Du succès retentissant de Matthieu Pavon au Farmers Insurance Open ont découlé des réactions vibrantes de la part des proches du Bordelais. Extraits pêle-mêle des meilleurs hommages du golf tricolore.
Julien Quesne, son mentor et grand frère de cœur :
« J’étais en pleurs. Matthieu est un petit frère pour moi et ça véhicule beaucoup de joie de le voir réaliser son rêve. Il parlait du PGA Tour depuis plusieurs années, il a obtenu sa carte et là il plante dès son troisième tournoi, franchement c’est beau. En termes d’attitude, c’était impressionnant à regarder parce qu’il dégageait une certaine sérénité qu’il avait déjà montrée en Espagne, et on sentait qu’il était au sommet de son art. À côté, Stephan Jaeger (un de ses deux partenaires en dernière partie, NDRL) paraissait tout excité.
Pour avoir joué avec lui lors des Internationaux de France professionnels de double à la Réunion et pour avoir partagé des parties avec des grands joueurs mondiaux tout au long de ma carrière, j’ai compris qu’il était bien meilleur que beaucoup de joueurs. Sans savoir quand, je savais que cette victoire allait arriver car ça fait quatre ans qu’il joue vraiment très bien et je pense qu’il en a vraiment pris conscience. »
Béatrice Pavon-Deler, sa maman et enseignante au golf des Argileyres à Cestas :
« Thomas Levet m’a appelée pour me dire que je devais absolument allumer la télé pour regarder mon fils. Alors j’ai pris mon courage à deux mains bien qu’à l’habitude ce soit une douleur pour moi puisque j’ai le cœur qui s’accélère et le ventre qui se tord dès que je le vois jouer. Mais je me suis surpassée et j’ai suivi la partie à partir du 12. Dès qu’il y avait un moment un peu tendu, j’étais comme un enfant devant un film d’horreur... Mais je suis super fière de l’avoir fait, et je suis encore plus fière de lui ! J’ai adoré son regard déterminé au 16 quand il a rentré son putt pour le par. Tout comme son coup de wedge au 18, je lui ai dit que ça m’avait fait penser à Tiger Woods quand il se "déchaussait" tellement il a tout mis dans ce coup-là. »
Romain Langasque, l’un de ses meilleurs amis sur le circuit et en dehors du golf :
« C’était juste incroyable. J’ai regardé les neuf derniers trous en direct et je débriefais en même temps avec sa chérie par message, c’était cool à suivre. Pour vous dire à quel point j’étais excité pour lui, je n’ai pas hyper bien dormi après. C’est incroyable comme il a eu le bon momentum au bon moment et comment il a porté ses c*******. À part "respect", il n’y a pas grand-chose à dire. C’est un changement de statut, un changement de vie aussi parce qu’il va s’installer aux États-Unis ; et cette semaine il va jouer le Signature Event à Pebble Beach, donc ça y est la machine est lancée pour lui. Et quand on voit la façon dont il joue depuis quatre mois, on a le sentiment que rien ne peut lui arriver sur le reste de la saison. »
Ugo Coussaud, également ami avec le joueur :
« Je me suis réveillé au matin du dernier tour du Ras Al Khaimah Championship, je suis parti faire mon réveil musculaire et j’ai vu sur mon téléphone qu’il avait envolé le tournoi. J’étais sur le cul. Je savais que ça pouvait arriver mais bon, c’est énorme, quoi. On sent que sa victoire en Espagne a débloqué quelque chose en lui. Comme tout le monde le dit, c'est le premier (de l’ère moderne, NDLR) et on se souviendra de longtemps de son nom comme de celui d’Arnaud Massy aujourd’hui. »
Grégory Havret, l'un des premiers à l'avoir vu évoluer en tant que pro :
« J'étais au Maroc pour la Coupe de France professionnelle et il y avait beaucoup de copains dont Benjamin Hébert, Julien Quesne, Baptiste Chapellan et Fabien Marty, et c'est vrai que c'était sympa de suivre Matt toute la semaine. On regardait le téléphone toutes les demi-heures et on voyait qu'il était en train de faire un gros coup. Jusqu'à cette fin hallucinante et ce dénouement extrêmement jouissif pour tout le golf français. C’est tout de même un tournoi institutionnel, très plébiscité qui s’est joué à Torrey Pines, dans le fief de Tiger Woods, donc il y a beaucoup de symbolique. Si on faisait une analogie au football, on pourrait dire que c'est une victoire en demi-finale de la Champion's League sur un match aller-retour contre le Real Madrid, c’est plutôt pas mal je trouve. C’est un bol d'air vraiment énorme et je suis très content pour lui. »
Thomas Levet, son « oncle d'Amérique » :
« Matthieu m'a remercié en direct à l'antenne juste après sa victoire, donc j'étais très touché. Le voir gagner à ce niveau-là, c'est à la fois fantastique et pas étonnant. Je l'ai vu évoluer à un niveau énorme en partie d'entraînement, faire des choses très impressionnantes. Son début de saison a été excellent, avec seulement une carte au-dessus du par en trois tournois, soit douze rounds. Il ne se donne pas de limites et il sait que quand il joue à son meilleur niveau, il peut rivaliser avec les plus grands. Il donne tous les signes d'un joueur qui ne doute de rien. Il était venu en Floride il y a une dizaine d'années après son bac, et je l'avais un peu convaincu de passer pro car il avait clairement le potentiel. Il était revenu il y a trois ou quatre ans, et les gars du coin avec qui on avait joué à l'entraînement m'avaient tous dit "comment ça se fait que ce gars-là n'ait pas encore gagné ?" car il avait épaté tout le monde. Quand tu viens de gagner sur le plus grand circuit du monde et que tu joues à ce niveau-là, il n'y a pas de limite. »