Responsable de la filière Messieurs au sein de la ffgolf, Grégory Havret est devenu officiellement le 18 mars dernier membre du conseil d’administration du DP World Tour. Il nous explique ses nouvelles fonctions.

Grégory Havret fait entrer la France dans le Board du DP World Tour © Tomas Stevens / ffgolf

Début de semaine agité pour Grégory Havret. Parti aux États-Unis rendre visite dans leur université respective à Ugo Malcor et Paul Beauvy, le Rochelais a connu quelques soucis pour regagner l’Europe. « J’ai eu quatre heures de retard en raison d’un problème technique sur mon avion à Memphis, énumère-t-il. J’ai donc manqué ma correspondance. J’ai dû racheter un billet et passer par Istanbul. Je devais retourner chez moi (en Gironde) mais je ne suis finalement pas rentré. J’ai des affaires de quatre jours aux États-Unis et je pars ce mardi une semaine en Espagne. Sans compter la réunion de ce lundi à Wentworth… » Un véritable parcours du combattant ! 

À quand remontent vos premiers contacts avec le DP World Tour avant d’intégrer le board, le conseil d’administration ? 
À la fin du mois de décembre, j’ai reçu un ou deux messages me demandant si j’étais d'accord pour donner mon numéro à quelqu’un qui était au board du Tour européen. C’est à partir de là que cela s’est fait. On m’a appelé trois semaines plus tard environ. On a échangé à plusieurs reprises. Une fois que j’ai notifié que j’étais intéressé, ils ont effectué un process interne afin de valider mon entrée dans le board. Et il y a trois semaines, j’ai eu la confirmation que j’en faisais désormais partie (Ndlr, entrée officialisée le 18 mars 2025). 

Leur avez-vous demandé un délai de réflexion ? Et si oui, en avez-vous parlé avec les dirigeants de la Fédération française de golf ? 
Je n’en ai pas parlé avec la ffgolf, n’ayant pas de statut de salarié. J’ai un contrat qui me laisse une certaine liberté sur le reste de mes activités. J’ai dû en parler amicalement à Pascal Grizot, car c’était important de le mettre dans la boucle. Il a été très content pour moi, très content aussi qu’un Français puisse entrer dans le board du Tour européen. En termes de temps de réflexion, j’ai consulté ma femme, il y avait deux, trois choses à mettre en place au niveau logistique… J’ai digéré cela durant une soirée car c’est quelque chose d’assez important, d’autant plus quand ce poste s’effectue dans une langue étrangère. Dans des discussions animées, quand tout le monde parle sa langue maternelle, à savoir l’anglais, je savais que j’allais avoir des difficultés parfois, avec le vocabulaire, sur certains sujets inhérents aux finances par exemple… Mais je n’ai pas hésité vraiment longtemps. J’ai dit oui dès le lendemain.

Savez-vous pourquoi ils vous ont choisi vous plutôt qu’un Espagnol, un Italien ou un Allemand ?
Mark Roe a décidé de partir. C’est pour cela que j’ai pu rentrer. Quand j’ai eu Chris Hanell, un autre joueur qui fait partie du board, pour éventuellement remplacer Mark ; il m’a dit qu’ils avaient conscience que leur comité était à forte consonance britannique ou nordique. Ils voulaient justement profiter du départ de Mark pour explorer de nouvelles latitudes. La France possédant beaucoup de représentants sur le DP World Tour, ils se disaient que ce serait une bonne idée, que cela serait légitime. C’est pour cela qu’ils m’ont appelé.

Comment cela va-t-il se passer pour vous concrètement ? Allez-vous être défrayé de vos déplacements ? Allez-vous percevoir quelque chose de la part du Tour européen ? 
Oui. C’est défrayé et également rémunéré. Cela représente quatre lundis par an. À cela s’ajoutent des réunions extraordinaires durant lesquelles des choses importantes doivent être réglées ou votées rapidement. Les membres du board doivent être approchés et donner leur avis. Mais il y a pas mal de choses qui bougent comme vous le savez en ce moment dans le monde du golf. Cela risque donc d’être une année plus chargée que seulement quatre lundis…

En quoi consiste votre mission au sein de ce conseil d’administration ? 
Ma mission est la même que pour les autres membres. Je donne mon avis, je pose des questions. Il y a des décisions à prendre sur des sujets multiples et variés, qu’ils soient majeurs ou mineurs. Je m’entends très bien au sein de ce board avec Thomas Bjørn mais aussi avec Robert Lee, Paul Eales, Chris Hanell qui m’a, entre guillemets, recruté, David Howell aussi… Ce sont des joueurs que j’ai très souvent côtoyés et que j’apprécie beaucoup. C’est pour moi important de voir comment ils naviguent dans ce genre de réunion. Et cela m’aidera à l’avenir pour tenir une certaine posture. Que j’avais peut-être un peu de mal à assumer ce lundi.

On était une bonne vingtaine dans la salle. Il y avait des directeurs, des businessmen, des joueurs mais aussi des opérationnels du Tour. C’était assez riche, pour ne pas dire passionnant.

