose inédite sur le circuit nord-américain. Lors de cette dernière édition 2003, pas moins de 11 coups l’ont séparé de ses dauphins Brad Faxon, Kirk Triplett, Kenny Perry et Stewart Cink.
Allez, une dernière petite stat folle pour la route ? Quel est le maximum de victoires pour un seul joueurs dans ce tournoi après le huit de Tiger ? Deux.
4. Un par 5 drivable… ou presque
Les images avaient fait le tour de la planète golf à l’époque. Et pourraient refaire surface pendant la diffusion du tournoi, cette semaine. En 2021 lors du troisième tour, Bryson DeChambeau était arrivé sur le par 5 du 6 en choisissant la formule offensive. Ce trou s’enroule en effet autour d’une vaste pièce d’eau, ce qui fait que le green et ses abords, à vol d’oiseau, ne sont pas si loin (comptez tout de même un bon 340 m). L’Américain, grosse cuisse et bras en l’air, avait alors propulsé son coup de départ dans le petit rough à une soixantaine de mètres du green. Petit rappel utile : on est bien sur un par 5.
Le paradoxe est que, depuis ce petit rough de droite et avec un drapeau court à droite, même son demi-coup de wedge, complexe, ne lui permettait pas de toucher le green en deux. Après avoir poussé deux putts depuis l’extérieur du green, il est ressorti avec "seulement" un birdie, démontrant l’importance incompressible, au jeu de golf, des coups d’approche et du putting. Deux secteurs qu’il a parfaitement maîtrisés cette semaine-là, en plus d’envoyer des bûches driver en main, puisqu’il s’est imposé.
5. Signature Event, forcément
Pour la première fois cette année, le PGA Tour a choisi huit tournois, baptisés Signature Events, et qui seront disputés à champ réduit, sans cut, et avec une dotation gonflée à 20 millions de dollars. Inclure l'Arnold Palmer Invitational dans cette liste resserrée paraissait tout naturel, histoire de voir les meilleurs joueurs du PGA Tour, pour la quatrième fois de l'année, se disputer la victoire sur l’un des parcours les plus prestigieux et les plus exigeants à la fois.
Matthieu Pavon, en vertu de sa victoire à Torrey Pines, fait partie de ceux-là. Le Bordelais, qui dispute l’Arnold Palmer Invitational pour la première fois, aura donc la garantie de jouer quatre tours à Bay Hill cette semaine, avant de prendre la direction de Ponte Vedra Beach la semaine prochaine, pour le non moins iconique Players Championship.
Perez, Barjon et Trainer à Porto Rico
Pendant que les meilleurs joueurs du PGA Tour sont regroupés à Orlando, leurs camarades sont également sur le pont, du côté de Porto Rico. Le circuit organise en effet, en même temps, un tournoi alternate, le Puerto Rico Open. Pas moins de trois Français sont au départ ce jeudi : Paul Barjon, Victor Perez et Martin Trainer.