Handicapé depuis quatre ans par des soucis récurrents au dos, le double vainqueur sur le Tour européen a décidé d’effectuer au début du mois de janvier la même opération chirurgicale qui a permis à Tiger Woods de remporter le Masters 2019. Résurrection ?
Il aura fallu quelques photos et une vidéo publiées il y a une petite semaine sur ses comptes Facebook et Instagram pour que l’espoir de revoir – bientôt ? – Julien Quesne sur un parcours de golf, en compétition, renaisse. Le double vainqueur sur le Tour européen entre 2012 et 2013 est en effet en train de peaufiner son retour. Après de trop longues années de galère…
« Je suis en phase de reprise, confirme le natif du Mans installé en Gironde depuis plusieurs années maintenant. Je me suis fait opérer le 4 janvier à Bordeaux d’une arthrodèse. Ils m’ont fait exactement la même intervention que pour Tiger (Woods). Ils m’ont soudé le sacrum avec la première vertèbre (L5, S1). Je n’avais plus de disque entre les deux. Ils ont prélevé un greffon osseux de ma hanche qu’ils ont placé entre les deux vertèbres. Ils ont mis une espèce de cache qui englobe le tout. Des vis tiennent tout ça et au fur et à mesure, le greffon osseux est censé se consolider et ne plus bouger du tout par la suite. Et donc, ne plus être douloureux. »
Une opération d’une heure trente – « les chirurgiens sont passés par devant afin de préserver les muscles du dos » – dont la finalité est de le remettre définitivement « sur pieds ». Et d’effacer ainsi une souffrance trop souvent prégnante, devenue à la longue, hélas, presque familière.
« Je m’étais fait opérer une première fois au même endroit d’une hernie discale le 21 janvier 2021, poursuit-il. Ils avaient vidé le disque, notamment certains morceaux fragmentés du disque en question qui appuyaient sur mon nerf sciatique. Mais en fait, je ne m’en suis jamais sorti… Et l’année dernière, j’ai vraiment galéré, en fonction des périodes… Si bien que fin 2022, je n’en pouvais plus et c’est pour ça que j’ai sollicité une nouvelle opération. D’où cette arthrodèse. Le chirurgien est très confiant, notamment sur le fait que je vais pouvoir reprendre le golf… On s’est d’ailleurs renseigné là-dessus et on a su que Tiger Woods avait renoué avec la compétition onze mois après cette opération. »
Julien Quesne a ainsi repris le petit jeu depuis le début du mois de mars. Il a aussi commencé dans la foulée à retaper ses premières balles. En douceur. Il aurait aimé être de la « fête » au Médoc, là où il s’entraîne, pour le Championnat de France professionnel prévu du 7 au 9 avril mais cette échéance semble bien trop prématurée.
« Je ne suis pas encore à 100 %, prévient-il. Physiquement, ce n’est pas encore totalement consolidé. Le staff médical qui s’occupe de moi m’indique qu’il faut que je sois actif, que je m’entraîne mais il faut arriver à tempérer les choses, pour ne pas me refaire mal… Je fais une heure et demie à deux heures de sport par jour. Et la même chose au niveau golf. Surtout du petit jeu : chipping, sortie de bunker. Je suis toujours avec Patrick Talon, depuis maintenant trois-quatre ans. Depuis que je suis blessé. On s’est revu le 20 mars à Hossegor. Et tout s’est bien passé. Jusque-là, je ne pouvais pas m’entraîner normalement, je ne pouvais rien faire. »
Plus aucune catégorie de jeu sur le Challenge Tour
Comment voit-il son futur proche, lui qui ne possède plus aucune catégorie de jeu sur les différents tours professionnels ? A peine jouit-il d’une catégorie française qui ne lui ouvre cependant pas les étapes tricolores au calendrier du Challenge Tour 2023… Vainqueur de l’Open d’Italie en septembre 2013, il ne pourra, là non plus, pas bénéficier d’un statut d’ancien vainqueur…
