Soumis aux éléments extérieurs, les parcours de golf sont par nature en constante évolution. Ils doivent être entretenus avec précautions pour ne pas être dénaturés.
Confrontés aux éléments extérieurs, les parcours de golf évoluent toujours au fil du temps. Les lignes de tonte se modifient, les greens et leurs contours rétrécissent, les arbres deviennent protubérants... Véritables œuvres d’art, les parcours d’exception doivent aussi être préservés et entretenus avec la plus grande précaution pour ne pas les dénaturer.
Rénovation vs. restauration de parcours
Il convient en premier lieu de distinguer la rénovation de la restauration de parcours. La rénovation consiste essentiellement à effectuer des travaux en fonction des desiderata de l’actuel architecte ou de l’équipe du terrain, responsable du projet. A l’inverse, la restauration prend en compte l’esprit et la philosophie originels du tracé. Il s’agit là d’un exercice beaucoup plus complexe que la rénovation ou encore la construction d’un tracé où l’on démarre de zéro et on peut laisser libre cours à son inspiration.
Par ailleurs, les jeux de langage peuvent permettre des variantes dans les termes employés. Ainsi, l’américain Brian Silva utilisera une « restauration bienveillante » et son compatriote Gil Hanse une « rénovation historique » lors de son travail à Southern Hills, hôte du PGA Championship cette année, pour signifier tous deux l’importance de conserver l’œuvre initiale lorsque celle-ci est, bien entendu, de bonne facture.
Les principaux écueils
Aux dires des architectes, leur plus grande difficulté est de traiter avec une Commission du terrain dont l’expertise architecturale peut s’avérer très aléatoire. Les golfeurs ont parfois tendance, surtout s’ils jouent depuis de nombreuses années ou qu’ils possèdent un handicap à un chiffre, de considérer qu’ils ont une appréciation raisonnée des parcours alors que le plus souvent, ils jugent par rapport aux limitations de leur propre jeu. Un arbre ou un bunker trop souvent rencontré peuvent ainsi être éliminés sans autre réflexion.
De même, influencée par le jeu moderne et le souhait de montrer que le parcours sait rivaliser avec les meilleurs, la tentation est grande de rallonger le terrain ou de rajouter des bunkers, ce qui augmente les coûts de maintenance mais surtout décourage les golfeurs moyens. Quel dommage alors de s’attaquer aux courts par 4 ou par 5 qui peuvent être l’occasion d’une prise de risque amusante et d’un coup glorieux réussi !
Les ambitions peuvent aussi s’avérer esthétiques, comme ce fut le cas essentiellement aux États-Unis dans les années 60 puis dans le reste du monde. Relativement peu coûteux à installer, les arbres représentent une solution souvent évoquée pour « embellir » le tracé. Néanmoins, le risque est élevé de les voir bloquer certaines vues, de donner trop d’ombre au gazon, de ne pas paraitre à leur place et surtout de détériorer la stratégie initiale.
Objectifs : des parcours amusants et stratégiques
Tous les grands parcours ne doivent pas être nécessairement restaurés. Aussi, il convient de bien définir les objectifs pour réussir cette vaste entreprise qui doit avant tout rendre le parcours plus stratégique, moins pénalisant et donc plus amusant pour l’ensemble des golfeurs tout en maitrisant les coûts.
Il est de toute évidence souhaitable de faire appel à un architecte, le véritable expert de la profession. S’il existe, l’historien du Club va jouer un rôle clef dans les recherches conduites par l’architecte. Les photos aériennes et celles prises sur le terrain sous un angle golfique ainsi que les plans originels, même si ceux-ci ont dû évoluer lors de la création, permettent de préserver dans un premier temps ce qui existe et n’a jamais été modifié. Certaines nouvelles technologies telles que les mesures topographiques au laser peuvent offrir une plus grande précision, notamment de modélisation et de cartographie des greens ou encore l’usage récent d’une mini pelleteuse qui avec son godet articulé s’apparente au travail effectué autrefois par les chevaux avec leurs charrues.
Puis l’architecte pourra réinterpréter la vision disparue du dessin originel voire développer ses propres idées qui ajouteront de l’intérêt, s’il en possède le talent. Le tout, sans jamais perdre de vue l’importance du terrain qui doit le guider pour que le tracé se fonde dans son environnement et forme un ensemble cohérent. Bien entendu, l’entretien devra suivre et être en accord avec la philosophie architecturale restaurée.
A l’instar du golf du Lido qui verra le jour en 2023 dans l’état du Wisconsin, ce fantastique tracé de Long Island disparu après la seconde guerre mondiale et œuvre de l’architecte américain, C.B. Macdonald en 1917, poussera la restauration de parcours à son paroxysme. Grâce à un travail conséquent de recherche et l’aide de l’historien, Peter Flory qui sut exploiter judicieusement le jeu vidéo « The Golf Club », l’architecte Tom Doak, mandaté par les frères Keiser, va bénéficier d’une reconstitution virtuelle des images du parcours détruit ; véritable prouesse technologique et architecturale en perspective !
Préserver les chefs-d’œuvre de l’architecture
Préserver les chefs-d’œuvre de l’architecture devrait être une cause nationale. De nombreuses restaurations hasardeuses à travers l’histoire auraient pu être évitées si au lieu de toucher à des chefs-d’œuvre, le matériel pour les professionnels avait été changé… mais voilà encore un autre sujet !
Kristel Mourgue d'Algue, qui est-elle ?
Ancienne joueuse du circuit européen qu'elle a rejoint après avoir remporté le titre de championne universitaire américaine, Kristel Mourgue d'Algue est aujourd'hui copropriétaire du Grand Saint-Émilionnais Golf Club et consultante pour la chaîne Golf+.