Après cinq premiers tournois disputés sur le PGA Tour, Antoine Rozner continue de peaufiner son adaptation à son nouveau circuit. Une vie sans domicile fixe mais surtout sans grande perturbation.

Antoine Rozner sera au départ du Valspar Championship dès jeudi 21 mars. © Orlando Ramirez / Getty Images via AFP

Voilà presque dix ans qu’il avait quitté l’Amérique. Assez loin des rangs de l’Université de Kansas City où il a affiné son swing de 2012 à 2016, Antoine Rozner fait désormais partie de ceux qu’il rêvait d'imiter à cette époque-là : il est un homme du PGA Tour. L’ensemble de son oeuvre réalisée la saison dernière sur le DP World Tour lui a valu cette promotion aux côtés de neuf autres lauréats. Et parmi les 200 autres hommes qui partagent ce circuit, le Racingman est de ceux qui ont fait le choix de ne pas s’installer complètement sur le sol des États fédérés. Alors il vogue. D’un tournoi à l’autre, d’un hôtel à l’autre, d’une location à une autre ; comme au cours de cette semaine de repos dont le point de chute est Orlando. Ce train de vie ne le dérange pas. « Tant que la carte n’est pas validée, ça restera ainsi. Mais ça ne change pas grand chose par rapport à l’an dernier » compare-t-il pour rappeler le caractère nomade de la vie de golfeur professionnel. Dans ce quotidien, il ne croise que rarement ses compatriotes Victor Perez et Matthieu Pavon. Et la quinzaine de Tricolores qu’il côtoyait de façon hebdomadaire en Europe a laissé place à une bande nouvelle, celle des promus qui ont fait la traversée de l’Atlantique avec lui à l’instar des Rasmus Højgaard, Niklas Norgaard et autres Matteo Manassero.

Dans ce nouveau chapitre de sa carrière, le joueur de 32 ans applique depuis deux mois et demi une organisation rapidement établie avec sa garde rapprochée que forment Benoît Ducoulombier et Mathieu Santerre, ses entraîneurs techniques, Paul Olive et Sébastien Vivé, ses kinésithérapeutes, Jon Karlsen et Graham Walker, ses coachs au putting et au chipping, ainsi que Makis Chamalidis et Laurent Hubert, respectivement responsables de la préparation mentale et physique. « L’idée est de les voir le plus régulièrement possible. » « En ce qui me concerne, je viens le voir au Valspar Championship et au Zurich Classic (fin avril, ndlr) » détaille Mathieu Santerre.

Dans le haut du peloton de promotion

À cette occasion les deux hommes travailleront sur cette adaptation encore en cours que connaît le joueur. « L’affaire de quelques tournois » d’après le technicien. Car malgré une appréhension de la réalité grâce à quelques événements disputés par le passé et les précieux conseils de Victor Perez et Matthieu Pavon, le Français a tout de même été confronté de près aux différences du circuit américain. « Les parcours sont différents, le niveau des joueurs est très relevé et la densité est plus importante » pose-t-il en préambule avant de détailler : « L’écart de niveau entre le milieu et le bas de tableau est très réduit ce qui fait que les leaderboards sont très serrés et que le moindre coup fait gagner ou perdre 10 à 15 places. » De ce point de vue, les quatre cuts passés par le Francilien en cinq tournois joués s’apparentent à une première réussite. D’autant plus si on les oppose aux résultats de ses homologues promus sur les mêmes événements. Parmi les huit* rookies qui l’accompagnent, Rasmus Højgaard est le seul à avoir fait mieux quand Niklas Nogaard, Matteo Manassero et Jesper Svensson ont enregistré des performances presque similaires. « Certes les cuts sont une chose mais les 40e ou 50e places ne suffisent pas pour marquer beaucoup de points. »

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ACTUELLEMENT 170E DE LA FEDEX CUP, ANTOINE ROZNER A ENREGISTRÉ UNE 48E PLACE POUR MEILLEUR RÉSULTAT CETTE ANNÉE.

Pourtant, le rookie n’est pas loin d'apprivoiser son sujet. Sur quatre sorties lucratives en points, Rozner a, en moyenne, montré davantage de performance lors des trois premiers tours (score moyen de 70,3) que lors du dernier (score moyen de 72,6). Une différence qui pourrait être liée à la débauche d'énergie et de concentration que requièrent des adversaires et des parcours plus aguerris, amenant un potentiel surplus de fatigue physique en fin de semaine. « C’est possible mais il est encore trop tôt pour parler de tendance et dire s’il y a un lien » prévient Mathieu Santerre. Le principal concerné n’y voit de son côté aucun lien mais plutôt « des dimanches où [il] joue moins bien », tout simplement.

À l'approche de son prochain tournoi la semaine prochaine, le Francilien aura déjà d’éventuelles pistes à suivre pour s’adapter à ces greens fermes et rapides qui font la particularité des parcours américains. Sur le plan technique, cela pourrait passer par « l’ajout de loft aux clubs pour obtenir une trajectoire moins tendue » comme l’émet en hypothèse son coach ; quand l'analyse stratégique met en exergue l'engagement dans l'attitude. « Les demi-décisions sont plus sévèrement punies que sur le circuit européen, avance celui qui s’y est imposé par trois fois. Il faudrait donc davantage d’engagement sur mes choix. » Et puis il y a les tuyaux des copains Victor et Matthieu, plus expérimentés, qui prônent dans le sens de l’individualité et de la concentration sur soi tout en faisant abstraction du reste. Sur un circuit bien plus solitaire qu'ailleurs, la recette est probablement dans le mélange des trois ingrédients à la fois.

*Parmi les dix promus, Thorbjørn Olesen et Tom McKibbin ne sont pas considérés comme rookies. Le premier a déjà joué une saison sur le PGA Tour l’an passé et le second a signé sur le LIV.