Justement, racontez-nous un peu votre première réunion à Wentworth ce lundi 24 mars en tant que membre du Board…
Il y avait Jay Monahan, le big boss du PGA Tour mais également directeur non-exécutif du DP World Tour, accompagné par l’un de ses collaborateurs. Il y avait bien sûr Guy Kinnings, le directeur général du DP World Tour… Tous les membres du board étaient là. Ce sont tous des gens très expérimentés et qui possèdent tous une certaine facilité dans la manœuvre de ce genre de journée. Même si je me débrouille bien en anglais, il me manque un certain vocabulaire sur certains sujets qui peuvent parfois me mettre en difficulté. C’était parfois un peu délicat pour moi, d’autant que la réunion a duré six heures. On était une bonne vingtaine dans la salle. Il y avait des directeurs, des businessmen, des joueurs mais aussi des opérationnels du Tour. C’était assez riche, pour ne pas dire passionnant.

Avez-vous pu converser avec Jay Monahan ? 
Oui, un petit peu. Il est arrivé bien avant la réunion. Il y avait un endroit où on pouvait se restaurer dans une ambiance très sympa et pas du tout solennelle. J’ai été le voir. Je me suis présenté car je ne l’avais encore jamais rencontré. On a discuté cinq minutes, notamment de mes petits déboires d’avion à Memphis. Ce fut très cordial. Je sais qu’il connait bien Pascal Grizot. On a échangé sur le fait que je le connaissais bien, que je travaillais pour la Fédération française de golf.

Des rumeurs circulent en ce moment sur un éventuel rapprochement entre le DP World Tour et le Fonds d’investissement public d’Arabie saoudite. En a-t-il été question durant cette réunion ?
Je ne peux ni confirmer, ni infirmer. C’est un dossier qui n’est pas du tout abouti. Il y a des choses qui se passent. Et sur ce sujet, je n’ai pas le droit de dire où cela en est. En tout cas, aujourd’hui, rien n’est déterminé. Que cela soit dans un sens ou dans l’autre…

Il y a un très bon groupe de joueurs qui va justement tirer vers le haut ceux qui sont très bons aussi mais peut-être un ton en-dessous.

Compte tenu de votre nouvelle fonction, serez-vous amené à être présent sur certains tournois du Tour européen ? 
Le prochain lundi (de réunion), c’est en juin et le suivant tombe je crois la semaine du BMW PGA Championship, à Wentworth (Ndlr, au siège du DP World Tour). Et le dernier, c’est le jour de mon anniversaire, le 25 novembre. Ils ne nous ont pas demandé d’être présent sur les tournois du DP World Tour. En revanche, on a pas mal de facilités pour la Ryder Cup. Je ne sais pas si je serai à Bethpage à la fin du mois de septembre, cela me paraît compliqué avec le programme de la ffgolf, mais pourquoi pas ? Bref, il n’y a rien de stipulé à part les quatre lundis, sauf si, bien sûr, il y a quelque chose d’urgent à gérer.

Cette nouvelle casquette va-t-elle modifier votre rôle en tant que responsable de la filière Messieurs au sein de la Fédération française de golf ? 
Non. Cette fonction avec le DP World Tour, c’est quelque chose de très engageant, mais ce n’est que quatre lundis dans l’année et peut-être quelques soirées… Au niveau de la ffgolf, cela ne m’empêche pas du tout de remplir ma mission. D’autant plus que j’ai carte blanche pour gérer mon agenda comme je l’entends. Enfin, presque comme je l’entends car il y a tout de même des lignes directrices qu’il faut respecter, des tournois auxquels je dois être présents. À titre personnel, j’ai aussi d’autres activités comme par exemple l’hippodrome du Bouscat à Bordeaux qui avance bien (Ndlr, un practice de golf, implanté au centre du champ de courses, attendu pour l’été 2025) ou encore ma présence en Belgique au Golf Club d’Hulencourt un peu moins d’une fois par mois. Là aussi, j’ai une liberté de mouvements extrêmement confortable qui me permet d’arriver à manager tout ça. Mais je ferai malgré tout le point très bientôt. Il sera toujours temps de rectifier certaines choses.

Et là, cette semaine, vous êtes à Sotogrande, dans le Sud de l’Espagne, avec l’équipe Messieurs dirigée par Benoît Telleria…
Exactement ! Je vais passer plusieurs jours avec lui et avec quatre garçons qui ont de très grandes chances de disputer le championnat d’Europe au mois de juillet. On a des joueurs en forme. Noa Auch-Roy a gagné deux fois en Afrique du Sud. Aaron Van Hauwe, qui a gagné une qualification aux Internationaux d’Espagne avec quatre coups d’avance. On a aussi Alexis Leray et Octave Bailo qui sont aussi plutôt en forme en ce début d’année. Cela va aussi me permettre de les voir sur un parcours assez sélectif comme Sotogrande, avec du vent, avec des greens assez durs…

Avez-vous déjà identifié les futurs grands joueurs français ?
Oui, mais je ne suis pas le seul à les avoir identifiés (rires). Il y a un très bon groupe de joueurs qui va justement tirer vers le haut ceux qui sont très bons aussi mais peut-être un ton en-dessous. Je pense évidemment à Hugo Le Goff qui a gagné les Internationaux d’Espagne au début du mois. On a Oscar Couilleau qui a très bien joué au Portugal. Il ne faut pas oublier non plus Lev Grinberg, qui s’entraîne tous les jours avec les garçons au Centre de performance du Golf National. Ces trois joueurs sont dans le viseur de Stephen Gallacher (Ndlr, le capitaine européen de l’équipe de Ryder Cup junior). Arthur Carlier est également identifié comme un grand potentiel… Donc oui, il y a une très belle génération et c’est de bon augure pour l’avenir.