Chaque jour, la rédaction de la ffgolf vous présente le coup de cœur de l’un de ses membres. Aujourd’hui, la passion entourant le Trophée Gounouilhou, par Rémi Rivière.
Faut-il forcément aimer le sport pour le comprendre ? À cette question, la passion a souvent été l’explication phare des émotions que nous ressentons, en golf et ailleurs, lorsque nous côtoyons de près nos championnes et nos champions. Mais il y a parfois des événements qui transcendent nos goûts, pour devenir universels et incomparables.
D’une journée de printemps quasi estivale, sur le parcours de Pont Royal, est né un beau moment de sport. Dimanche 22 mai 2022. L’équipe de Saint-Cloud vient de remporter le Trophée Gounouilhou en éliminant Biarritz sur un score sévère par sa teneur mais juste par sa réalisation (5,5 à 1,5). Les petits hommes vert et blanc traversent le green pour grimper sur Julien Sale, héros par un putt salvateur, d’autres remontent le fairway à des enjambées évoquant Paris 2024. Les bouteilles d’eau, déjà entamées par l’effort, se vident sur les visages pour cacher les larmes. Une journée historique pour eux : celle d’un sacre qui leur échappait depuis 1962, date de la dernière édition où la Coupe aux Béliers a été soulevée par les Parisiens.
Jusqu'au bout de la nuit
Et puis, le vide ? Non. Là où, souvent, cette grande cascade d’émotions laisse place à un retour progressif à la routine et aux considérations logistiques, le sacre de Saint-Cloud s’est étiré jusqu’au bout de la nuit. Une remise des prix animée, avec saut dans l’obstacle d’eau du parcours provençal et interminable séance de photos. Des chopes descendues en notre compagnie, s’invitant bruyamment dans notre salle de presse en plein ficelage des compte-rendu de leur exploit. Des cris et des téléphones brandis sur la terrasse jusqu’au crépuscule, ajoutant à la fête par prouesse technologique leurs collègues restés dans le 92. Et même un voyage autoroutier agité vers Paris, dont l’on taira les détails pour conserver la beauté du mythe.
Leur célébration était de celles qui, pouvant paraître anecdotiques à l’aune d’une finale de Coupe du monde, font pourtant vibrer les corps tout autant si ce n’est davantage pour certains. Dans nos esprits, resteront ces golfeurs tout aussi heureux de l’être que de partager ; ces rires et ces liens humains qui ont rendu notre semaine plus agréable qu’elle ne l’était déjà ; ces boissons houblonnées avalées trop vite, parce qu’une autre ivresse nous envahissait. Des moments de sport pour un peu de vie, ou l’inverse. Fichue poussière dans l’œil…