Vainqueur dimanche dans l'Indiana de la finale du Korn Ferry Tour, Paul Barjon a du même coup décroché sa carte pour le PGA Tour l'an prochain. Dans son interview d'après victoire accordée aux médias de la deuxième division américaine, le Néo-Calédonien est revenu sur sa semaine, sa saison et son avenir.
Comment vous sentez-vous après cette victoire ?
Très bien ! Ce parcours met les nerfs à rude épreuve. Il faut être droit sur les mises en jeu, surtout avec le vent qui a été présent lors des deux dernières journées. J'ai tapé de bons drives et mon jeu de fers a été bon comme jamais. Et puis j'avais la bonne vitesse sur les greens, je n'ai pas pris une seule fois trois putts de la semaine. C'est donc une sensation excellente que j'ai en ce moment. Je n'ai pas regardé le leaderboard une seule fois lors du dernier tour, j'avais juste dit à mon caddie « préviens-moi si je dois faire quelque chose de fou », et je lui ai redemandé au dernier trou car je ne savais pas où j'en étais. Je pensais que c'était serré, mais il m'a dit que non, que j'avais quelques coups d'avance ! C'est super d'être de retour sur le PGA Tour, même si ça se fait un peu à la dernière minute. J'aurais préféré mal jouer à la finale en étant assuré de monter depuis deux mois, mais c'est comme ça.
Justement, quelles émotions vous procure le fait de remonter sur le PGA Tour, en passant de la 40e à la 8e place sur ce dernier tournoi ?
C'est génial. Quand j'ai gagné il y a quelques mois, je me suis retrouvé aux alentours de la 26e ou 27e place (28e, ndlr), et de là j'ai perdu une place ou deux chaque semaine jusqu'à celle-ci. J'ai passé quelques cuts, mais pas fini assez haut pour marquer beaucoup de points. Ensuite, j'ai vraiment très mal joué dans l'Ohio. Donc je suis rentré à la maison pour travailler sur quelques points, et me voilà avec la coupe ! Donc oui, c'est un sentiment génial. Je savais qu'une très bonne performance sur l'un des trois derniers tournois pourrait me permettre de remonter, donc maintenant que c'est fait, je me sens super bien !
C'est la troisième fois que vous gagnez en menant avant le dernier tour. Comment faites-vous pour résister à la pression dans ces moments-là ?
Je ne sais pas. Maintenant que vous le dites, je le réalise, mais je n'y avais jamais pensé avant. J'ai l'impression de bien m'en sortir quand ça compte vraiment. Je n'ai jamais gagné en revenant de l'arrière, mais je crois que j'aime bien être dans la position du leader ; d'une certaine manière je me sens à l'aise lorsqu'on arrive sur les derniers trous. Aujourd'hui (dimanche, ndlr), j'ai juste tâché de respecter mon plan de jeu sans regarder les scores. À un moment, sur le retour, j'ai jeté un œil au leaderboard, j'ai vu que j'avais trois coups d'avance sur Fabian Gomez, et j'ai commencé à taper de mauvais coups. Donc me focaliser sur la stratégie établie avec mon caddie, c'est vraiment ce qui marche le mieux pour moi.
Paul Barjon
Aviez-vous connaissance du résultat à obtenir cette semaine pour intégrer le top 30 du circuit ?
Non. Je crois que la dernière fois que j'ai regardé le classement, c'était il y a quelques soirs. J'ai vu que j'étais à peu près à 700 points et qu'il m'en fallait environ 150 pour atteindre la 30e place, et je me suis dit qu'il faudrait quelque chose comme un top 5. Je n'en étais pas tout à fait sûr, mais je me suis dit qu'avec un top 5 j'aurais une bonne chance.
Êtes-vous fier d'y être parvenu ?
Oui, oui. C'est très difficile de gagner, surtout sur un tel parcours qui peut vite vous bouffer le cerveau. À partir du 14, il y a de l'eau sur chaque trou, et si tu ne prends pas le fairway tu es à peu près sûr d'être dedans. Le premier tour avait été plutôt bon, mais j'ai fini avec une balle perdue dans les buissons au 15 et une dans l'eau au 16, donc deux doubles bogeys. Après cela, je voulais juste boucler ces derniers trous sans stress, en prenant les greens et en poussant mes deux putts. C'est ce que j'ai fait les trois tours suivants, en prenant le milieu des greens sur la plupart des trous difficiles.
Comment cette victoire se compare-t-elle aux autres ?
C'est de loin la plus belle ! Déjà, parce que c'est le Tour Championship, elle est un peu plus spéciale que les deux autres. Et puis aussi, parce que je savais ce que j'avais à faire. Mes deux premières victoires étaient un peu inattendues, alors que celle-ci, je suis allé la chercher en sachant exactement ce que je devais faire pour.
Aviez-vous davantage de pression du fait de jouer pour remonter sur le PGA Tour ?
Non, car je savais au début de la semaine que je n'avais rien à perdre. J'étais 45e, donc assez loin de la carte, et je pense que c'est plus facile d'être dans cette position plutôt que sur la limite, sachant qu'avec une mauvaise semaine vous pouvez sortir du top 30. Je savais que j'étais d'ores et déjà qualifié pour la finale des Cartes, même si ça ne se passait pas bien cette semaine, donc c'était déjà bien d'avoir un droit de jeu assuré sur le Korn Ferry Tour l'an prochain tout en gardant une chance de monter sur le PGA Tour. Ça m'a permis de jouer l'esprit libéré cette semaine.
Que représente pour vous le Korn Ferry Tour ?
C'est un circuit qui offre à 200 gars l'opportunité d'aller jouer sur le PGA Tour, parce que c'est ce que nous voulons tous. Le calendrier est excellent, on joue dans de supers endroits – en Amérique du Sud, aux Bahamas – donc il y a pire comme boulot ! J'ai vraiment apprécié ce circuit, et même si on veut tous le quitter au plus vite pour aller jouer à l'échelon supérieur, c'est un excellent circuit pour nous former et nous préparer à l'élite.
Quel va être votre programme ?
Aucune idée. Je vais d'abord rentrer chez moi et ranger les clubs au placard pour une semaine ou deux. Ensuite je regarderai le calendrier, et je verrai s'il y a une ou deux qualifications pour jouer pourquoi pas un ou deux tournois du PGA Tour durant l'automne. Mais la fin d'année ne va pas être très chargée, c'est sûr !