Auteur d’un dernier tour de feu au Chili, synonyme d’un top 10 sur le Korn Ferry Tour, Jérémy Gandon a vu son horizon s'éclaircir. En possession d’un droit de jeu partiel au mois de janvier, il va désormais pouvoir rester sur la 2e division américaine jusqu’à la fin de saison.

Ce 62 posté dimanche 9 mars lors du quatrième tour du Astara Chile Classic, étape sud-américaine du Korn Ferry Tour, la deuxième division du circuit américain, vient de bouleverser la saison de Jérémy Gandon. Ce -9 sans bogey lui a en effet permis de prendre la 9e place du tournoi, de s’installer au 48e rang du Points List Ranking et surtout de valider son année dans l’antichambre du PGA Tour, terminus de tous les rêves du golfeur drômois passé professionnel en 2019.
En possession d’un droit de jeu partiel après avoir échoué en décembre dernier à la finale des Cartes du Korn Ferry Tour, à un coup seulement d’un top 45 salvateur, le Français installé à Dallas a, en une seule journée, balayé toutes ses incertitudes.
« Ce -9, c’est tout simplement le tour le plus bas jamais réalisé jusqu’à maintenant, rappelle le golfeur issu de Kansas State University, de retour chez lui lundi dans le Texas après un vol de nuit dimanche depuis Santiago du Chili. J’ai fait parfois des -8, mais -9, c’est ma meilleure carte en professionnel. J’avais, certes, signé un tel score sur des mini-tours mais jamais à ce niveau-là d’exigence. »
Ce premier top 10 résulte d’un bon début de saison. Après une 63e place acquise le 22 janvier au Bahamas Great Abaco Classic, le jeu du Français âgé de 28 ans est monté crescendo avec d'abord une 49e place le 9 février au Astara Golf Championship du côté de Bogota, en Colombie, puis une 25e place au 118 Visa Argentina Open à Buenos Aires le 2 mars. Avant donc cet excellent finish au Chili…
« Mon statut était conditionnel en début de saison, précise Jérémy Gandon. Mais j’avais des opportunités en début d’année pour avoir une carte complète. J’ai joué quatre des six premiers tournois, ce qui est déjà pas mal. Il y a eu un re-ranking après quatre tournois. J’en avais joué deux. Comme j’ai passé les deux cuts, ça a amélioré mon statut. Le prochain re-ranking aura lieu après le 8e tournoi. Avec cette 9e place au Chili et le top 25 juste avant en Argentine, je suis bon jusqu’à la fin de l’année sur le Korn Ferry Tour. »
« Ce qui est certain, c’est que je suis sur une bonne dynamique, ajoute-t-il. Mon jeu n’était pas parfait lors des deux premiers tournois mais je suis tout de même parvenu à avancer. Une fois que cela a été fait, notamment en passant ces cuts, j’ai senti une amélioration dans mon jeu. Tout s’est débloqué. J’avais un peu plus de perspective sur le futur. Et ça aide à lâcher les coups. J’étais un peu plus libéré dans la tête… »
Ce bon début de saison, il le doit aussi très certainement aux changements qu’il a apportés au sein de son staff. Jérémy Gandon s’est structuré, s’entourant d’un petit « commando » qui doit l’aider à franchir un nouveau cap, après trois années à végéter entre le PGA Tour Americas, quelques incursions auparavant sur le Korn Ferry Tour et une saison en 2023 sur l’Asian Tour…
« Avant, j’avais des coaches mais ce n’était jamais vraiment cadré, souligne-t-il doucement. C’est ma cinquième année en tant que pro, je voulais mettre plus de chances de mon côté et partir avec un staff plus défini. À la fois sur le physique, le mental et bien sûr la technique… Aujourd’hui, on va dire qu’il y a quatre, cinq personnes autour de moi de façon constante. »
« Mon coach physique, Alex Peckman, est américain, poursuit-il. Il est à Dallas. Mon coach mental est français. Il s’appelle David Bancel. Il est de chez moi, de Charpey (Drôme). On communique par visioconférence. Mon coach technique, Joel Thelen, est un bon ami à moi. Il est toujours joueur. C’est un passionné. Il était encore sur le Korn Ferry Tour l’an passé. Je lui ai demandé en début d’année s’il voulait me coacher plus sérieusement. Il a accepté. Pour l’instant, ça se passe très bien. Je dois aussi prendre une décision en ce qui concerne mon caddie. Il s’agit de Sergio Rohlmann. Il est argentin. Il était déjà avec moi il y a deux ans sur le Korn Ferry Tour durant six à sept tournois. Il faut que l’on voit ensemble de ce qui est possible de faire. Ce n’est pas encore sûr qu’il puisse assurer la saison aux USA avec moi. Il a déjà fait quelques années sur le KFT avec des joueurs argentins. »
Libéré de ce poids de ne pas repartir sur le PGA Tour Americas (ex PGA Tour Latinoamérica), la 3e division U.S., Jérémy Gandon ne se fixe pas pour autant de réel objectif pour 2025. Certes, finir dans le top 20 et ainsi grimper sur le PGA Tour en 2026 demeure envisageable. Mais il ne veut surtout pas « s’enflammer » comme il dit. Ses récentes expériences l'ont effet toujours conforté dans l’idée qu’il fallait rester lucide. Même dans les bons moments.
« L’objectif était déjà de pouvoir jouer une saison complète sur le Korn Ferry Tour, souffle-t-il. Maintenant que c’est fait, que ça s’est éclairci pour moi, l’objectif est de poursuivre cette progression, au jour le jour. Si on m’avait dit ça en fin d’année dernière, j’aurais signé tout de suite. Golfeur pro, c’est un métier où on ne se pose jamais vraiment. Il n’y a aucune garantie. Toutes mes expériences sont bénéfiques. J’en ai tiré du positif, même quand ça n’allait pas fort. Mais je voulais vraiment vivre au moins une saison complète sur le Korn Ferry Tour avant, peut-être, de passer à autre chose. Est-ce que j’ai songé à raccrocher quand ça n’allait pas fort ? Je mentirais en disant que cette option ne m’a pas traversé l’esprit. Le golf, ça peut changer d’un jour sur l’autre. L’an passé, sur le PGA Tour Americas, il y avait eu de la déception parce que j’avais plutôt bien lancé ma saison. Et puis la deuxième partie de saison a été décevante. Je me suis retrouvé au Stage 1 de la Q-School, avec seulement la garantie de repartir sur le PGA Tour Americas. Je n’étais pas sûr à 100 % de vouloir le refaire. J’ai tout donné à ce moment-là, c’est passé au Stage 1 puis au Stage 2 avant de manquer d’un coup la carte lors de la finale. À l’arrivée, ça se goupille bien pour moi. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être en phase avec mon jeu. Je me sens prêt ! »
Prochain rendez-vous, le 3 avril à Savannah (Géorgie), au Club Car Championship (1 million de dollars de dotation), pour la reprise de la compétition et surtout le lancement de la saison aux États-Unis.
Son staff technique
Joel Thelen : coach technique (« Je peux aussi compter sur mon frère, Sébastien, avec qui je communique beaucoup », précise Jérémy Gandon.)
Blair Phillips : coach putting
Alex Peckman : coach physique
David Bancel : coach mental
Sergio Rohlmann : caddie*
* Sous réserve