Rareté parmi l’ensemble des golfs de la planète, les vrais links répondent à des critères bien précis et permettent une stratégie de jeu bien différente.
Le terme de « links » est probablement le plus galvaudé de la sphère golfique, essentiellement à des fins marketing. Il répond néanmoins à des critères très précis et ne s’applique donc pas à tous les parcours, loin de là ! On en dénombre en effet uniquement 247 dont 211 dans les Îles britanniques, sur les 35 000 golfs environ que compte la planète.
Des critères très précis
« A link » en anglais signifie « un lien. » Ici en l’occurrence, il s’agit du lien qui relie la terre à la mer et donc le terrain où la mer s’est retirée. Non cultivable, cette terre non arable formée à l’ère glaciaire fut ainsi utilisée par les premiers golfeurs. Le sous-sol y est sablonneux et drainant et rend les surfaces extrêmement rapides. Le vent maritime changeant, associé à la rare présence d’arbres renforce l’importance du vent. Les nombreux mouvements de terrain correspondent au climat, aux marées mais également aux animaux qui ont foulé le sol et l’ont ainsi façonné au fil du temps. On y retrouve certaines caractéristiques telles que les « pots bunkers » (cavités où les moutons s’abritaient du vent), les « railroad ties » (traverses de chemin de fer présentes dans les faces des bunkers pour limiter leur érosion), les « ditches et burns » (petits ruisseaux qui serpentent le long du tracé) ou encore les coups joués à « l’aveugle. »
À titre d’exemples, le célèbre parcours de Pebble Beach en Californie n’est pas un links mais un parcours de bord de mer alors que celui de la Mer au Touquet répond à l’ensemble de ces critères.
Une stratégie différente à adopter
Le jeu sur un links est différent de celui joué à l’intérieur des terres sur un sol meuble. Il fait appel à la créativité et à l’imagination des golfeurs qui doivent faire rouler la balle le long du sol (ou coup effectué en « bump and run ») pour éviter le vent mais également pour utiliser les mouvements de terrain et les contours des greens. En raison de la qualité du sous-sol sablonneux, les rebonds homogènes sont fermes et très rapides.
Le « lie » peut s’avérer aléatoire car l’herbe prédominante, la fétuque, plus fine, porte beaucoup moins la balle que l’agrostis rencontrée plus fréquemment en Europe continentale.
C’est un jeu diamétralement opposé à celui du « target golf » (ou golf cible) qui impose de porter la balle à une certaine distance sachant que celle-ci s’immobilisera très vite une fois sur le green. Un peu plus de réflexion est sans nul doute requise mais la récompense est grande de voir sa balle épouser les contours et finir près du trou !
Des parcours adaptés à tous types de golfeurs
Ce type de tracé permet aux joueurs de tous niveaux de faire rouler la balle jusqu’au green sans disposer d’une longue portée de balle et donc d’être plus accessibles. Ils donnent une chance de tirer le maximum de son jeu mais surtout de s’amuser tout au long du parcours tout en faisant appel à la palette la plus complète de son jeu. Il n’est d’ailleurs pas rare, voire encouragé, d’utiliser son putter ou un club hybride, lorsque l’on se trouve à plusieurs dizaines de mètres des greens afin de contrôler davantage la trajectoire de la balle.
En raison de ces conditions de jeu naturelles, fermes et aléatoires, combinées à l’omniprésence du vent, les fairways sont davantage accueillants en cas de vent latéral, les trous généralement moins longs en cas de vent contre et les greens sont rarement petits pour permettre à la balle de s’arrêter vent arrière, ni trop rapides en raison de leurs animations naturelles.
Le quintuple vainqueur de l’Open britannique, l’américain Tom Watson, est probablement celui qui résume le plus judicieusement la façon d’appréhender ces parcours : « il ne faut pas tenter de se battre contre les links mais plutôt chercher à les apprécier pleinement pour mieux les comprendre » (True Links).
Les links, des golfs dans l’ère du temps et le rêve de tout architecte
Si on utilise un raccourci, on peut presque dire que les links sont des parcours « minimalistes ». Ils ont en effet été modelés avec soin par Mère Nature et requièrent peu d’entretien. Ils vivent au rythme des saisons et changent volontiers de couleur pour le plus grand plaisir des golfeurs. Quoi qu’ils en soient pour sa beauté inhérente et ses qualités de jeu exceptionnelles, la découverte de cette terre promise demeure pour tout architecte le rêve de toute une vie !
Kristel Mourgue d'Algue, qui est-elle ?
Ancienne joueuse du circuit européen qu'elle a rejoint après avoir remporté le titre de championne universitaire américaine, Kristel Mourgue d'Algue est aujourd'hui copropriétaire du Grand Saint-Émilionnais Golf Club et consultante pour la chaîne Golf+.