En lice dès ce jeudi à La Quinta (Californie) où débute The American Express, Martin Trainer défend désormais les couleurs françaises sur le PGA Tour. Un changement de nationalité motivé par la perspective des Jeux olympiques de Paris, à l'été 2024.
Les plus acharnés des Français fans du PGA Tour l'ont sans doute remarqué : depuis quelques mois, les leaderboards du circuit américain arborent à l'occasion un drapeau bleu-blanc-rouge : le nôtre, pas la bannière étoilée ! Et cet étendard n'est pas accolé au nom de Paul Barjon, qui a perdu ses droits de jeu parmi l'élite à la fin de l'exercice 2021-22, mais à celui de Martin Trainer. Né le 15 avril 1991, ce pur Californien a grandi à Palo Alto, non loin de San Francisco, où il réside toujours ; a fréquenté l'université de Californie du Sud à Los Angeles, et a fait toute sa carrière professionnelle de l'autre côté de l'Atlantique. Du circuit sud-américain qu'il a rejoint en 2014 au sommet que représente le PGA Tour, atteint en 2018, Trainer a gravi tous les échelons, gagnant à chaque niveau. Son principal fait d'armes ? Sa victoire en février 2019 au Puerto Rico Open, un tournoi « alternate » disputé en même temps que le WGC au Mexique.
Alors, pourquoi ce drapeau français ? Car Trainer, né à Marseille (la cité phocéenne, pas « Marseilles » dans l'Illinois !), est le fils d'une citoyenne française, et bénéficie donc à ce titre d'un passeport de notre pays. Son changement de nationalité sportive a pris effet fin septembre, lorsque la demande émise auprès de l'International Golf Federation (IGF) le 28 juillet a été acceptée. Mais la volonté du joueur est bien plus ancienne, comme le révèle Christophe Muniesa, le directeur exécutif de la Fédération française de golf : « Lors de la précédente olympiade, Martin nous avait interrogé car il envisageait de jouer pour la France. On avait alors relayé sa demande à l'IGF, mais c'était tombé à l'eau car il avait fait cette démarche un peu trop tard pour pouvoir prétendre devenir français pour les Jeux de Tokyo. Récemment, il nous a dressé la même demande, avec comme objectif Paris 2024, et de la même manière on a fait suivre sa demande. Et comme cette fois-ci il était dans les délais et qu'il a produit les éléments justifiant de sa nationalité française, la commission de l'IGF a accepté sa requête. Il pourra donc jouer pour la France aux prochains Jeux olympiques, s'il se qualifie. »
507e joueur mondial et 15e Français
L'affaire, cependant, est loin d'être entendue pour Trainer, qui pointe actuellement à la 507e place du classement mondial, soit le 15e rang français. Et la qualification pour les Jeux, réservée aux deux premiers, sera d'autant plus difficile à aller chercher qu'il a perdu en fin de saison dernière sa carte du PGA Tour, terminant 149e de la FedExCup puis échouant à récupérer son droit de jeu lors des finales du Korn Ferry Tour. Cette saison, il ne dispose donc que de la catégorie 32, un droit de jeu partiel qui ne lui permettra pas de rentrer sur la plupart des tournois. The American Express, qui débute ce jeudi dans le Golden State, ne constitue que sa quatrième apparition après ses cuts manqués au Sanderson Farms Championship et au Butterfield Bermuda Championship fin octobre, et sa 54e place au RSM Classic le mois suivant.
Néanmoins, la route menant à Paris 2024 est encore longue, et Martin Trainer aura forcément une poignée d'occasions de briller sur le circuit le plus relevé du monde dans les 18 mois qui viennent. En attendant, son choix de porter les couleurs françaises a été accueilli avec plaisir et intérêt par Muniesa et les dirigeants de la ffgolf : « On trouve ça plutôt sympathique qu'un joueur, indépendamment de son background et son palmarès, décide de jouer pour notre pays. Aujourd'hui, le fait que Martin soit en compétition avec d'autres joueurs français me paraît plutôt sain. Il faut rappeler qu'on a eu par le passé des Français éligibles pour les Jeux de Rio et de Tokyo, qui ont fait le choix de ne pas les jouer, donc avoir potentiellement le cas inverse qui se présente avec Martin ne peut qu'être un motif de satisfaction. Que le meilleur gagne ! » Alors good luck, Martin !