Parmi les multiples aspects de la mission régalienne de la Fédération française de golf qu'est le développement du jeu, le soutien apporté aux meilleurs espoirs tricolores constitue un levier incontournable que détaille Christophe Muniesa, directeur exécutif et DTN de la ffgolf.
C'est une constante ancrée depuis de longues années dans la politique sportive de la Fédération française de golf (ffgolf) : soutenir les joueurs et joueuses français dans leur transition depuis les rangs amateurs vers le monde professionnel, et les aider à lancer leur carrière. Une constante dont les modalités, cependant, évoluent au fil du temps, comme le rappelle Christophe Muniesa, directeur exécutif et directeur technique national de la ffgolf : « Il faut s'adapter à des situations nouvelles. Je prends l'exemple d'Adela Cernousek qui, dès son passage pro, va évoluer sur le LPGA Tour. Pareil pour Bastien Amat qui dès sa première tentative a obtenu sa carte du DP World Tour. Il y a quelques années, ça n'arrivait jamais, donc il faut qu'on s'adapte. »
Une approche plus élitiste
Alors que, par le passé, la Fédération soutenait un nombre plus élevé de joueurs et joueuses professionnels, c'est un nombre relativement restreint (cf. composition des groupes ci-dessous) qui en bénéficie en 2025. « Les critères sont assez élitistes, il faut le reconnaître », admet Christophe Muniesa. « On les a volontairement resserrés pour deux raisons : d'un point de vue quantitatif, parce que de plus en plus de jeunes passent pro aujourd'hui qu'il y a quinze ou vingt ans. Il y a une augmentation notable en volume qui aurait été difficile à suivre. Après, d'un point de vue qualitatif, on s'est dit que là où l'aide de la Fédération pourrait avoir un effet de levier vraiment important, c'est en la mobilisant auprès de joueurs et de joueuses qui ont le potentiel pour rentrer dans le top 20 mondial, ce qui est notre objectif. »
Pour bénéficier du soutien fédéral en 2025, les sportifs devaient ainsi remplir les critères suivants : avoir moins de 30 ans, être pro depuis trois ans au maximum, et évoluer pour les hommes sur un circuit de première ou deuxième division, et pour les femmes sur un circuit de première division.
Les bénéficiaires en 2025
Femmes
- Adela Cernousek : 21 ans ; pro depuis 2024 ; sur le LPGA Tour en 2025
- Ariane Klotz : 26 ans ; pro depuis 2024 ; sur le Ladies European Tour en 2025
- Nastasia Nadaud : 20 ans ; pro depuis 2023 ; sur le Ladies European Tour en 2025
Hommes
- Bastien Amat : 22 ans ; pro depuis 2024 ; sur le DP World Tour en 2025
- Clément Charmasson : 26 ans ; pro depuis 2023 ; sur l'HotelPlanner Tour en 2025
- Martin Couvra : 22 ans ; pro depuis 2023 ; sur le DP World Tour en 2025
- Maxence Giboudot : 21 ans ; pro depuis 2023 ; sur l'HotelPlanner Tour en 2025
- Oihan Guillamoundeguy : 20 ans ; pro depuis 2022 ; sur l'HotelPlanner Tour en 2025
- Aymeric Laussot : 24 ans ; pro depuis 2023 ; sur l'HotelPlanner Tour en 2025
- Nathan Legendre : 22 ans ; pro depuis 2024 ; sur l'HotelPlanner Tour en 2025
- Julien Sale : 27 ans ; pro depuis 2022 ; sur l'Asian Tour en 2025
- Tom Vaillant : 23 ans ; pro depuis 2022 ; sur le DP World Tour en 2025
Une aide sous deux formes
L'aide apportée par la Fédération française de golf à ces espoirs peut prendre deux formes distinctes, complémentaires ou dissociées. La première consiste à un apport en numéraire. « Les montants des aides financières, qui sont déterminés en fonction du circuit de référence et de l'antériorité, varient de 5000 à 15 000 euros, chez les garçons comme chez les filles », précise Christophe Muniesa. « Quand le passage pro est à la fois rapide et couronné de succès, et que le joueur ou la joueuse se retrouve sur un circuit qui suppose d'engager des frais importants, l'idée est que la Fédération lui apporte une enveloppe qui lui permette de lancer sa saison en couvrant ses frais logistiques. »
La deuxième forme d'aide est la prestation de services : « C'est la mise à disposition de ressources fédérales, par exemple un entraîneur rémunéré par la Fédération qui s'occupe en particulier d'un jeune pro. Ce temps qu'il lui consacre est valorisé à la journée ou à la semaine de tournoi », explique le dirigeant. « On peut avoir par exemple un joueur qui n'aurait que 5000 euros en numéraire, et 15 000 euros de temps d'entraîneur mis à sa disposition. À l'inverse, pour un joueur qui prend à sa charge ses frais d'entraînement, on sera enclins à augmenter le montant de l'aide financière. »
Un seul objectif : performer rapidement
L'obtention de l'aide fédérale n'entraîne pas l'assurance d'en bénéficier ad vitam æternam, bien au contraire. « Ce soutien est limité à trois années, car l'idée est d'installer dans l'esprit des joueurs la nécessité d'être performant rapidement », indique Christophe Muniesa. « C'est la réalité du haut niveau dans le golf aujourd'hui : si, dans tes deux ou trois premières années de circuit tu n'as pas démontré de capacité à remporter une épreuve de niveau international, la chance que tu as d'y parvenir après cinq, sept, dix ans est extrêmement faible. Évidemment, il y a des exceptions, mais on ne jette pas la pièce en l'air en espérant qu'elle retombe du bon côté dix ans plus tard. Ce serait aller à l'encontre d'une analyse rationnelle et statistique de la situation. »
En comparaison avec l'époque où les aides étaient allouées à davantage de pros, sur une durée plus longue mais un montant forcément moins élevé, la politique actuelle est volontairement plus élitiste, mais totalement assumée. « On a conscience que ça peut susciter des critiques, et on n'est pas enfermés dans nos principes », note le directeur exécutif. « Les ressources fédérales n'étant pas infinies, on a fait le choix de mieux aider un nombre restreint de joueurs, qui ont comme point commun d'être jeunes et d'avoir un potentiel élevé, plutôt que de saupoudrer des petites aides sur un nombre important de joueurs. Ça nous semble nettement plus cohérent avec la réalité du haut niveau, et la meilleure façon d'aider nos espoirs à atteindre les sommets du golf mondial. »