Seule Française victorieuse sur la deuxième division américaine en 2021, Emma Broze a conclu sa première saison à une très honorable 34e place, ce qui lui permet d'accéder directement à la finale des cartes américaines début décembre. Un rendez-vous que la joueuse de 26 ans abordera sans pression.
Le 17 juillet, trois semaines avant son 26e anniversaire, Emma Broze est devenue la cinquième golfeuse française à s'imposer sur le Symetra Tour. Au cœur de l'été, la victoire de la Ligérienne est passée quelque peu inaperçue, mais elle a posé un nouveau jalon dans la longue tradition de succès de nos joueuses outre-Atlantique, entamée il y a vingt ans par Jeanne-Marie Busuttil, et poursuivie plus récemment par Valentine Derrey (2011), Céline Boutier (deux fois en 2017) et Perrine Delacour (deux fois en 2019). Pourtant, rien ou presque ne laissait présager d'une telle réussite, la native de Feurs n'ayant même pas démarré l'année sur ce circuit ! « En début d'année je n'avais pas forcément l'argent nécessaire pour y jouer », explique-t-elle. « Même si ma catégorie acquise par les cartes du LPGA Tour fin 2019 me permettait de rentrer sur tous les tournois, j'avais commencé 2021 en repartant sur le Women's All Pro Tour (un mini-tour basé dans le Centre et le Sud des USA, ndlr), sur lequel j'avais joué l'année précédente pendant le Covid. »
Quatre épreuves disputées entre avril et juin, dont l'une, conclue à la deuxième place derrière une amateur, lui a permis d'empocher le chèque destiné à la gagnante, ont rapidement permis à Emma d'avoir quelques sous d'avance pour financer la suite de sa saison. Un mois plus tard, deux tours bouclés en 67 et 65, conjugués à l'annulation du week-end pour cause de pluies diluviennes, lui offraient donc, au Danielle Downey Credit Union Classic, un succès « un peu inattendu », mais absolument pas immérité : « C'est vrai que deux tours ont été annulés, mais il fallait quand même bien jouer les deux premiers. Cette victoire est venue naturellement. Je sentais que mon jeu était bon, j'étais à l'aise sur les parcours même si je les découvrais. Et je me disais que si j'avais gagné ma place sur le Symetra, il y avait des raisons, et que je n'avais qu'à jouer mon golf pour le prouver », poursuit-elle.
Un voisin nommé Viktor
Avec cinq cuts franchis sur les huit tournois suivants, Emma a terminé l'année, qui s'est achevée le week-end dernier en Floride, à une honorable 34e place de l'ordre du mérite. Un bilan qu'elle juge satisfaisant : « Je sais qu'il y a toujours possibilité de faire mieux, mais pour une première année de découverte de l'inconnu, ce n'était pas mal. Je n'ai pas été intimidée, et ça prouve que tout le travail que je fais depuis des années paie. » Depuis des années, l'ex-membre de l'équipe de France, avec laquelle elle a notamment remporté le championnat d'Europe en 2014 (aux côtés, entre autres, de Céline Boutier) travaille en effet de son côté, loin de l'Hexagone, dans un État du Midwest dénommé Oklahoma. « Ici, c'est vraiment le royaume des cowboys ! » lâche-t-elle en rigolant. « Après mes études à l'Oklahoma State University, je suis restée à Stillwater, la ville où se trouve la fac. Je continue à m'entraîner sur le même parcours ; et les coachs de l'université, même si ce ne sont plus les mêmes qu'à mon époque, font tout pour m'aider. Le fait de jouer au quotidien avec les étudiants actuels, ou des anciens comme Viktor Hovland qui vit toujours ici, ça m'a grandement facilité la transition. »
Et si, contrairement à ses compatriotes victorieuses sur le Symetra Tour, elle n'a pas encore accédé à l'échelon supérieur, Emma Broze aura une dernière cartouche à tirer début décembre, lors de la finale des cartes du LPGA Tour. Avec sa 34e place à l'ordre du mérite, elle est en effet exemptée du Stage II, qui se déroulera la semaine prochaine en Floride, et a donc un mois et demi devant elle pour préparer les Q-Series, qui se joueront en deux temps (du 2 au 5 décembre, puis du 9 au 12) dans l'Alabama. « Je vais commencer par me reposer, profiter d'avoir quelques jours tranquilles, puis je vais me remettre à m'entraîner et faire du sport pour arriver prête. Sur le Symetra Tour, on vient d'enchaîner quatre semaines en tournoi, dont les deux dernières sur quatre tours, donc les Q-Series vont ressembler un peu à ça. Et je n'ai pas de pression par rapport à ça : y participer dès la fin de ma première saison sur le Symetra est vraiment un bonus, la cerise sur le gâteau », conclut-elle. Seule Tricolore directement qualifiée pour cette finale des cartes, elle y retrouvera, espérons-le, Julie Aimé, Pauline Roussin-Bouchard, Agathe Laisné et Élodie Chapelet, qui joueront le Stage II à partir de jeudi prochain.
La French Connection
« Je n'avais jamais rencontré Julie Aimé avant cette année, mais j'avais déjà un peu entendu parler d'elle. C'est vrai qu'elle a été tout de suite super sympa avec moi, et son mari aussi d'ailleurs, et ils m'ont dit que si j'avais besoin de quoi que ce soit je ne devais pas hésiter à leur demander. Elle aussi, quand elle est arrivée sur le circuit, elle avait été bien aidée par Perrine Delacour, donc elle a déjà vécu ma situation et elle a voulu me faciliter la tâche. J'ai bien apprécié ! Quand Pauline Roussin-Bouchard est venue jouer sur le Symetra à South Bend, dans l'Indiana, on a réussi à se faire une partie de reconnaissance toutes les trois, et le soir même ou le lendemain un dîner entre Françaises. C'était cool de pouvoir partager un petit moment privilégié entre compatriotes ! »