Chaque jour, la rédaction de la ffgolf vous présente le coup de cœur de l’un de ses membres. Aujourd’hui, la fin haletante du championnat du monde amateur par équipes dames, par Lucas Hélin.
Se souvient-on du dernier putt d’un mètre que l’on a manqué ? Soyons honnêtes : non, on en rate trop souvent ! Mais à cette question, l’Américaine Rose Zhang, numéro un mondial amateur, répondra certainement un « yes » désabusé. Cet échec, au grand désarroi de son pays, nous aussi on s’en souvient.
La dramaturgie de ce jeu fait parfois sa beauté et la compétition amateur, surtout en équipes, n’en manque pas. Il y aurait quelques Gounouilhou et Golfers' aux scénarios irrationnels pour s’inscrire dans ce registre, et il y aura, à l’issue de cette année 2022, une fin de championnat du monde haletante, épique, complexe, donc unique.
Rose Zhang, star-née du golf, a eu un putt d’un grand mètre au 72e trou des WATC pour offrir la victoire aux États-Unis, ou bien, en cas d’échec, perdre le Graal. Avec les confrères présents ce jour-là au golf de Saint-Nom-la-Bretèche, sublime théâtre de cet instant, on s’est creusé les méninges pour retrouver trace d’un tel quitte ou double au golf. Car en général, l’égalité débouche sur une prolongation.
Le règlement des Mondiaux stipule quant à lui que le départage se joue sur la troisième et donc plus mauvaise carte, qui n’est, en principe, pas comptabilisée. Cette carte, c’était celle de Rachel Kuehn. Quelques minutes plus tôt, la jeune Américaine noyait sa balle dans l’étang autour du green du 18. Son coup de fer 9, s’il était resté au sec, n’aurait pas amené cette situation : un mètre pour l’histoire, un mètre pour devenir championnes du monde.
À -14 total, si Rose Zhang sauvait son par, les États-Unis repartaient avec la timbale. Sinon, le titre revenait à la Suède au départage. Le 72e trou de Rose Zhang, impériale jusque-là, restera sans doute le plus tourmenté de son tournoi. Sa régularité l’a lâchée au pire moment et sa mise en jeu dans le bunker de fairway a rendu la diabolique attaque de green quasi impossible. Mais il s’agissait de la numéro un mondial, alors on y a cru, et on s’est positionné derrière afin d’avoir « LA » photo.
Il n’en fut rien. Elle dévissait à droite, se laissait une approche sous un arbre qu’elle déposait quand même à un mètre du trou. Ses coéquipières hurlaient, le public se massait autour du green, les caméras se braquaient sur ce putt, et mon objectif aussi. Nous y sommes. On avait compris ce qu’il se jouait. Elle aussi.
Un banal putt pour sauver le par devenait le coup pour être ou ne pas être championne du monde. Ce gauche-droite, qu’elle a tant de fois glissé avec aisance, touchait la lèvre du godet comme pour la narguer. Un mauvais putt ? Même pas ! Une immense déception immortalisée d’un clic pour le souvenir d’un éternel regret.
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