Déjà vainqueur à deux reprises sur le Tour européen, Antoine Rozner s’apprête à disputer son premier WGC. Le Parisien ne cesse de nous épater mais sa trajectoire ascendante n’est pas une surprise pour ses proches. Ils se sont confiés sur ses forces et les raisons de sa progression.
Un swing millimétré et une tête bien faite
« Techniquement c’est parfait », voilà comment son coach Benoît Ducoulombier décrit avec simplicité le swing de son élève. L’une des clés de la réussite d’Antoine, c’est bien sûr sa puissance. Naturellement athlétique, le Parisien est un gros frappeur et propose aujourd’hui le jeu typique du golfeur moderne : « Il fait toujours des choses simples, il tape fort mais en rythme. Il est naturellement costaud et capable d’exploiter sa puissance, analyse Benoît Ducoulombier. Techniquement c’est parfait, c’est très simple dans les mains, c’est un métronome. Il fait partie des gens avec qui je suis complètement en phase. Après c’est lui qui tient le club mais j’aime beaucoup ce qu’il fait sur le plan technique. Et puis quand je travaille avec lui c’est fluide. C’est un bosseur qui construit aussi bien son golf que sa carrière. »
24e au classement de la distance au Drive sur le Tour Européen, Antoine Rozner doit aussi sa puissance à un passif de sportif. Biberonné dans le club du Racing Club de France la Boulie, il est passé par de nombreuses disciplines avant de s’impliquer à fond dans le golf, comme en témoigne sa mère Laurence Rozner : « Il a fait du hockey sur gazon, du tennis et d’autres sports. Antoine est avant tout un athlète qui a des capacités physiques indéniables. En plus de ça, il sait ce qu’il veut. Je peux vous assurer que lorsqu’il fallait tirer les pénaltys dans les matchs de hockey, il prenait sa décision et il y allait à fond. C’est finalement la même chose sur un parcours de golf et dans la construction de sa carrière. Je ne suis pas surprise par sa réussite même si on ne s’attendait pas à ce que cela soit aussi rapide. Maintenant ça représente bien Antoine. Il sait faire les bons choix et les assumer. Il va toujours à fond dans ses décisions. »
Vainqueur à deux reprises sur l’European Tour, à Dubaï et au Qatar, Rozner ne fait que monter en puissance. Une réussite qui lui ouvre les portes des plus gros tournois mondiaux. En effet, dès demain il disputera son tout premier WGC au Texas avec cette fois-ci un statut d’outsider. Pour Romain Langasque, son ami dans la vie et sur le circuit, ce n’est pas une surprise de le voir à ce niveau : « On est très pote depuis qu’il est arrivé sur le circuit. Il avait déjà un long jeu de dingue à la base et aujourd’hui il putt de mieux en mieux. Franchement, il est impressionnant. Il frappe fort et tous les compartiments de son jeu sont bons. Ça ne m’étonne pas de le voir performer ainsi et si il joue comme en ce moment lors de ses matchs au WGC, il peut battre n’importe qui. »
Benoît Ducoulombier
Un détachement naturel
Du point de vue technique, rien à redire. Mais à en croire les dires de son entourage, faire la part des choses et prendre les bonnes décisions au bon moment sont les principales raisons de son succès : « Quand il est sur le parcours c’est focus golf à 200%, raconte Romain Langasque. Mais on est les premiers à se marrer et à déconner en dehors du terrain. Cette façon de voir les choses fait sûrement partie de sa réussite. »
Il suffit de l’observer sur le terrain pour voir un garçon calme et en maîtrise. Depuis ses deux victoires sur le Challenge Tour en 2019, le joueur de la Boulie a franchi un cap. C’est d’ailleurs l’élément déclencheur pour son ami Antoine Schwartz, ancien joueur professionnel : « Je le connais depuis longtemps et j’ai partagé beaucoup de parties avec lui. Je pense que ce qui lui manquait c’était une victoire. Il fallait qu’il casse cette limite pour éclore. On en a souvent parlé entre nous et je sentais que cette étape a été cruciale pour lui. »
Depuis, le Français a fait sa place parmi les membres de l’European Tour. Il s’est même installé confortablement au sein su Top 10 de la Race. Pour autant, ses victoires ne l’ont pas changé. Il reste le même homme ambitieux et impressionne ses amis par son détachement : « Il a un côté un peu perché mais dans le sens positif du terme, explique Antoine Schwartz. Sur un parcours de golf, il est toujours serein. Il sait où il veut aller. Il fait souvent les bons choix que ce soit dans le jeu ou pour organiser sa vie de joueur pro. Dans le même temps il a besoin de ses bases, de sa famille et son envie de réussir est énorme. Il y a encore quelques jours il était au practice de la Boulie par cinq degrés à travailler son wedging avec des balles de practice. Pour moi il n’a pas de limites et finalement ses résultats m’impressionnent mais ne m’étonnent pas. »
Confronté aux meilleurs mondiaux cette semaine, Antoine Rozner va vivre une expérience unique à Austin. Une voyage dans une autre sphère où il va croiser sur sa route, dès demain, un certain Bryson DeChambeau. Duel de cogneurs en perspective, un terrain de jeu sur lequel le Tricolore peut avoir son mot à dire.