« Je vais devoir solliciter des invitations auprès de la Fédération française de golf (FFG), des promoteurs, des sponsors, passer par des qualifications, pour essayer de jouer, souffle-t-il, conscient que le plus dur est peut-être encore à venir. Mais j’y crois. Sinon, j’aurais arrêté depuis longtemps. Pour l’Italie (Ndlr, programmé du 4 au 7 mai à Rome, sur le parcours qui accueillera la Ryder Cup fin septembre), pour espérer être dans le champ, il faut conserver au minimum une catégorie sur le Challenge Tour... »
« L’objectif que je me suis fixé, c’est d’être de retour pour les étapes du Challenge Tour en France au mois de juin, ajoute-t-il. J’essaierai de jouer aussi un maximum d’épreuves jusqu’au PQ2 (en octobre) et aller au PQ3 dans la foulée si tout fonctionne comme je le souhaite… A moins d’arriver en juin et de planter un des deux tournois en France (Open de Bretagne et Vaudreuil) et d’enchaîner la saison par la suite, je n’ai aucune chance… Je sais très bien que ça va être hyper compliqué. Mais aujourd’hui, j’ai vraiment envie de décider quand je devrai arrêter. Si c’est le cas, ça voudra dire que je n’ai plus le niveau. Mais ce n’est pas encore le cas. »
Sevré de golf pendant quatre ans, sport si envoutant qu’il a découvert sur le tard (à 16 ans), Julien Quesne est aujourd’hui imperméable à toute idée de retraite. A bientôt 43 ans (au mois d’août), il ne s’est ainsi jamais senti aussi jeune…
« Je sais que j’arriverai à retrouver mon meilleur niveau, assure-t-il. J’ai toutes les clés sur mon swing, sur les pathologies liées à mon dos… Je pense avoir les cartes en mains. La seule interrogation est de savoir si physiquement ça va aller de mieux en mieux. Je suis encore en phase de réathlétisation. Je n’ai pas encore tapé des drives, je ne suis pas encore allé sur le parcours… L’idée est de jouer des tournois en compétition, le plus possible pour être prêt pour les cartes à l’automne. Et me donner toutes les chances derrière. S’il faut aller sur l’Alps Tour, je le ferai… »
Reconstituer une équipe autour de lui
En attendant, il faut bien vivre. En plus d’enseigner « un peu » en Belgique, du côté de Waterloo, il poursuit sa formation de coach-enseignant via les formations de la FFG ou via son propre réseau. Mais, une fois encore, n’allez pas croire qu’il prépare d’ores et déjà sa reconversion, loin de la compétition de haut niveau.
« Je n’ai jamais fait le deuil de quoi que ce soit, lâche-t-il fermement. J’en ai beaucoup souffert mais je n’en ai pas fait le deuil. Je m’accroche (il répète). Et j’attends l’éclaircie. J’ai toujours en tête de revenir. C’est quelque chose qui continue de m’animer. Je n’ai pas l’impression d’être allé au bout de ma carrière. J’ai encore des choses à me prouver à moi-même. Je me sens tellement bien quand je suis en tournoi, malgré mes blessures. Mais je n’ai plus envie de vivre ce que j’ai vécu ces trois dernières années, à ne plus pouvoir m’entraîner, aller en tournoi sans être entraîné et jouer blessé. Ce genre de choses, je n’en ai plus envie du tout. Je ferai un bilan en fin d’année et on verra si j’ai encore ma place. Ou pas. J’attends beaucoup de cette opération. Ils ne m’ont pas remis un dos tout neuf mais ils ont réglé un problème que je subissais depuis quatre ans… »
Preuve qu’il n’a pas dit son dernier mot, il vient d’entamer depuis plus d’une semaine maintenant une collaboration avec une « sorte de coach mental, quelqu’un qui m’aide à définir mes objectifs, mettre un peu de temporalité dans tout ça, qui m’assure l’organisation de ma carrière, de la saison… Mathieu David travaille déjà avec Julien Brun, Matthieu Pavon, Benjamin Hébert, Ugo Coussaud… Il connait très bien son sujet et je suis certain qu’il va m’apporter beaucoup. Je vais essayer de reconstituer une équipe (Ndlr, Benjamin Añorga est toujours son prépa physique depuis 10 ans maintenant). Une équipe qui me stimule ! »