Adrien Saddier s’est offert à la mi-juillet quinze jours mémorables sur le PGA Tour. Une expérience, certes contrastée, qui lui a surtout permis d’assurer quasiment dès maintenant son droit de jeu complet sur le Tour européen en 2024.
De retour chez lui le 24 juillet après deux semaines passées aux États-Unis, Adrien Saddier s’est offert depuis quelques jours maintenant un repos bien mérité en famille, loin du tumulte du DP World Tour qu’il retrouvera à la mi-août, le circuit s’étant mis en « sommeil » pour trois semaines à l’issue de The Open au Royal Liverpool.
Le Haut-Savoyard, âgé de 31 ans, revient d’une campagne studieuse et ô combien prolifique sur le PGA Tour. Grâce à la joint-venture établie entre les deux Tours, il a ainsi pu prendre part aux deux tournois co-sanctionnés, le Barbasol Championship (13-16 juillet) et le Barracuda Championship (20-23 juillet), programmés au même moment face au Genesis Scottish Open et à l’open britannique.
Une découverte totale pour le golfeur français, qui ne s’est concrétisée qu'au tout dernier moment alors qu’il jouait le quatrième tour du Made in Himmerland (6-9 juillet) au Danemark. « Ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai appris que j’entrais dans le champ du Barbasol Championship, souligne l'intéressé. Je ne m’attendais pas vraiment à m’envoler vers les États-Unis. Je n’ai donc pas eu trop le temps de me renseigner sur ce tournoi. Ni sur le Barracuda d’ailleurs… »
« Mais c’est vrai qu’elles ont été top, ces deux semaines là-bas, embraye-t-il. L’organisation est très différente de ce que l’on peut rencontrer sur le Tour européen. On sent qu’ils prennent un peu plus soin de nous. Au Barbasol, ils donnaient une voiture à chaque joueur. Une Lexus chacun, ça faisait du monde sur le parking (rires). Rien que ça, c’est un petit plus assez sympa. Il y a ces détails qui font que c’est chouette de vivre ça de l’intérieur. Sur le practice, on nous donne des physio massage guns (Ndlr, des outils qui favorisent la récupération et soulagent les muscles) pour nous échauffer. Il y avait deux camions physio, des petits cadeaux dans les vestiaires… »
Une expérience d’autant plus inoubliable pour le Français que la première étape dans le Kentucky a bien failli bouleverser totalement la suite de sa carrière professionnelle. Il a ainsi terminé troisième ex æquo, à un coup seulement d’un play-off remporté par le Suédois Vincent Norrman face à l’Anglais Nathan Kimsey. Une victoire lui aurait permis d’obtenir un droit de jeu sur le plus relevé des circuits mondiaux…
« Je trouvais que je jouais pas mal depuis un certain temps, résume-t-il. À Munich (au BMW International Open), j’étais 4e après 36 trous, au British Masters, je suis 10e avant le dernier tour, je sentais que j’avais les bonnes cartes en mains. Tout s’est bien goupillé, j’ai eu de la réussite quand il le fallait… Au Barbasol, je démarre par un bon 68. Le samedi, je prends seul la tête du tournoi. Forcément, j’y ai cru, à cette victoire. C’était vraiment très excitant. Il y a juste ce petit regret de ne pas avoir su que le leader (Ndlr, l’Américain Trevor Cone) avait fait un double au 16 le dimanche. Je me suis rendu compte qu’en faisant un birdie au 18, j’aurais pu arracher un play-off. J’ai un peu le sentiment d’être passé à côté de quelque chose de complètement fou. C’est dommage, mais c’était une belle expérience à vivre. Jouer pour la première fois sur le PGA Tour et finir 3e, c’est assez exceptionnel. »
Dans la foulée, il a empoché son plus gros chèque depuis son arrivée en 2013 chez les pros. 199 819,15 euros très exactement. « Mais avec les taxes et tout ce que j’ai eu à payer, il ne reste plus grand-chose à l’arrivée… Mais c’est vrai que sur le papier, c’est le plus gros chèque que j’ai jamais encaissé… (rires). » Ce top 5, au départ inespéré, lui a aussi permis d’entrer dans le champ du Barracuda Championship, l’autre tournoi alternate du PGA Tour disputé en Californie, dans un cadre idyllique, non loin du lac Tahoe. Là encore, c’est un émerveillement. Malgré la fatigue qui est de plus en plus prégnante. Cela fait cinq semaines consécutives qu’il est sur le pont !
