En fin de saison, des joueurs aux statistiques moyennes peuvent parfois se hisser jusqu’au sommet des classements. Le plus souvent, le fait de gagner a leur a apporté une aide considérable.
Au golf, il vaut mieux gagner. « Évidemment, Monsieur de La Palisse », êtes-vous tenté de vous exclamer. À juste titre. Après tout, lorsqu’on se lance dans une carrière de haut niveau, c’est pour arriver à soulever du trophée le plus souvent possible, non ? Oui, bien sûr. Mais une fois établi le constat qu’il vaut mieux gagner qu’autre chose, essayons de creuser la question : à quel point ? À quel point vaut-il mieux gagner que faire deuxième ? Ou faire deux fois deuxième ? Ou trois fois ? Ou 14 fois dans le top 10 ? Bonne nouvelle : il y a des statistiques là-dessus. Mauvaise nouvelle si vous êtes le genre Poulidor : elles aiment bien les vainqueurs.
Stats moyennes, 10e de la FedEx…
Commençons par un exemple. Tom Hoge est américain. Originaire du Dakota du Nord, il est passé pro en 2011, puis a rejoint en 2015 un PGA Tour qu’il n’a, jusqu’à présent, jamais quitté. Mais si Tom est un joueur de golf solide, il n’en demeure pas moins, au regard des standards du circuit nord-américain, tout-à-fait moyen. Ni bon, ni mauvais… juste moyen. Sur la saison 2021-2022, il a terminé 41e à la moyenne de score sur un tour, ce qui est son meilleur classement dans les catégories statistiques principales. Il occupe ainsi une moelleuse 110e place à la distance au drive, et la 101e sur le pourcentage de greens en régulation. Au classement que le PGA Tour nomme All-around, et qui regroupe huit catégories statistiques, Tom Hoge occupe le 64e rang, avec un total de 666.
Et là, accrochez-vous bien. À l’issue de cette saison aux chiffres sans relief, Tom Hoge a pris la 10e place de la FedEx Cup (le classement général du PGA Tour), et s’est hissé jusqu’au 32e rang du classement mondial, lui qui naviguait depuis des années entre les rangs 100 et 150. Comment a-t-il fait ? Facile (si l’on peut dire…) : il a gagné. Lors de l’AT&T Pro-Am, en février à Pebble Beach, il s’est adjugé sa première victoire en carrière sur le PGA Tour. Et comme, 15 jours avant, il avait annoncé la couleur avec une deuxième place à l’American Express, il passait ainsi de la 115e à la 39e place mondiale.
Prime à la victoire
Pour mieux mettre en lumière cette prime à la victoire, abordons le problème dans l’autre sens. Sur cette même saison 2022, l’Américain Cameron Young est celui qui a terminé le plus haut au classement de la FedEx Cup sans avoir gagné. Déjà, premier constat : il a pris la 18e place, huit rangs derrière Hoge. Pourtant, son All-around est meilleur (24e avec 464), il est 3e au strokes gained sur les attaques de green, et il s’est distingué par trois deuxièmes places au cours de la saison, dont une, excusez du peu, à l’Open britannique. Certes… mais il n’a pas gagné.
Et les exemples peuvent se multiplier à foison. Keegan Bradley a décroché autant de tops 10 que Tom Hoge sur le PGA Tour en 2021-22, soit six. Mais comme il n’a pas gagné, il a dû se contenter d’une 54e place à la FedEx. Si l’on passe chez les dames du LPGA Tour, même phénomène. L’Irlandaise Leona Maguire a fini la saison à la 23e place du strokes gained total, et à la 25e place de la moyenne de score. Mais au final, elle a pris la 10e place de la Race to CME Globe. Grâce à quoi ? Essentiellement sa victoire au LPGA Drive On Championship, en début d’année. Notre chère Céline Boutier, avec 12 tops 10 au compteur (soit 50 % de ses tournois joués), mais sans victoire, a dû se contenter de la 11e place juste derrière la joueuse celte.
À tout cela, il faut apporter une précision importante : si la prime à la victoire existe dans le golf, c’est avant tout parce que les circuits sont faits pour. Si l’on prend les deux premiers tournois des playoffs de la FedEx Cup, le vainqueur y empoche 2000 points, le deuxième 1200 et le troisième 760. Autrement dit, un joueur qui fait 1er puis 3e aura plus de points (2760) qu’un autre se classant deux fois deuxième (2400), même si en moyenne, les performances sont les mêmes. Mais il faut surtout souligner un fait majeur, comme l’avait fait Victor Perez, au printemps dernier, juste après sa victoire aux Pays-Bas : les statistiques sont une chose, mais au final, seuls comptent les résultats.