Entre un record de victoires consécutives et un rapport de force qui semble s’inverser, les ambitions de l’équipe européenne ont de quoi donner beaucoup d’attrait à cette Solheim Cup 2023.
Demain, tout recommence. Dans la fraîcheur matinale de l’Andalousie, dans l’enceinte d’un tracé de Finca Cortesin en périphérie de Malaga, c’est un rituel unique qui se déroulera à nouveau vendredi. Comme chaque année, elles ne seront que quatre à le vivre. Emmenées par une marche mécanique, elle-même rythmée par un tambour battant quelque part sous la poitrine, Linn Grant, Maja Stark, Megan Khang et Lexi Thompson avanceront silencieusement vers le départ du trou n° 1 pour officialiser la 18e édition de la Solheim Cup. Le pas étouffé par le brouhaha de la tribune, elles apparaîtront aux yeux d’une foule d’inconnus qui formeront, le temps de trois jours de compétitions, deux grandes familles qui aiment se détester. L’Europe contre les États-Unis. Deux ans après une édition qui a vu le Vieux Continent glaner sa seconde victoire de l’histoire sur le sol américain, le match le plus galvanisant du golf féminin revient pour un affrontement plein d’enjeux.
Un œil sur les deux formations
Les 12 joueuses de la capitaine européenne Suzann Pettersen : Céline Boutier, Carlota Ciganda, Gemma Dryburgh, Linn Grant, Georgia Hall, Caroline Hedwall, Charley Hull, Leona Maguire, Anna Nordqvist, Emily Kristine Pedersen, Madelene Sagstorm, Maja Stark.
Les 12 joueuses de la capitaine américaine Stacy Lewis : Allisen Corpuz, Ally Ewing, Danielle Kang, Megan Khang, Nelly Korda, Cheyenne Knight, Jennifer Kupcho, Andrea Lee, Lexi Thompson, Lilia Vu, Angel Yin et Rose Zhang.
Chacun sa motivation
Dirigé par la capitaine norvégienne Suzann Pettersen, le groupe européen aura pour ambition d’ajouter une septième victoire à son palmarès, mais surtout un troisième titre consécutif, qui matérialiserait une prouesse sans précédent si elle venait à être réalisée. À titre de comparaison, les Américaines n’ont jamais gagné plus de trois éditions de suite (2005, 2007, 2009).
Face à elle, les joueuses de Stacy Lewis arrivent avec l’esprit revanchard et avec l’avantage d’avoir remporté deux des quatre dernières éditions jouées sur le territoire européen. Une statistique à moitié convaincante puisque ces succès remontent à 2007 et 2015 et laissent une période de domination américaine s’effacer partiellement au profit de l’hégémonie grandissante de l’Europe.
Les joueuses à suivre
D’un côté, l’équipe européenne peut compter sur sa meilleure joueuse, Céline Boutier, en ses qualités de n° 5 mondiale et de lauréate de l’un des cinq Majeurs de la saison, l’Amundi Evian Championship. Pourtant, la joueuse de 29 ans porte un avis plus humble sur sa position. « Disons que je ne me situe pas comme une leader. Je me vois entre des joueuses très expérimentées comme Charley Hull, Carlota Ciganda ou Anna Nordqvist et celles qui performent fort mais qui découvrent leur première Solheim », explique celle qui joue son 3e match Europe-États-Unis, avant d’enchaîner : « Je suis vraiment contente de faire partie de cette équipe et surtout de revenir en Europe. C’est ce qui m’avait marquée pour ma première en 2019 et qui m’avait manquée il y a deux ans. »
En face d’elle, il y a d’abord Allisen Corpuz, elle aussi vainqueur en Majeur à l’U.S. Open. Mais la rookie se porte dans l’ombre d’une autre compatriote néophyte qui se tient comme figure de proue des bleu et rouge, Lilia Vu. Malgré quatre cuts manqués lors de grandes échéances et une régularité parfois fuyante, la n° 2 mondiale compte trois succès cette année, dont un au Chevron Championship doublé d’un autre à l'AIG Women’s Open.
L’influence de l’expérience
Au-delà des individualités, la Solheim Cup voit les différences se faire à échelle collective. Et cette année devrait encore illustrer l’influence de l’expérience entre deux groupes opposés par le profil de leurs joueuses. D’un côté, les douze Européennes totalisent 31 apparitions en Solheim Cup, contre 17 pour les jeunes Américaines. Même tendance en ce qui concerne la quantité de rookies. Elles seront cinq à découvrir l’événement dans les rangs d’outre-Atlantique, soit deux de plus que du côté du Vieux Continent. Mais les chiffres sont ce qu’ils sont et la réalité les fait parfois mentir.
Avec un schéma des quatorze dernières éditions qui place les Américaines comme favorites, deux derniers chiffres viennent appuyer cet avantage statistique : celle du classement mondial. Avec un ranking moyen avoisinant la 25e place, la bannière étoilée apparait nettement plus performante que son pendant européen, dont le classement moyen monte à la 43e place. De quoi resserrer le scénario hypothétique du 18e match opposant Europe et États-Unis. Pour le plus grand plaisir de toutes et tous.