Pour réussir la construction d’un parcours de golf et assurer sa pérennité environnementale et financière, certaines étapes essentielles doivent être suivies.

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© Flygolf

La France compte aujourd’hui 609 parcours de 18 trous, d’une moyenne de 5800 mètres et qui représentent environ 50 hectares chacun. Les terrains de jeu des golfeurs peuvent parfois apparaître telle une évidence, parfaitement intégrés à la nature environnante, mais ils nécessitent néanmoins de suivre des étapes essentielles pour réussir leur construction et garantir leur pérennité à la fois financière et environnementale.

Engager un architecte compétent

La première démarche consiste à trouver un professionnel de la discipline, soit un architecte expérimenté et talentueux pour orienter les différentes phases de la construction. Bien qu’il n’existe pas de diplôme à proprement parler d’architecte, la formation la plus commune sera celle d’architecte paysagiste qui englobera des connaissances en ingénierie civile, aménagement du territoire, études environnementales et en construction de parcours. Il sera également souhaitable d’être golfeur pour se mettre dans la peau aussi bien des bons joueurs que celle des débutants. 

En adéquation avec la nature du projet et les objectifs du propriétaire ou du promoteur qui aura fait au préalable une étude de marché approfondie, l’architecte facilitera chacune des étapes de la construction tout en maîtrisant les budgets et respectant les délais.

L’architecte américain Tom Doak, tout en arborant un handicap de 8, sait parfaitement adapter ses parcours à tous types de golfeurs.

Le choix du site et l’élaboration du masterplan

Deuxième étape primordiale, le choix du site dont les contraintes légales, environnementales et de sécurité devront être appréhendées précisément. La surface totale disponible devra être suffisante pour que l’architecte puisse exprimer librement son talent sans contrainte immobilière notamment. La topographie devra être ni trop accidentée pour garantir l’agrément du jeu, ni trop monotone pour ne pas avoir à bouger de grandes quantités de mètres cubes de terre afin d’animer le paysage. La qualité du sous-sol, idéalement sablonneux, permettra de drainer quel que soit le temps et offrir une roule ferme et homogène tout au long de l’année.

Une végétation variée et adaptée aux exigences liées à un parcours de golf (essences aux racines traçantes, aux branches fragiles…) enrichira la stratégie de jeu et l’expérience visuelle. Les réserves d’eau éventuelles constitueront un atout indéniable. Un architecte compétent saura ainsi optimiser le site sans le dénaturer pour faire converger, en particulier, l’eau des ruisseaux éventuels vers les lacs naturels ou artificiels.

L’élaboration du masterplan qui intégrera le parcours et l’ensemble de ses installations (club-house, chemins, ponts, points d’accès…) constituera la prochaine étape pour permettre d’avoir une vision globale et sur le long terme de la stratégie du projet.

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Le Masterplan (ici de Roissy) permet une vision globale du projet. © Golf de roissy

La construction en elle-même du parcours : travaux d’ingénierie et architecture golfique

La conception à proprement parler du parcours requiert une véritable implication in situ de l’architecte et dure en moyenne deux ans. Le célèbre architecte américain Tom Doak, qui a construit six golfs dans le top 100 mondial, révèle que la meilleure leçon qu’il ait reçue de Pete Dye (architecte du TPC Sawgrass en Floride entre autres) est la nécessité absolue de passer du temps sur le terrain pour s’en imprégner. Il passa d’ailleurs lui-même plus de 15 jours sur le site du golf du Grand Saint-Émilionnais lors de sa première venue, pour s’inspirer du site et marquer personnellement les arbres de la propriété qui s’étend sur 102 hectares.

Il est à noter que les avancées en machinerie de construction depuis une cinquantaine d’années ont offert de nouvelles possibilités. Au niveau du dessin, l’architecte veillera à d’abord défricher et essoucher arbres et arbustes. Puis il cherchera les emplacements des greens, et les meilleurs trous « naturels. » Il veillera par la suite à concevoir un routing (ou enchaînement des trous) fluide et harmonieux avec son environnement. Les distances seront adaptées aux amateurs et non pas à la venue d’un éventuel tournoi professionnel. Les obstacles et notamment les bunkers, placés stratégiquement, n’auront pas besoin d’être trop nombreux, ce qui réduira nettement les coûts de construction et d’entretien. En concertation avec un ingénieur agronome, la sélection de l’herbe correspondra au sol, au climat et aux ressources disponibles pour en assurer la bonne santé. Elle permettra aussi d’éviter la présence de nuisibles, maladies, du feutre, chronophages pour les équipes de terrain et prohibitif, et sera en mesure de proposer une surface homogène et rapide.

Au niveau des travaux, il s’agit d’un enchevêtrement de tâches à accomplir. Des entrepreneurs locaux peuvent être utilisés pour s’occuper de l’élagage ou encore de l’irrigation. Cependant, il demeure préférable que l’architecte fournisse ses propres spécialistes shapers pour façonner les formes du parcours. Le greenkeeper pourra être choisi en amont afin d’embrasser la philosophie du parcours, savoir l’interpréter mais aussi afin de faire office de contremaître pour connaitre au mieux le terrain, s’occuper éventuellement du terrassement, du drainage et de l’ensemencement tout en ayant la capacité d’anticiper certains problèmes. L’entretien sera ainsi en lien avec le prix du green-fee et le retour sur investissement escompté.

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Le trou numéro 16 de l’Albatros du golf national et son plan d’eau, lors des travaux de construction. © GN

Respect du calendrier

Le respect du calendrier reste crucial et sera basé sur la période idéale pour l’ensemencement et l’engazonnement. Calculés rétroactivement, les travaux prendront donc en considération la nature du sous-sol et les aléas climatiques. Une ouverture en deux étapes, par tranche de neuf trous par exemple, peut permettre certains ajustements sachant que les revenus ne seront alors pas les mêmes et l’expérience golfique quelque peu entachée.

Objectif final

La construction de parcours, réalisée avec justesse et intégrée à son environnement demeure une formidable valorisation de l’espace et un investissement à forte valeur ajoutée sur le long terme. Néanmoins, le but final consistera toujours à réaliser un tracé de bonne facture, naturel, stratégique et récréatif pour tous types de golfeurs tout en maîtrisant les coûts et l’impact environnemental. Un architecte qualifié et talentueux saura remplir cette mission en laissant croire que son œuvre est celle de Mère Nature et qu’elle a toujours existé.

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Le golf de St Germain, parfaitement intégré à son environnement, semble avoir toujours existé. Crédit / Saint-Germain © Flygolf

Kristel Mourgue d'Algue, qui est-elle ?

Ancienne joueuse du circuit européen qu'elle a rejoint après avoir remporté le titre de championne universitaire américaine, Kristel Mourgue d'Algue est aujourd'hui copropriétaire du Grand Saint-Émilionnais Golf Club et consultante pour la chaîne Golf+.