Alain Pelillo : « Le Legends Open de France, un tournoi haut de gamme »

Pourquoi l'Open de France senior se dispute-t-il sur un format d'alliance ?
Il faut être réaliste : aujourd'hui, il est difficile de trouver les ressources financières pour organiser en France un événement de golf avec une dotation suffisamment conséquente pour attirer des joueurs de renom. Le format de l'alliance s'impose donc à nous, ainsi qu'aux joueurs, car c'est le modèle privilégié par le Legends Tour (le circuit senior européen, ndlr) depuis quelques années sur la plupart de ses tournois. Nous avons la chance d'avoir en WCM Investment Management, un fonds américain, un sponsor titre qui nous aide de manière conséquente dans cet événement. La dotation est d'ailleurs de 350 000 euros cette année, en augmentation constante par rapport aux précédentes éditions qui étaient à 250 et 300 000. Pour WCM, ce tournoi est l'occasion d'inviter des grands clients sur les 16 places amateurs dont ils disposent sur les 40 au total. Ce qu'ils veulent, c'est utiliser cet événement comme support de relations publiques de haut niveau.

Le champ comporte donc 40 places pour les pros, contre 60 l'an dernier. Pourquoi cette diminution ?
L'an dernier on avait effectivement 60 joueurs, mais ça posait plusieurs problèmes. Déjà, celui du nombre de joueurs sur le terrain, puisque ça fait 50 % de parties de plus qu'à 40. Et puis, ça nous obligeait à trouver 60 amateurs, et comme la base économique du projet est que les amateurs paient leur place, ou soient invités par un sponsor qui paie pour eux, il fallait qu'on ait un nombre d'amateurs qui corresponde à notre potentiel de vente. Et à 40, on est déjà sur la limite haute de ce potentiel ; on voulait d'ailleurs limiter à 32 joueurs cette année. Les places pour les amateurs sont tout de même chères, puisque le tarif cette année est de 12 000 euros pour jouer le pro-am le mercredi, et les trois tours de l'alliance du jeudi au samedi.

Malgré le coût élevé, jouer avec des pros – des « légendes » – est tout de même une expérience privilégiée...
Oui, ce format d'alliance permet aux amateurs de jouer dans les mêmes parties que les pros. Mais pas dans la même équipe, pour un même score, comme ça se fait à Pebble Beach sur le PGA Tour ou au Dunhill Links sur le circuit européen. Là, les amateurs jouent par équipes de deux tout au long du tournoi, et se retrouvent associés à deux pros chaque jour : les mêmes lors des deux premiers tours, et potentiellement d'autres lors du dernier, puisqu'on fait partir tout le monde dans l'ordre inverse du classement le samedi. Les amateurs jouent donc en équipe de deux, avec addition de leur score en stableford, pour un classement unique sur 54 trous. Et pour eux, c'est effectivement une expérience incomparable de pouvoir jouer avec des joueurs qui ont marqué l'histoire du golf !

Pour cette édition 2023, quelles sont justement les têtes d'affiche ?
On peut citer Michael Campbell, Stephen Dodd, Philip Price, Philip Walton, Costantino Rocca, etc. Et parmi les Français, il y a Thomas Levet, Jean Van de Velde, Jean-François Remesy, Christian Cévaër ou encore Marc Farry qui ont tous fait de remarquables carrières. L'esprit, c'est de faire un tournoi haut de gamme, qui fait partie d'un circuit appelé Legends Tour, donc qui suppose des joueurs ayant fait une carrière de haut niveau, que ce soit en Europe ou aux États-Unis. Dans cette optique, on a donc un très beau plateau ! Après, il est vrai que ce ne sont pas forcément tous des joueurs capables aujourd'hui d'envoyer 62 ou 63, mais quand on fait de l'alliance avec des partenaires qui veulent faire des opérations de relations publiques haut de gamme avec leurs clients, la réputation du joueur est au moins aussi importante que son niveau actuel. On préfère jouer avec Rocca même s'il fait au-dessus du par qu'avec un inconnu qui enverra 65.

Il y a également quelques Américains parmi les invités...
Oui, Gary Nicklaus (le fils de Jack Nicklaus, ndlr) et Andrew Magee (quatre victoires sur le PGA Tour, ndlr), sans oublier Tommy Armour qui aurait dû venir mais s'est blessé récemment. S'ils sont là, c'est bien parce que Jean Van de Velde, qui est l'hôte du tournoi et mon associé dans la société organisatrice VDV Partners, les connaît pour avoir joué avec eux sur le PGA Tour. C'est pour correspondre à l'image qu'on veut donner de notre tournoi auprès de notre sponsor qu'on a lancé des invitations à des joueurs de cette réputation.

Le fait de limiter le champ à 40 joueurs n'est-il pas contradictoire avec la notion d'open national ?
Ce n'est pas contradictoire dans la mesure où on joue en alliance. Si on n'avait que des pros, ce serait légitime de se poser la question, mais comme c'est l'alliance qui est aujourd'hui privilégiée sur le Legends Tour, il n'y a pas de scandale à mon sens. La logique de la limite du champ, elle vient à la fois de la politique du circuit et de la réalité économique.

Votre contrat de trois ans arrive à son terme cette semaine. Quel est l'avenir que vous envisagez pour le Legends Open de France ?
On discute avec le circuit pour voir quelle suite on va donner à ce tournoi. Notre sponsor principal restera avec nous dans les années qui viennent, donc on va voir comment, ensemble, on peut trouver des idées pour continuer à faire exister et grandir ce tournoi. Le Legends Tour veut garder un tournoi en France, et notamment à Paris, car c'est important pour eux de proposer une telle destination à leurs joueurs et à leurs clients. Mais pour le moment rien n'est encore décidé, et ça fera l'objet de discussions dans les semaines et les mois à venir. Néanmoins, l'ambition est bien de continuer l'aventure !