« Cela ressemble un peu à Crans-sur-Sierre (Ndlr, hôte de l’Omega European Masters) mais à l’américaine, précise-t-il. Le parcours était exceptionnel. L’un des plus beaux que j’ai joués. Mais j’étais un peu cuit avec l’enchaînement, l’adrénaline dépensée la semaine d’avant. Le vendredi, j’ai sorti une de mes meilleures parties des cinq semaines de compétition. Hélas, les putts ne sont pas tombés. Le jet-lag, l’adrénaline des dimanches, le manque de sommeil parfois, l’éloignement de la famille qui me pesait aussi un peu… C’était tout sauf simple. J’ai quand même pris beaucoup de plaisir à jouer ce tournoi. J’aurais aimé que ça se passe mieux (Ndlr, cut manqué). Mais c’est le golf ! »
« On a joué en stableford modifié, une formule de jeu inédite pour nous, les joueurs du Tour européen, poursuit-il. C’est un format qui force à attaquer (Ndlr, cinq points pour un eagle, deux points pour un birdie, 0 point pour un par, -1 point pour un bogey, -3 points pour un double et plus). J’ai commencé par bogey, bogey et birdie et j’étais à zéro point et le mec qui était avec moi a fait trois premiers pars et était lui aussi à zéro point… Le vendredi, j’ai attaqué sur chacun de mes coups. Je trouve que c’est sympa de jouer des formules de ce genre plutôt que quatre jours de stroke play tout au long de l’année. On devrait avoir parfois des tournois en match play ou des tournois en double, comme c’est le cas sur le PGA Tour. C’est marrant de faire quelque chose de différent, parfois… »
Objectif : le top 50 de la Race
Issu des Cartes européennes au mois de novembre 2022 en Espagne, désormais 73e à la Race grâce à cette 3e place au Barbasol Championbship, les objectifs d'Adrien ont évidemment été revus à la hausse, même si le top 50 était déjà dans le viseur depuis le début de la saison. Avec un top 118 à la Race qui pour le moment permettrait de conserver son droit de jeu complet pour 2024, l’horizon se dessine un peu plus sereinement pour le joueur d'Ésery. « Cela va peut-être m'offrir le droit de jouer des grands tournois dans lesquels je ne pouvais pas encore rentrer, souffle-t-il. En tout cas, c’est bon pour le moral et la confiance. Surtout quand on vient des Cartes. L’an passé, pour être à la finale de la Race dans les Émirats, il fallait 1000 points. Il m’en manque la moitié, donc il y a encore pas mal de boulot (Ndlr, il affiche pour l’instant 463,38 points au compteur). Il ne faut pas que je traîne… »
Ayant au départ fixé son retour en Irlande du Nord à l'ISPS Handa World Invitational (17-20 août), il a finalement décidé de faire l’impasse sur ce tournoi co-sanctionné avec le LPGA Tour et le Ladies European Tour, pour retrouver la compétition la semaine suivante en République tchèque, au D+D Real Czech Masters. « J’enchainerai ensuite avec Crans-Sur-Sierre, l’Irlande, peut-être Wentworth (Ndlr, un Rolex Series à 9 millions de dollars de dotation) et le Cazoo Open de France, conclut-il. Et si je peux goûter à nouveau l’an prochain à cette expérience aux États-Unis, ce sera avec grand plaisir ! »