Sans aucune prétention et seulement par amour pour ce jeu, mon coup de cœur 2024 est une histoire un peu personnelle. Une histoire qui dure trois jours sur le Golf de Chantilly. L’histoire d’une compétition que j’avais cochée, que j’ai jouée, que j’ai déjà notée dans mon agenda pour 2025 et qui m’a confirmé que je suis un mordu de golf.

Les beaux roughs blonds du Golf de Chantilly. J'y ai laissé quelques balles pendant la Murat. © Golf de Chantilly

Avant d’être journaliste et community manager pour la ffgolf, je suis avant tout un golfeur, un amoureux de cette petite balle blanche que je pratique depuis ma tendre enfance et un joueur qui aime la compétition. En 2024 j’avais deux objectifs. Le premier : atteindre l’index de 0. C’est raté. À l’heure où ces lignes sont en train de s’écrire, mon index affiche 2,4. Le deuxième : participer à une belle compétition du calendrier amateur français, sur plusieurs jours et qui ne soit pas un Grand Prix. Ça, c’est validé. Alors je profite de cette épreuve, les Internationaux de France Stroke Play Mid-Amateurs Messieurs, ou Coupe Murat, pour vous raconter ce qui rend ce sport différent des autres. Ce qui fait de ce jeu un exutoire puissant mais aussi une passion débordante, usante et qui demande de la résilience.

La reconnaissance

Prenons les choses dans l’ordre et direction le début du mois de juillet 2024, le jeudi 4 très exactement, où je file vers le Golf de Chantilly pour y jouer la partie de reconnaissance. Arrivé sur place, je retrouve un ami qui joue aussi la compétition pour la première fois mais qui, lui, ne connait pas le parcours. La Murat se joue sur le Golf de Chantilly Vineuil, sur trois jours si vous passez le cut, en stroke play et en partie de deux comme le veut la tradition du club.

Nous voilà donc, Hugo et moi, au départ du 1 en compagnie d’un joueur venu d’Irlande qui se joint à nous pour la reco'. À ce moment-là, tout va bien. J’ai envie de jouer, de faire les choses correctement, de prendre quelques notes sur ce parcours à la fois sublime et piégeux mais j’ai surtout envie de m’amuser. La partie suit son cours. Les coups sortent bien, je me compare un peu à mes deux partenaires du jour et finalement je ne suis pas trop largué. Sur le papier ils sont meilleurs que moi mais je rivalise. Peut-être une première erreur de ma part en regardant ce qui se fait ailleurs plutôt que chez moi. Mais c’est l’instinct du compétiteur qui parle, dès la reco. Ils ont aussi besoin de quelques infos sur le dessin alors je fais de mon mieux pour les éclairer. On discute, on joue, on remet des balles, le golf quoi. Je note les trous où la mise en jeu nécessite de la vigilance. C’est mon point faible à cette période. Mon driver, bien qu’il soit tout neuf, est un peu capricieux. Disons que j’ai tendance à visiter un peu. Bref. La partie se termine, je n’ai pas compté mon score par peur qu’il me monte au cerveau. Je sors de ces 18 trous avec quelques enseignements. D’abord, c’est un régal de jouer sur ce tracé. J’ai eu la chance de le fouler à plusieurs reprises auparavant et il est tout de même différent. Il est tout simplement préparé pour une compétition internationale, avec des greens fermes et rapides, des roughs délicats pour ne pas dire mortels et des trous plus longs. On part des boules noires et ça fait loin, très loin.

Il est 13 heures. Je retourne au practice taper quelques balles après avoir mangé et j’enchaîne ensuite avec quelques gammes sur le putting green. Dans ma tête, tout semble clair. Dans mon swing, un peu moins, mais ce n’est pas si grave. Je me sens capable de bien jouer, de tenir le coup, de franchir les obstacles du parcours et d’éviter ceux de mon esprit. Comme dirait l’autre : « On verra bien sur le coup ».

Deux jours, deux ambiances

Et oui ! Comme l’indique cet intertitre, je n’ai pas passé le cut. Je n’ai joué que deux jours tout simplement parce que j’ai mal géré le premier. Mais la constante de cette histoire reste la même : c’était bien. Je vous épargne le détail de mes deux parties parce que lire et déchiffrer les scores d’un mec qu’on ne connait pas, ce n’est pas fun. En revanche ce qui est fun, ou plutôt intéressant, c’est d’essayer d’expliquer comment le vendredi de la Murat 2024 je peux jouer 95 (+25) avec deux quintuples bogey, un triple, trois doubles, sept bogeys, quatre pars et un birdie, et comment le samedi de la Murat 2024 je peux rendre un 77 (+7) avec un quadruple au 1, quatre bogeys, un birdie et que des pars pour le reste. Tout ça sur le même parcours, avec les mêmes clubs dans le sac et avec la même envie. En fait, je crois que cela ne s’explique pas. Et désolé, j’avais dit plus haut que je ne détaillerai pas mes parties mais je n’ai pu m’en empêcher. Tous les golfeurs font ça, donc je suis pardonné...

Plus sérieusement. J’ai mieux joué au golf le deuxième jour, sauf sur le premier trou. J’ai fait beaucoup moins de bêtises le deuxième jour. J’ai été plus malin sur mes choix le deuxième jour. J’ai appris du premier jour pour mieux apprivoiser le parcours le deuxième jour. Mais à part ça, je n’ai pas fait grand-chose de différent sur ces deux jours. Et tout est là. Tout est dans cette dualité du jeu golf. La vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain. J’ai pris un peu plus de plaisir le deuxième jour, c’est évident, mais je me suis accroché pour ne pas dépasser 100 le premier. J’ai à chaque coup oublié le précédent, à chaque swing questionné ma routine, à chaque moment pris le temps de souffler, d’analyser et de m’engager à 100 %. Finalement : j’ai kiffé !. Le petit birdie du premier tour m’a donné envie de revenir pour en faire d’autres. Ce jeu m’a rappelé à quel point il est taquin et à quel point il est beau. Aucun regret sur cette première expérience à la Murat. Le résultat n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est le pied qu’on prend les cannes entre les mains. J’ai même envie de la refaire cette année avec peut-être plus d’entraînement, moins de pression et moins d’attentes. En fait, j’ai tout simplement envie de jouer, jouer et rejouer au golf.

La conclusion de cette histoire est un peu « plan-plan », ou fade, c’est comme vous voulez. Mais elle exprime un sentiment que tous les golfeurs vivent. Que le score soit bon ou mauvais, qu’il soit à la hauteur de nos espérances ou non : on veut y revenir. On veut remarcher sur un fairway avec une carte dans la poche. Pour 2025, la Murat est inscrite au calendrier fin septembre. J’y serai. Je vais tout faire pour y être. Tout simplement parce que ça sera bien. Quoi qu’il se passe, ça sera bien.