Pour sa première saison chez les professionnels, le joueur du PIGC est en tête de l'Alps Tour après trois tournois. Un excellent départ qu'il attribue à une stratégie nouvelle, empreinte de davantage de sagesse.

Quentin Debove dispute cette semaine l'Open de Tunisie. © Raffaele Canepa / 3MIND - Alps Tour

« Je pensais vraiment que j'allais gagner le dernier tournoi, mais ça ne s'est pas terminé comme ça. Il y a eu un peu de déception, forcément, mais le bilan est quand même très positif après trois tournois. » Pour Quentin Debove, voir le verre à moitié plein est sans aucun doute la meilleure façon d'analyser son début de saison - et de carrière professionnelle. Passé pro en septembre dernier, quelques jours avant son 23e anniversaire, le jeune homme peut certes nourrir une légitime frustration d'avoir frôlé la victoire deux fois en trois sorties cette année sur l'Alps Tour, mais peut surtout se satisfaire d'avoir engrangé suffisamment de points pour occuper la tête de l'ordre du mérite du circuit satellite à l'issue de la tournée en Égypte.

Quinzième du Ein Bay Open en ouverture du calendrier, second du Red Sea Little Venice Open dans la foulée à un coup du vainqueur, et enfin battu en play-off au New Giza Open, il gardera peut-être un peu en tête la déception d'un bogey au 18 lors de la deuxième épreuve, et d'un putt à 2,20 m pour la gagne manqué au troisième, mais pas très longtemps. « J'ai fait très peu de bogeys sur ces trois tournois, j'ai aligné neuf tours sous le par avec un -1 comme pire journée, donc c'est plutôt pas mal », positive-t-il à juste titre. « Ça a bien marché, donc il faut continuer comme ça, en essayant quand même de mettre un peu plus de putts ! »

+8 après 10 trous

Le joueur formé au Paris International Golf Club (PIGC), dont son père, Matthias Debove, est le directeur, a toutes les raisons de voir le côté positif des choses, d'autant plus qu'il revient de loin. Après la fin de ses études à l'université de Floride à Jacksonville, au mois de mai, il avait conservé son statut amateur dans l'espoir de disputer les championnats d'Europe avec l'équipe de France début juillet. « C'était le plan... », rigole-t-il aujourd'hui. Fin septembre, nouvel échec aux préqualifications des Cartes d'accès au DP World Tour. Début novembre, même sanction au Stage 1 des Cartes américaines, lui qui rêvait d'intégrer directement le PGA Tour, ou à défaut sa deuxième division, le Korn Ferry Tour. « Ça a été dur à digérer, car c'était mon rêve depuis tout petit, et ça s'est envolé en fumée en quatre jours », se souvient-il.

« Mais au final, ce n'était sans doute pas plus mal », poursuit-il. « Quand on lance sa carrière, le principal est quand même de jouer sur un circuit, donc j'ai tenté ma chance sur l'Alps Tour. » Obligé de passer par une nouvelle épreuve de préqualification, Quentin Debove a bien failli subir un nouvel échec : « Le premier jour, je me suis retrouvé à +8 après dix trous... Mais je me suis accroché, et j'ai réussi à passer en finale. Et là aussi, c'est passé ! » Le 15 novembre, il est donc entré en possession d'un badge de membre de la troisième division européenne, et n'en a tiré depuis que du positif. « Finalement, c'était une très bonne chose d'y aller étape par étape plutôt que de sauter des marches et me faire surprendre derrière. Commencer en Europe, jouer et voyager avec des copains, c'est quand même mieux que de se retrouver seul au fin fond du Venezuela sur la troisième division américaine ! » lâche-t-il dans un nouvel éclat de rire.

 

Pierre Pineau et Billy Horschel

Cette « positive attitude », Quentin Debove la doit en partie à des discussions avec le nouveau membre du DP World Tour Pierre Pineau, son partenaire d'entraînement au PIGC. « Il me disait qu'en arrivant sur des petits circuits, le piège est de se sentir meilleur que les autres parce qu'on tape plus fort, plus droit, et que les parcours ne sont pas super durs, mais qu'on peut très vite se retrouver en difficulté si on fait n'importe quoi. Et c'est exactement ce qui s'est passé aux PQ des Cartes de l'Alps Tour. Je suis très agressif, je drive partout et le plus fort possible, et d'ailleurs j'avais aussi un peu galéré en fac à cause de ça. Et là, je me suis forcé à taper beaucoup de fers depuis le départ, à faire des lay-up sur les par 5, à prendre beaucoup de pars sans stress, et j'ai pris confiance grâce à ça petit à petit », explique-t-il.

Billy Horschel, la star américaine aux huit victoires sur le circuit américain, plus deux BMW PGA Championship de ce côté-ci de l'Atlantique, y est aussi pour quelque chose. « C'est un ancien de la fac, qui est revenu dans le programme en 2022 en tant qu'assistant volontaire. On le voyait une fois par mois environ, on a joué avec lui, on a discuté, et on sait qu'on peut l'appeler s'il y a quoi que ce soit. Franchement, c'était incroyable d'avoir la chance de le côtoyer ! » livre-t-il non sans émotion. Et si l'expérience personnelle de Quentin chez les Gators, sur le plan purement sportif, n'a pas été aussi réussie qu'il l'aurait voulu - « j'ai galéré pendant deux ans, je n'ai joué que la moitié des tournois, j'ai pris un peu cher... » - c'est bien le côté positif qu'il retient aujourd'hui en priorité : « Je pense que ça va me servir sur le long terme. J'ai beaucoup progressé techniquement et physiquement, et c'est le plus important. Et puis de toute façon, être n° 1 en fac et ne rien faire une fois passé pro, ça n'a aucun intérêt ! »

Tunisie, Floride et Médoc au programme

Après quelques jours de repos en région parisienne après la tournée égyptienne, Quentin Debove a remis les clubs dans le sac et le sac dans l'avion pour aller confirmer son statut de leader en Tunisie, où deux tournois sont au programme ces dix prochains jours. « J'aimerais continuer à être devant, car sur ce circuit il vaut mieux faire deux top 5 et trois cuts manqués que cinq top 20 pour vraiment avancer au classement. Ma priorité cette année, c'est de monter sur le Challenge Tour via le top 5 de l'Alps Tour, et d'y aller ensuite étape par étape, en espérant pouvoir revenir aux États-Unis dans quelques années », assure-t-il.

Les États-Unis et notamment la Floride, un environnement qu'il considère comme sa deuxième maison, et qu'il lui tarde de retrouver. « Après la Tunisie, je vais y passer une quinzaine de jours en avril pour faire un reset, voir mes potes, et m'entraîner avec mon coach, Todd Anderson (qui s'occupe également de... Billy Horschel, ndlr). Ensuite, je pourrai repartir de plus belle ! » promet-il. Il sera alors temps de défier ses compatriotes lors du championnat de France professionnel MCA, qui se jouera du 1er au 3 mai au Cabot Bordeaux, avant de pousser toujours plus loin sur la voie de la sagesse, sur l'Alps Tour et au-delà...